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Album

28 décembre 2024 - S.A.D.E

LaColpa

In Absentia Lucis

LabelBrucia Records
styleBlackened Noisy Sludge
formatAlbum
paysItalie
sortiedécembre 2024
La note de
S.A.D.E
8.5/10


S.A.D.E

Chroniqueur doom, black, postcore, stoner, death, indus, expérimental et avant-garde. Podcast : Apocalypse

L'année 2024 touche à sa fin et on peut dire sans conteste qu'il s'agit d'un bon millésime, et ce dans nombre de sous-genres. Jusque dans les dernières sorties très underground de l'année, il y a de quoi récupérer quelques pépites, avec comme exemple ce troisième album des Italiens de LaColpa (littéralement, La Faute). Si les deux albums déjà sortis donnaient à voir un groupe capable de produire des expérimentations intéressantes, les Italiens ont depuis quelque peu retouché leur formule pour un résultat toujours aussi exigeant mais mieux construit et plus digeste.

Aux confluences du sludge, du black metal et de la noise, la musique de LaColpa est à ranger dans la catégorie des sons éprouvants. Un peu trop éprouvant sur les deux premiers albums en ce qui me concerne (albums rattrapés pour les besoins de cette chronique) : remplies de plein d'idées et de trouvailles, Mea Maxima Culpa et Post Tenebras Lux partaient un peu dans tous les sens, avec des compositions inutilement alambiquées et labyritnhiques. In Absentia Lucis garde la richesse (et l'épaisseur) sonore et l'aspect expérimental mais en suivant une ligne plus claire et en proposant des titres mieux structurés. Rien qu'avec les premières minutes de « Our Vast Loneliness », qui ouvre l'album, on perçoit déjà un groupe qui a bien mieux compris des notions comme la rupture ou le climax. Après un court cheminement dans des sons informes et dérangeants, une première explosion prend l'auditeur à la gorge et dévoile tout le gain de puissance dont a fait preuve LaColpa. Pour donner une idée du son auquel ont abouti les Italiens, imaginez que Thou aurait mangé The Body en l'assaisonnant de black metal. Autre moyen de poser l'équation : son massif + bruits sythétiques + mélodies froides en tremolo picking. Je vous accorde que, présentée comme ça, la musique de LaColpa peut avoir l'air tout à fait indigeste et inaudible, et pourtant, le talent du groupe permet de trouver un équilibre juste dans la saturation multi-couche.

Je ne dirai pas qu'In Absentia Lucis pourra se retrouver dans les playlists de réveillon de tout un chacun (euphémisme) mais que, avec ce cahier des charges où le bruit le dispute au volume, il faut une sacrée dose de maîtrise pour obtenir un résultat qui ne soit pas une bouillie sans nom. Par rapport à leurs précédents opus, les compositions de ce troisième album ont une direction claire là où auparavant on était un peu spectateur d'un tracé sans but ni logique. A ces compositions plus compréhensibles s'ajoute ce son si particulier : la guitare et la basse sont massives et rugueuses, et par-dessus cette tambouille déjà très dense, s'ajoute une couche de grésillements et de sonorités saturées dont on pourrait craindre qu'elle rende le tout illisible. Et pourtant, ça fonctionne. Alors oui, le bordel est constant (d'autant plus qu'il est renforcé par un jeu de batterie imprévisible) mais il n'est pas inintelligible. Et LaColpa a la bonne idée de nous laisser quelques temps de respiration après de longues apnées dans la saturation totale, avec notamment le titre « Nothing Is True » qui allège la masse sonore pour un repos bienvenu.

En donnant davantage de cohérence et de cohésion à sa musique, LaColpa parvient à surpasser ses sorties précédentes sans renier son approche sonore sans concession. En fusionnant sludge, noise et black metal, le quintet italien sort un album massif et impressionant, presque terrifiant de puissance par moment. Un album à la noirceur dépeinte sur sa pochette et qui séduira les curieux et curieuses de voyage musicaux hantés.

Tracklist de In Absentia Lucis :
1.Our vast Loneliness
2.Lords of Nothingness
3.Nothing Is True
4.Where God Lives