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Album

17 juin 2024 - Pingouin

Ulcerate

Cutting the Throat of God

LabelDebemur Morti Productions
styleDeath metal avant-gardiste
formatAlbum
paysNouvelle-Zélande
sortiejuin 2024
La note de
Pingouin
7.5/10


Pingouin

Death metal et science-fiction : une oreille dans les étoiles, une autre dans les enfers.

Actif depuis plus de vingt ans, Ulcerate est un groupe qui s'avère de plus en plus déroutant. Vingt ans à peaufiner un death metal dissonant, parfois déstructuré, souvent tourmenté, toujours créatif et innovant. Et même si les deux derniers albums des Néo-Zélandais contiennent certaines de leurs compositions les plus accessibles, ce sont des œuvres alambiquées et pleines de nuances. Cutting the Throat of God, sorti le 14 juin chez Debemur Morti, ne fait pas exception à cette règle. Le septième opus d'Ulcerate est une nouvelle réussite artistique, et logiquement un nouveau succès critique.

Le dissodeath avant-gardiste du trio d'Auckland ferait sûrement grincer pas mal d'oreilles s'il était signé d'un autre groupe. Mais les Néo-Zélandais jouent sur la répétition de leurs riffs, qui agissent comme des mantras à travers tout l'album. Et puis ils ont toujours l'art de nous tenir aux aguets. On attend impatiemment la prochaine rupture de rythme, l'arpège d'après, le coup de génie qui nous est promis. En 2013 Vermis avait pris tout le monde de court, monument d'intensité avant-gardiste. Depuis, et aujourd'hui plus que jamais, le groupe assume une influence progressive (un peu comme Gojira) et un goût de plus en plus prononcé pour la mélodie, flagrant sur «Further Opening the Wounds ».

Et puis en même temps, Ulcerate a son petit confort, en témoigne le premier single de l'album, « To Flow Through Ashen Hearts » : un lick de guitare lancinant, des descentes de tom à intervalles régulières, et toujours ce growl caractéristique du bassiste-chanteur Paul Kelland. Une recette éprouvée, qui n'aurait pas juré du tout sur Shrines of Paralysis (2016), et dont on commence à apercevoir les ficelles.

Cela dit, inutile de s'inquiéter. Sur cet album comme sur tous les précédents, le trio agite avec sa musique un voile de velours noir, à la fois sombre et plein de nuances et de reflets. L'effet Ulcerate agit toujours, et nous plonge dans des méandres infernaux (« To See Death Just Once »). Stare Into Death and be Still (2020) avait pour sujets majeurs des traumas personnels du chanteur. Ici, on a visiblement plutôt affaire à un nihilisme death metal plus standard : comme souvent avec Ulcerate, on reste dans l'énigmatique et l'ésotérique. L'oubli et l'abandon dans la mort sont des thèmes qui confinent souvent au cliché : le trio évite cet écueil avec des paroles cryptiques, mais incarnées (« Undying as an Apparition »).

Il est vrai que l'album dure près d'une heure, que c'est long, et donc peut-être pas la porte d'entrée la plus facile pour un groupe si important. Mais de toute façon sa discographie entière est comme ça : peu accessible, technique et ambitieuse (à la limite si vous voulez juste écouter du death metal de très haute volée, les premières démos sont très bien). Mais ce qu'est devenu l'art d'Ulcerate aujourd'hui est à l'image de la pochette de ce dernier album : protéiforme, peu lisible, mais fascinante et pleine d'émotions.

Tracklist :

1. To Flow Through Ashen Hearts
2. The Dawn is Hollow
3. Further Opening the Wounds
4. Transfiguration in and Out
5. To See Death Just Once
6. Undying as an Apparition
7. Cutting the Throat of God

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