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Album

07 juin 2024 - Matthias

Rotting Christ

Pro Xristou

LabelSeason of Mist
styleBlack Metal/Gothic Metal
formatAlbum
paysGrèce
sortiemai 2024
La note de
Matthias
4/10


Matthias

Punkach' renégat hellénophile.

Qu'est-ce que j'ai pu poncer Rotting Christ ! Je n'en ai jamais fait mystère, ce sont les vétérans de la scène grecque qui m'ont initié à des sonorités plus extrêmes en général, et au black metal en particulier. Une chapelle avec laquelle le groupe des frères Tolis a pris toutefois ses distances, ce qui n'est pas forcément une mauvaise chose. Si l'album Rituals de 2016 était fort déroutant, avec ses thèmes mystiques qui partaient dans tous les sens et dans toutes les langues, il a su nous offrir d'excellents morceaux en live. A suivi un The Heretics pas exactement mémorable, certes, mais qui restait encore bien construit, et c'était bien le droit de Sakis Tolis d'explorer une orientation plus mélodique.

Sauf que dès les premières notes de ce Pro Xristou, il faut bien se rendre à l'évidence : on nous sert là des ingrédients déjà connus, probablement cuits dans la même casserole que la dernière fois, et sans avoir changé les assiettes entre-temps. Que le riff du morceau-titre rappelle un peu trop « In Yumen/Xibalba » n'est pas très grave, c'est déjà une vieille composition et de toute façon « Προ Χριστου » sert juste d'intro et n'atteint pas la minute et demie. Mais dès la piste suivante, « The Apostate », on retrouve le même riff de guitare et les mêmes envolées aériennes que sur les pistes de The Heretics. Pareil pour les chœurs monastiques que Sakis semble tant apprécier : ce sont les mêmes psaumes, les mêmes voix. Et ce souci de redondance revient plusieurs fois dans l'album ! On entend note pour note les mêmes sonorités dans « Pyx Lax Dax », et dans une moindre mesure sur « The Sixth Day ». Ce qui sape tout sentiment positif que pourraient inciter les quelques morceaux qui parviennent à rester en tête. Comme un « Like Father, Like Son » au refrain un peu simpliste, mais efficace – le thème de la filiation a l'air cher aux musiciens grecs, et on sent qu'ils y mettent leurs tripes.

Le problème, c'est que si le cœur y est encore, le coffre, lui, n'y est plus. Alors que le chant féminin crée un sursaut sur « La lettra del Diavolo » - Androniki Skoula est une banshee de talent présente sur de nombreux albums de metal grecs - il souligne finalement à quel point Sakis n'a plus de voix. Et puis reviennent, encore une fois, ces sempiternels alléluias.

Ça ne sert à rien de tourner autour du pot : avec Pro Xristou, j'ai plus que l'impression que Rotting Christ ne nous sort que des chutes de studio de The Heretics, à deux ou trois exceptions près. Et les transitions coupées à la hache entre chaque morceau n'en sont qu'un indice de plus. Alors, ça n'est pas un drame ; en 35 ans, Rotting Christ nous a offert une flopée d'albums, certains excellents, d'autres plus oubliables. Le groupe grec reste phénoménal en live, et à titre personnel, si l'inspiration n'est plus là, tant pis. Prenez du temps pour vous, continuez à vous impliquer dans des projets parallèles, et on se retrouvera de toute façon à invoquer « The Forest of N'Gai » et des dizaines d'autres morceaux qui ont fait germer ma culture metal.

 

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