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Série Noire #17 : Sordide, Yoth Iria, Agrypnie, Modern Rites, Gravekvlt, Serpent Column...

mardi 19 novembre 2024
Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

It's beginning to look a lot like... L'hiver, les nuits froides et longues, et donc l'heure idéale pour vous plonger dans des riffs froids et des vocaux glacés, comme on dit dans les hautes sphères du journalisme metal.

Ca tombe bien, c'est aussi l'heure de notre sélection des sorties black metal nous ayant le plus marqué depuis la fin de l'été. Au programme, comme toujours, de la variété, de l'atmosphérique au black le plus agressif et chaotique possible.

Groupes évoqués : Black Birch | Sordide | Ploughshare | Askeesi | Serpent ColumnGravekvlt | Yoth IriaModern RitesAgrypnie | Thyraten

 

Black Birch – Black Birch
Black atmosphérique un peu hardcore  – Suède (Indépendant)

Dolorès : Je n'ai même plus souvenir de comment je suis tombée sur Black Birch. Toujours est-il que le duo suédois sortait, fin août, son premier album et que celui-ci m'a assez agrippé l'oreille pour que j'en parle aujourd'hui. Le couple propose un black presque atmosphérique, très moderne, assez évidemment marqué par les sphères d'où les membres proviennent. On le devine au grain du chant, à certains patterns de batterie et à une aura singulière qui se dégage de l'album, des impressions que viennent confirmer quelques photos de live : les deux membres viennent bien du milieu punk hardcore. Ça n'empêche pas le projet de sonner quelquefois sensible en plus d'être percutant ! Cela dit, l'album semble être une compilation de titres issus de leur premier EP et de nouveaux singles, ce qui lui donne un côté parfois un peu décousu et surtout assez redondant avec 1h06 de durée et 12 titres, dont quelques uns bien assez longs. Cependant, l'opus ne manque jamais de bonnes idées. Au fil des écoutes, je continue de me dire que telle ou telle partie me marque particulièrement tant les évolutions et les instants inattendus sont constants et bien dosés.

 

Sordide – Ainsi finit le jour
Black metal rouge – France (Les Acteurs de l'Ombre)

Dolorès : Vous êtes peut-être tombé(e)s sur ma chronique de l'album précédent de Sordide, Les Idées blanches, que j'avais personnellement adoré. Il a vraiment bien tourné lors de contextes pas toujours très roses, tout comme lors de périodes plus calmes, c'est pourquoi j'avais très hâte de découvrir Ainsi finit le jour, trois ans après.

Le seul reproche que je pourrais faire à ce nouvel album est une remarque qui fait écho à ma critique précédente de Black Birch. Il y a des albums qui méritent pour moi de dépasser les 45 ou 50 minutes mais les styles de black très rentre-dedans n'en font, pour moi, pas partie. Une fois passés les hymnes uptempo que sont « Nos cendres et nos râles », « Banlieues rouges », « La poésie du caniveau » ou l'un de mes petits favoris « Le cambouis et le carmin »... L'attention n'est plus la même pour les derniers titres, malheureusement, après « Ainsi finit le jour », alors même que les deux titres qui restent sont autant qualitatifs. En tout cas, on est clairement sur la même énergie que Les Idées blanches, alors si celui-ci vous a plu, il est sûr que Ainsi finit le jour saura satisfaire des pulsions d'ébullition à nouveau.

Ploughshare – Second Wound
Black/death metal chaotique – Australie (I, Voidhanger Records)

S.A.D.E : C'est avec leur signature chez I, Voidhanger Records et la sortie de leur troisième album que je découvre Ploughshare, et les Australiens ont immédiatement planté une flèche dans mon petit coeur plein d'entrain pour le bordel sonore. A la frontière du black et du death, Ploughshare était décrit comme proche d'Imperial Triumphant ou Portal dans le dossier promotionnel. Si le rapprochement avec ces deux groupes peut totalement se justifier, j'en ajouterai un troisième qui me semble peut-être avoir encore une plus grand proximité : Ephel Duath. Avec ce petit name-dropping, vous aurez compris que Ploughshare travaille dans cette nébuleuse de groupes qui vont chercher à rapprocher le metal le plus extrême du jazz et de son caractère imprévisible. Le jeu de basse du combo australien est à ce petit jeu exemplaire, s'amusant à se frayer un chemin tortueux entre les assauts de la guitare, habillant de lignes tout à fait innattendues un riffing aiguisé et nerveux. Un double chant growl/croassement renforce encore l'aspect fou de la musique, pendant que côté rythmique, le batteur nous sèche avec des blasts bien sentis tout en apportant des touches jazzys du meilleur effet.

A la fois chaotique et très lisible (bien plus qu'Imperial Triumphant et Portal), Second Wound s'écoute relativement facilement pour le style pratiqué. Cela, d'une part, grâce à un production fine et précise, saturée mais pas surchargée. D'autre part, à la manière d'Ephel Duath, Ploughshare joue bon nombre de ses riffs dans un registre relativement aigu ce qui rend le tout plus digeste qu'un marécage à la Portal. Néanmoins, il ne faut pas perdre de vue qu'on reste dans un registre musical sans concession et que le groupe déploie son art sur de longues plages aux structures alambiquées et laisse assez peu de temps pour reprendre sa respiration. Pour les auditeurs et auditrices non-initiés au genre, un peu d'eau sur la nuque avant de plonger ne fera pas de mal, même s'il est possible que Ploughshare soit une des portes d'entrée les plus accessibles dans ces profondeurs de l'extrême.

 

Askeesi – The Root Of A Sacred Tree
Black metal atmosphérique – Géorgie (Autoproduit)

Malice :  Avant d'assister à un concert de black metal dans une obscure salle de la banlieue de Tbilissi (dont vous pouvez lire le récit ici), je ne connaissais absolument aucun groupe de black metal – ni d'autre style d'ailleurs – géorgien. J'y avais découvert Askeesi et si, en live, la présence du groupe était assez fascinante, je trouvais cela moins convaincant sur album.

Mais avec The Roots Of A Sacred Tree, Askeesi passe un palier assez impressionnant. On ne va pas vraiment dire que le groupe trouve sa voie, car les influences du groupe de Beka Gachava sont évidentes dès le somptueux « Castle of Despair » qui ouvre l'album : la mélancolie d'un Drudkh n'est jamais loin. À l'instar des Ukrainiens, Askeesi n'a pas besoin d'agrémenter son black metal atmosphérique de beaucoup d'éléments folkloriques pour nous plonger dans son univers, notamment avec un titre intégralement chanté en géorgien « სადღაც აქვეა სიკვდილი (Death Is Somewhere Here) ». Les ambiances s'installent via de longues plages – parfois un poil trop – et le chant de Gvantsa Giorgadze se permet parfois quelques incursions plus gutturales qui, couplées, à un accordage assez bas, rappellent que le duo derrière Askeesi est également derrière un projet plus moderne et alternatif, Deadsec. Les harmonies et atmosphères du magistral « Saint Askeesi », pièce centrale de l'album, ont même un côté un peu death-doom qui n'est pas pour me déplaire. Bref : jetez une oreille à The Roots Of A Sacred Tree, qui surnage clairement dans un style actuellement très peu inspiré.

Serpent Column – Tassel of Ares
Black metal chaotique / avant-gardiste – USA (Indépendant)

Circé :Serpent Column, one man band américain, était toujours resté discret depuis sa création en 2015, alors qu'on voyait fleurir bon nombre de projets nord-américains dans la même veine tels que Spirit Possession, Thantifaxath ou même Krallice. Pourtant, le projet avait tout de même marqué son temps dans l'underground avec trois opus au son aussi flou et déconcertant que ses artworks, avant de s'éteindre en 2020. Mais voici que depuis les tréfonds des grésillements lo-fi, des abîmes de la dissonance et des riffs chaotiques, émerge à nouveau Serpent Column avec un nouvel opus, toujours basé sur la mythologie grecque.

L'écoute est courte (38mn) et se concentre sur quatre pistes, et cela en fait peut être l'un des albums les plus « accessibles » du groupe. Bien que le premier morceau démarre de manière frontale et chaotique, chavirant bientôt dans une avalanche de riffs et de changements de signature soudains, les deux morceaux principaux permettent de mieux développer les différentes idées et passages sur la longueur, de mieux travailler la progression de la musique. Ces deux pistes centrales de 11 et 17 minutes laissent d'ailleurs plus de place que jamais dans la musique du one man band à des passages introspectifs, plus posés, desquels émergents d'étranges mélodies. Avant de repartir sur un tempo saccadé couplé de riffs nerveux, aggressifs et désordonnés desquels s'échappent quelques hurlements. Cette approche plus progressive permet d'ailleurs de mieux construire l'atmosphère et d'y plonger l'auditeur, petit à petit. C'est une longue descente vers des terres inhospitalières et lugubres, où la seule lumière sont ces quelques leads mélodiques chargés d'un certain spleen, qui permet de redonner un peu d'humanité à la musique. Morceaux labyrinthiques et complexes plein de surprises, on se laisse pourtant facilement happer par la musique, dans l'attente anxieuse de la prochaine aggression soudaine, de la prochaine explosion dissonante. Ce qu'on en retient pourtant, à la fin de l'écoute, est plutôt un profond sentiment de mélancolie amené par les leads mélodiques.
Bref, Serpent Column signe un retour fort réussi, fidèle au son de ses précédents albums tout en marquant une claire évolution vers une musique toujours plus complexe et réfléchie. On est ici loin de la pure surenchère de chaos bruitiste, comme on peut avoir l'impression de l'entendre chez certains groupes.

 

 

Gravekvlt – Full Moon Fever
Black'n'roll – France (Indépendant)

Matthias : Après des années à suffoquer dans les vapeurs d'encens, la flopée de groupe venue le pied au plancher pour asséner un black metal furieux par rafale de moins de trois minutes est vraiment salutaire. Et au sein de cette nouvelle vague qui vient tout casser entre black'n'roll et speed enrichi punk à haut indice d'octane, les Nantais de Gravekvlt s'étaient taillé un nom avec un premier album éponyme sorti l'année passée. 26 minutes de fureur inspirée de films d'horreur vintage, et avec la moustache de rigueur, s'il vous plaît.

Les revoici déjà avec un second opus, qui joue à nouveau la carte du cinéma horrifique vintage. Sauf qu'à soigner ses ambiances lugubres et ses rires dans la nuit, Full Moon Fever néglige quelque peu ce qui faisait le sel de l'opus précédent : l'énergie. Attention, Gravekvlt n'a pas non plus totalement changé de cap, mais la profusion de petits effets, de ralentissements de tempos et de notes de claviers finit par atténuer la puissance d'impact de l'ensemble. Je pense que c'est là plus un problème de production que de composition ; les lignes de guitares sonnent juste, mais à force de les enrichir de sonorités gothisantes, elles perdent tout ce qu'elles avaient en punk. Un problème de mixage qui népargne pas non plus le chant d'Intoxicator, qui semble se perdre, jusqu'à le rendre difficilement compréhensible - un souci qui n'était pas présent sur l'album précédent, mais d'autant plus difficile à ignorer que Gravekvlt est le genre de groupe sur lequel on a envie de saisir les refrains pour les beugler en brandissant le poing.

La seconde moitié de l'album reprend quand même une dose de sucre, avec un « Frozen Grave » qui dépote, et surtout un « Midnight Blasphemy » qui « Ugh ! » bien comme il faut. « Hexanguination (Anaemic Dreams and Silver Blades) » réveillera également les morts en live, et c'est sans doute dans la fosse que je redécouvrirai certains morceaux sous un autre crépuscule.

 

 

Yoth Iria – Blazing Inferno
Black metal – Grèce (Edged Circle Productions)

Matthias : Dans un monde où Rotting Christ ne sort plus d'albums intéressants, d'autres groupes continuent à faire vivre le flambeau du black metal hellénique et à pratiquer ses sonorités si reconnaissables. Et dans le cas de ce second album de Yoth Iria, j'entends par là tous les petits éléments qui ont fait le succès de la scène grecque des années 90 au début de la décennie 2000. Les instruments traditionnels méditerranéens sur « But Fear Not », les riffs aériens sur « In the Tongue of Birds », la cornemuse de berger d'Etolie sur « Rites of Blood and Ice »,... Tout y est, en fait, et si vous êtes familier de la scène du pays, vous pourriez presque jouer au bingo. Attention, l'ensemble est soigné et il n'y a pas de temps mort, mais aucun morceau ne dénote véritablement non plus jusqu'à pouvoir être qualifié de pierre angulaire de l'album, ce qui fait l'écoute, agréable, n'en reste pas moins peu mémorable. On a affaire là à un traité de démonologie qui mérite d'être découvert, mais qui n'apporte pas non plus grand-chose au lore existant, dirons-nous.

Blazing Inferno est un album sympa, bien composé, mais aussi très peu original. Moins peut-être que le précédent, As the Flame Withers, qui s'inscrivait déjà dans une démarche de worship assumé des racines de la scène hellénique satanisante (par opposition aux groupes inspirés par la mythologie comme Kawir), entre les deux piliers que sont Rotting Christ et Varathron. Bien sûr, Jim Mutilator reste parfaitement légitime dans cette tâche, vu qu'il a officié sous les deux bannières. Mais comme il a recueilli du sang neuf pour ce nouvel opus (on notera l'absence de The Magus par contre), dont des jeunes gens qui auraient pu apporter d'autres références. Avec l'arrivée au chant du russe Rustam Shakirzyanov, ainsi que du guitariste Nick Perlepe qui est aussi crédité à l'écriture des morceaux, je me suis surpris à attendre autre chose, mais non. Reste un album de black mélodique sympathique.

 

Modern Rites – Endless
Black metal – Suisse/USA (Debemur Morti Productions)

ZSK : Si vous êtes un suiveur assidu des sorties de Debemur Morti, vous n’avez probablement pas manqué les albums d’Aara, qui en est tout de même à un disque par an depuis 2019 (!). Et Berg, la tête pensante du groupe suisse, n’a pas l’intention de se contenter de ça et c’est ainsi - outre l’occulte Taubrą - qu’il tient un autre projet, Modern Rites, en collaboration avec le musicien américain de Kuyashii Jonny « Archytekt » Warren, qui avait déjà signé les intros des albums Triade d’Aara. Après un premier album Monuments sorti en 2021 qui ne m’avait pas frappé, voici trois ans après - une éternité pour Berg ou ici Katalyst - un Endless bien plus alléchant.

Si Modern Rites est plus ou moins présenté comme « black indus », Monuments était tout de même assez cru et rigoriste. Endless fait un sacré bond en avant et Modern Rites en devient assez… moderne. Black metal assez propre et inclassable, la musique proposée oscille entre compos froides mais percutantes et des trémolos qui prennent parfois une tournure assez épique (accompagnés d’un chant éraillé mais rocailleux plutôt prenant). Ce qu’on constate d’ailleurs dès le parfait morceau-titre d’ouverture, après son « Prelude » qui nous met dans l’ambiance, assez singulière, du projet suisso-américain. Le duo est fortement inspiré et cela va nous conduire vers une quarantaine de minutes d’un black metal qui sort des sentiers battus.

Endless ne sera toujours pas un réel album de « black indus » mais des rythmiques assez typiques affleurent ici et là (« Lost Lineage » notamment), de même qu’une certaine atmosphère (l’excellent « Becoming », peut-être la piste la plus marquante de l’album). Modern Rites embrasse donc la voie d’un black metal relativement moderne qui ne s’interdit rien même si la tradition reste quelque part au fond, avec comme point d’orgue le formidable « For Nothing ». Le très enlevé « Autonomy » puis le final plus occulte et légèrement dissonant qu’est « Philosophenweg » concluent cet album intéressant, accusant certes quelques baisses de tension, mais l’ensemble est prometteur. Et comme la partie suisse s’est montrée productive, il n’y aura peut-être pas beaucoup à attendre…

 

Agrypnie – Erg
Black metal atmosphérique – Allemagne (AOP Records)

ZSK : Référence en termes de black atmo allemand au début des années 2010 (16[485] (2010), Ætas Cineris (2013)…), Agrypnie continue discrètement son chemin, avec des sorties parcimonieuses. Si Grenzgænger (2018) lui avait permis de maintenir sa forme après un break important et un line-up totalement remanié, Metamorphosis (2021) avait vu Agrypnie marquer un peu le pas malgré des grands moments (cet exceptionnel « Verwüstung »…). Le voilà « déjà » de retour avec Erg, un septième album qui entérine sa présence dans le catalogue d’AOP Records.

Si Metamorphosis semblait promettre un peu d’évolution, Erg va plutôt reprendre la route prise par Grenzgænger, avec un black atmo plus décharné que jamais. On retrouve donc ce black atmo typiquement allemand très rêche, mais toujours relevé par des explosions épiques très gracieuses, jalonnant un background mélodique quasi constant. Cependant Torsten n’a pas retrouvé sa voix d’antan et livre des lignes vocales à nouveau très éraillées (fatiguées ?) tout du long des 54 minutes d’Erg… ça a son charme, mais heureusement qu’il est ici et là aidé par quelques invités (sG de Secrets Of The Moon, P.G. de Groza, Hupogrammos de Dordeduh).

Ceci étant, Erg est-il meilleur que Metamorphosis, qui connaissait de francs passages à vide ? Il est difficile d’y répondre tant Erg est un album monolithique, typique de ce qu’a toujours fait Agrypnie mais à part dans son propre registre. Erg en devient assez linéaire, avare en tubes (pas de « Verwüstung » ou de « Grenzgænger » ici) et même en dynamisme, mais paradoxalement… gagne en intensité car Erg est quand même constamment à fleur de peau et les passages les plus épiques n’en sont que plus libérateurs. On aurait au moins aimé plus de moments forts (« Meer ohne Wasser » par exemple), on est donc encore loin d’un 16[485] mais Agrypnie est toujours un nom qui compte dans la scène allemande… même s’il se dilue un peu dans le roster d’AOP tel un Firtan.

 

Thyrathen – Lakonic
Black metal hellénique – Grèce (Floga Records) 

Malice : C'est assez incroyable, mais le premier album de Thyrathen était passé sous mon radar alors que j'attends désespérément un nouveau Macabre Omen depuis que j'en ai découvert, époustouflé, le Gods Of War – At War. Or, Thyrathen est le nouveau projet d'Alexandros, tête pensante de Macabre Omen... en duo avec Stefan Necroabyssious de Varathron avec qui il partage le micro, rien que ça. Et ce second album du projet, Lakonic, est une véritable merveille, qui reprend là où Macabre Omen s'était arrêté : un black épique, par moments teinté d'instruments folkloriques (« De Rerum Naturae ») mais surtout bourré de personnalité porté par la voix déchirante d'Alexandros, qui sert des compositions absolument passionnantes de bout en bout.

Mais à cette patte nette s'ajoute celle de Necroabyssious, qui rapproche Thyrathen de la scène grecque un peu plus classique : des moments parfois plus roots, parfois plus rapides, qui font aussi en quelque sorte de ce Lakonic l'album que Rotting Christ n'arrive plus à sortir depuis environ 10 ans. Pendant que Sakis et sa troupe vivent leur traversée du Tartare, Thyrathen prend place au panthéon, se permettant même de conclure Lakonic sur un véritable récit épique et émouvant (« Scales & Sword (The Fall of Justice) » digne des meilleures épopées. Si Macabre Omen ne devait jamais vraiment revenir d'entre les morts, Thyrathen est bien mieux qu'un lot de consolation !

 

Également dans le radar de la Série Noire :

  • Ershetu : projet porté par Vindsval de Blut Aus Nord, Ershetu a sorti son second album chez Debemur Morti. Avec un emballage conceptuel japonisant, le groupe propose un black metal assez conventionnel et loin des expérimentations de BAN, sans avoir à palir pour autant.
  • Auriferous Flame : nouvelle sortie pour Auriferous Flame, un des multiples projets de Ayloss (Spectral Lore, Mystras...). Comme pour les précédents albums, ça va à fond la caisse tout le temps. Un peu ronflant par moments mais pas dénué d'intérêt.
  • Il y a encore des nostalgiques de Negură Bunget ? Sur Austru, qui se partage leur héritage, a sorti un troisième album Datura Străhiarelor qui surfe encore dessus, même s'il n'atteint pas la grâce de Meteahna Timpurilor et Obârșie.
  • Tel Waning avant lui, Ov Shadows arrête ses activités, avec un troisième album nommé Heresiarch. Dans la lignée du black metal froid de The Darkness Between Stars et I Djävulens Avbild, sans perdre en intensité. Une belle conclusion, avant de trop tourner en rond.
  • Vous avez été (comme beaucoup) déçu du retour de Darkspace ? De toute façon vous préférez la forêt à l'espace ? Paysage d'Hiver a sorti Die Berge, son « troisième » album, et le moins qu'on puisse dire c'est qu'il accompagne bien le retour des températures fraîches...
  • Une dose de black metal polonais, ça ne se refuse jamais : Odium Humani Generis a sorti un album qui mélange parfaitement les différences facettes de la scène, entre un black rageux et puissant et ce côté crépusculaire, quasi post-punk, que présentait déjà l'excellent Hauntologist en début d'année. Immanquable pour les amoureux du pays !