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Album

29 janvier 2016 - Di Sab

Abbath

Abbath

LabelSeasons of Mist
styleBlack Metal
formatAlbum
paysNorvège
sortiejanvier 2016
La note de
Di Sab
3.5/10


Di Sab

Le metalleux de base aime bien cracher sur la téléréalité et sur les people, mais dès qu’il y a un peu de clashs ou quelques scandales au sein de la scène, il clique quand même de manière un peu coupable sur les articles qui relatent les faits. Pour se renseigner, qu’il dit. Et l’année dernière, il fut servi entre les guignols de Solstafir et Immortal. Si vous n’avez pas suivi cette affaire en détails et que cela vous intéresse, sachez que Radio Metal raconte cela beaucoup mieux que nous, je vous invite à vous y reporter. Retenez juste qu’Abbath a essayé de faire déposer la marque Immortal à son nom, sans en avertir ses petits camarades, qu’il n’a pas réussi, la justice ayant donné raison aux dits petits camarades (Demonaz et Horgh en l’occurrence). Vous parsemez le tout d’accusations diverses et de sales déballages, et hop, Abbath, déchu de ses droits, fonde un groupe éponyme avec King ov Hell (ex Gorgoroth/God Seed/Ov Hell  entres autres) et Créature aka Kevin Foley (futur-ex Benighted). Histoire de finir de contextualiser, il serait bon de rappeler qu’Immortal n’a pas donné de bons concerts depuis 2012 (au Motocultor, c’était tout bonnement une purge) et que la prestation d’Abbath au Fall Of Summer fut apparemment catastrophique. Autant dire qu’on partait déjà avec quelques appréhensions.

Et à partir de là, c’est formidable. Parce que, quoi que l’on pense de la discographie du chanteur/guitariste norvégien, on ne peut pas trouver cet album vraiment réussi. En effet, si tu es fan de la première période d’Immortal, tu l’as dans l’os, parce que, forcément, cela n’a rien à voir, et si tu es plus branché Immortal  post 2000/I,  tu retrouveras les éléments que tu aimes, mais en moins bien.

En fait, cet album est simplement, une succession de mauvais choix : la musique d’Immortal était versatile, et  ici, Abbath a choisi de mettre l’accent sur les titres « directs » : une durée moyenne de 5 minutes, des riffs rapides, une structure assez simple. Ce n’est pas là où ils excellaient le plus à mon sens (surtout lors des derniers albums). Néanmoins, ceux qui ont préféré Sons of Nothern Darkness à All Shall Fall auraient eu de quoi se réjouir si, d'une part, les riffs avaient été plus inspirés et plus mémorables et si, d’autre part ,Abbath n’avait pas abusé de sa pédale d’effets. Là où la froide précision du son d’All Shall Fall ou même de celui de Between Two Worlds était un point fort incontestable de ces albums, Abbath (ici, le disque), est noyé sous un phaser qui rend les plans les plus rapides brouillons. Tant qu’on parle d’effets, les cuivres qui soulignent le refrain d’Ashes of the Damned sont…pour le moins osés. Par ailleurs, la tracklist n’est, à mon sens, pas judicieuse : To War étant un des morceaux les plus faibles de l’album, cela fait mauvais genre de le placer en titre d’ouverture. De la même manière, le blast d’Eternal  succède désagréablement au mid-tempo Root of the Mountain. Et enfin, l’édition bonus propose un réenregistrement de Nebular Ravens Winter (originellement sur Blizzard Beast), choix difficilement compréhensible d’un point de vue artistique, le son de Blizzard Beasts n’étant pas si mauvais, et la musique d’Abbath n’a actuellement plus grand-chose à voir avec l’Immortal de Blizzard Beasts. Clin d’œil (à but non lucratif, bien évidemment) aux fans de la première heure ?

Tachons néanmoins de ravaler notre bile. Cet album n’est pas dépourvu de toutes qualités, mais justement, ses fulgurances mettent en relief la platitude de l’ensemble. Winter Bane, par exemple, est diablement efficace et catchy tandis que Root of the Mountain renoue avec la tradition épique, malheureusement trop peu présente dans cet album. Notons également la bonne reprise de Priest, Ridding on the Wind, exercice difficile qu’Abbath réussit en s’appropriant le titre et en étant beaucoup moins dans le mimesis que lorsqu’il officie au sein de son cover-band Bömbers. Enfin nous tirons notre chapeau à Kevin Foley. Sans chauvinisme aucun, sa performance est remarquable. Il en est de même pour King ov Hell, qu’on entend très bien. Quant à Abbath, ses vocaux s’avèrent être bons.

Malheureusement, le talent du trio et les quelques bonnes pistes ne sauvent pas cet album au terme duquel, rien ne ressort. En ce moment, entre les très bons Agoraphobic Nosebleed, Oranssi Pazuzu et Conan, vous n’avez pas de temps à perdre avec Abbath. Espérons que l’album d’Immortal, qui sortira cette année via Nuclear Blast sera plus inspiré et que la destinée d’Olve Eikemo ne s’apparentera pas à celle d’un désormais autoparodique Max Cavalera. 

Tracklist:
1. To War!
2. Winterbane
3. Ashes Of The Damned
4. Ocean Of Wounds
5. Count The Dead
6. Fenrir Hunts
7. Root Of The Mountain
8. Endless
9 Riding On The Wind (Judas Priest cover)
10. Nebular Ravens Winter (bonus track)