Mes 16 ans en 10 albums : l'année 2004 de Michaël
lundi 6 mai 2024Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Comme tout avocat d'affaires qui se respecte, je suis profondément narcissique ; donc, forcément, une rubrique qui me permet de parler de moi, de moi et encore de moi, c'est une aubaine. Plus sérieusement, l'entreprise d'un article qui retrace les albums ayant marqué une année importante de ma vie a été plus délicate qu'il n'y parait.
Délicate tout d'abord par le choix de l'année, car la période 2002-2006 a été conséquente dans mon développement personnel et celui de mes goûts musicaux. J'aurais pu choisir 2003, qui a été très intense (Swampsong de Kalmah, Hatecrew Deathroll de Children of Bodom, One Kill Wonder de The Haunted, Through the Ashes of Empire de Machine Head, Sevas Tra de Otep, l'album éponyme de Devildriver, par exemples) ou bien encore 2005 (Suspended Animation de John Petrucci en tête) mais le choix s'est finalement porté sur l'année 2004 car mes 16 ans ont été déterminants. Force est d'ailleurs de constater que les dix albums qui suivent ont façonné mon orientation musicale depuis lors.
Délicate ensuite car il est difficile de sélectionner les albums qui nous ont marqué à l'époque, et non ceux qui nous ont marqué postérieurement mais qui s'avèrent être sortis cette année là. Les règles étant celles-ci, j'ai dû m'y astreindre.
Délicate enfin, car il est tentant de ne garder que les albums qui ont un impact encore aujourd'hui, et non ceux qui ont été forts et oubliés depuis. La présente liste est toutefois un mix de tout cela, même si mes tendances nostalgiques me conduisent à y replonger assez souvent en tout état de cause....
In Flames - Soundtrack to Your Escape (17 mars)
Difficile de commencer cette sélection sans parler d'un des albums les plus importants de mon existence. Souvent oublié dans la discographie d'In Flames, raillé pour son orientation néo, il constitue un album que j'aime tout particulièrement et qui est, en réalité, celui que j'écoute le plus des Suédois. Tout cela grâce à JP, ami d'enfance qui m'a fait découvrir le groupe et avec lequel j'ai d'ailleurs trainé ma carcasse dans de nombreuses salles parisiennes pour voir la bande à Anders (Unholy Alliance à Bercy en 2006, Zénith de Paris en 2008, Olympia en 2011, Bataclan en 2014...). Cet album a donc une place toute particulière dans mon panthéon personnel, avec une importance plus singulière pour des titres comme « Borders and Shading », « Dial 595 Escape » et « The Quiet Place ». Un album qui a forgé mon appétence pour un mélodeath triste et mélancolique, domaine dans lequel In Flames a excellé jusqu'en 2011.
« Again and again
Your face reminds me of a bleak future
Despite the absence of hope
I give you this sacrifice »
Necrophagist - Epitaph (3 aout)
A 16 ans, j'étais bien loin du metal extrême. J'en suis toujours d'ailleurs assez loin, aujourd'hui. Necrophagist fut, pour moi, une incursion dans une terre inconnue et lugubre. Mais comme tout apprenti guitariste maltraitant une Ibanez GSA60 bas de gamme, la bande à Muhammed Suicmez était une sorte de chimère ; un rêve ultime du riff rapide, du solo alternant sweep et tapping. La violence ne passe que sous l'angle de la technique ; j'ai d'ailleurs conservé ce prisme. Alors forcément, ce Epitaph est et restera un des piliers de ma discographie fétiche et l'un des plus grands albums de death moderne de l'histoire. Du rythme lancinant de « The Stillborn One » au solo puissant de « Seven » en passant par le final Prokofievien de « Only Ash Remains », cet album est une masterclass.
Petit flex s'il en est, je suis assez heureux d'avoir pu assister à la tournée Origin, Misery Index et Necrophagist en 2007 dans l'ancienne Scène Bastille. Un concert pour l'éternité.
« When dawn and sunset coincide,
The essence of a day is non-existent,
Lifeless »
Wintersun - Wintersun (13 septembre)
Impossible de ne pas mentionner le plus grand album de death metal mélodique de tous les temps. L'album éponyme de Wintersun a été une révélation si forte qu'elle a intégralement matrixé mon cerveau sur le death mélo. Contre vents et marées, et les railleries habituelles contre le genre, celui-ci m'accompagne tous les jours et cet album en est un socle inoxydable. Il fait surtout partie de ces albums parfaits ; je n'en ai d'ailleurs pas beaucoup des comme ça où j'estime que aucun titre n'est mauvais, aucun titre n'est en dessous. Tout est là où il faut, quand il faut. Mené de main de main de maître par Jari Mäenpää, cet album est d'une richesse infinie, quand il va dans le plus lent (« Sadness and Hate »; « Death and the Healing »), le plus rapide (« Starchild » ; « Winter Madness ») ou le plus épique (« Beautiful Death » ; « Sleeping Stars »).
Malgré une personnalité clivante, pour plein de raisons, je ne cesserai de remercier de bon vieux Jari Mäenpää pour avoir offert au Michaël de 2004 un album qui a amorcé - plus que tous les autres - un voyage infini dans les contrées mélodiques du death.
« Now I'm watching my life flowing in the dark
Like streams of fear running through my heart
And it's wearing me down until I'm gone
Soon I'll join the endless whirls of stars
And I fall deeper into the unknown voids
And I fall into infinity like a burning star »
Lamb of God - Ashes of the Wake (31 août)
« Laid to Rest », « Hourglass », « Now You've Got Something To Die For », « Omerta » ; cet album a beau être très hétérogène car contenant un paquet de fillers, les titres en tête de gondole sont des chefs d'oeuvre. Je n'en ai globalement jamais eu rien à faire de Pantera et de toute la scène qui en a découlé ou qui a été fortement inspirée par ce dernier (ou, d'ailleurs, par toute la scène de NOLA). Messages véhiculés, tendances sludgienne, sonorités, personnalités des artistes, tout me laisse de marbre. Mais Lamb of God a eu ce petit truc en plus, cette volonté d'aller vers la mélodie, d'accélérer un peu le rythme et d'avoir recours à des breakdowns et autres gimmicks pas toujours très fins. Et cet album est, encore aujourd'hui, mon préféré du groupe.
Là encore, la legacy de cet album a été scellée lorsque j'ai vu le groupe deux ans plus tard sur la scène de Bercy lors du Unholy Alliance de 2006. Imaginez l'affiche : Gojira, In Flames, Children of Bodom, Lamb of God, Slayer. Forcément, ça marque pour la suite.
« Smother another failure, lay this to rest
Console yourself, you're better alone
Destroy yourself, see who gives a fuck
Absorb yourself, you're better alone
Destroy yourself »
Slipknot - Vol.3 (21 mai)
Pour les metal kids nés à la fin des années 80 / début des années 90 il y avait souvent deux façons de découvrir le metal. Soit vos parents écoutaient du heavy ou du hard rock et vous avez été initiés en commençant par les fondateurs soit, comme moi, vous avez découvert par vous-même avec les groupes qui marquaient l'actualité. Et, à cette époque là, il y avait de fortes chances que Slipknot soit votre porte d'entrée dans le milieu. J'ai poncé Iowa comme aucun autre album sur terre. Idem pour le live Disasterpieces que j'avais même du racheter après l'avoir rayé à force de le faire tourner sur mon lecteur DVD. Alors forcément, quand Vol. 3 est sorti, ce fut au terme d'une attente insoutenable. Et la douche fut aussi froide qu'inattendue. Finis la violence brute et ces sentiments un peu raw exacerbés dans l'album éponyme et Iowa. Ici, on retrouve beaucoup plus de chant clair, de mélodie et un pied sur le frein. Une immense déception lors de sa sortie. J'avais même cru à une blague en écoutant Duality après l'avoir téléchargée sur Emule (sûrement)...
Et puis, le temps passant, j'ai développé une grande tendresse pour cet album. La délicieuse « Vermilion », l'entêtante « Before I Forget », la cathartique « The Blister Exists », la bordélique « Three Nil »... Quelques titres sont abominables sur cet album (« The Nameless », « Pulse of the Maggots » et j'en passe), mais il m'a grandement accompagné en 2004 et continue de le faire actuellement. Ils sont forts ces Ricains.
« Hard to say what caught my attention
Vixen crazy, aphid attraction
Carve my name in my face to recognize
Such a pheromone cult to terrorize »
Kataklysm - Serenity in Fire (9 mars)
Si vous suivez un peu ce webzine et que vous avez la curiosité d'avoir feuilleté la plupart de ses (bonnes) pages, vous savez que j'ai un amour particulier pour le death metal mélodique (ah bon ? C'est vrai ?). Amour précisément né à cette époque, lors de mes premiers émois avec le metal. J'avais déjà pas mal écouté Shadows and Dust quand je commençais à me hasarder à écouter du metal plus extrême au collège, porté par l'euphorie Slipknotienne. Forcément, quand Serenity in Fire de Kataklysm est sorti, ce fut une immense tarte dans ma gueule. Bien qu'un gros ton en dessous de son prédécesseur, il contient quelques pépites qui continuent de m'accompagner aujourd'hui. « As I Slither » fait partie de ces titres de chevet que j'écoute très régulièrement. J'ai beau être conscient des faiblesses de cet opus, impossible de m'en séparer. On a tous des plaisirs coupables, si tant est que l'on puisse parler de culpabilité, et cet album de Kataklysm en fait clairement partie. Ce petit final bien bête avec de la double dans tous les sens, je suis preneur ; et le Michaël de 2004 s'enjaillait fort sur ce titre avec son Ipod rouge carmin.
« Stripped down, from all my dignity, you took it all from me
To me... I play that game of hate
I rise. Every single time you lie
I slither down your spine. Slither! »
Ensiferum - Iron (15 avril)
Les amoureux de mélodeath ont souvent eu une période obscure dans la deuxième partie des années 2000 et début 2010 en aimant cette vague pseudo folk metal, en réalité du death mélo à thème (Amon Amarth en est l'exemple le plus parfait). Même si Fate of Norns m'a mis une gifle en 2004 également, c'est clairement Iron qui m'a le plus transporté, là encore grâce à la patte de Jari Mäenpää, à l'époque où ce dernier était capable de sortir des albums à intervalles réguliers et pas une fois tous les 9 ans. On sortait tout juste d'une hype monumentale avec la trilogie du Seigneur des Anneaux et on avait qu'une envie : monter sur un canasson et partir casser des bouches. Alors forcément, à 16 ans, je voyageais dans ma tête bien plus loin que cette maudite ligne 5 du réseau SEMTAO qui m'emmenait dans mon lycée claqué du centre ville d'Orléans.
Pour des titres comme « Into Battle », « Lai Lai Hei », « Iron » et « Tale of Revenge », je te dis encore une fois merci, Jari.
« We left our homes behind, now we're following the wolves'trail
Through the deepest forests, beneath the stars we ride
I can see the moon glowing red like the blood of warriors
There's a prophecy, that tonight many men will die »
Killswitch Engage - The End of Heartache (11 mai)
Papa, Maman... J'aime le metalcore. Main sur le front, évanouissement, me voilà sorti du testament. Il faut dire que le genre a mauvaise réputation et depuis longtemps. Je ne ferai pas un laïus sur ce sujet parce que j'assume pleinement être un immense ien-cli de cette scène, surtout au milieu des années 2000. Et comment ne pas évoquer The End of Heartache ? Un des albums majeurs du genre, porté par un Howard Jones immensément talentueux (au passage, KSE c'est Howard, pas Jesse ; voilà). Cet album a de toute évidence rythmé mon année 2004. « The End of Heartache », « Rose of Sharyn », « Breathe Life », « A Bid Farewell », cette parfaite combinaison de riffs aux influences mélodeath, de breakdowns, de screams et de refrains bien catchys pour achever sa voix qui vient de muer. Il avait tout cet album ; et il a même bénéficié quelques années plus tard d'un live DVD (World Ablaze) qui est toujours aujourd'hui une référence. Un petit bonbon.
« Numb and broken, here I stand alone
Wondering what were the last words I said to you
Hoping, praying that I'll find a way to turn back time
Can I turn back time? »
Unearth - The Oncoming Storm (29 juin)
Oui, je sais, je vous emmerde tout le temps avec Unearth. D'article thématique en live report, j'en fais des caisses sur eux. Et pour une raison : ce groupe, c'est l'apologie de la constance. Que des bons albums, une voie qu'ils conservent bon gré mal gré, même si la mode du metalcore empreint de mélodeath n'est plus aussi présente, et malgré l'ombre d'As I Lay Dying qui surdomine le genre. Mais voilà, avec un banger comme The Oncoming Storm, forcément le groupe a une longueur d'avance. Cet album c'est le début d'une longue histoire d'amour avec le combo américain, les riffs en 5-7-8 et les breakdowns bien bêtes (allez m'écouter « The Great Dividers » si vous voulez perdre quelques neurones). Je m'en lasse pas et je m'en lasserai jamais, Inch'Allah.
« Feed lies for war
Bring the nations to it's knees
Risking worldly structure and integrity
The balance of our kind controlled by hatred »
Imperanon - Stained (17 mai)
Il fallait bien que je finisse sur une autre note de death mélodique. J'aurais d'ailleurs pu citer Death Unlimited de Norther mais je n'assume pas complètement, même 20 ans après, donc je vais parler de cet album beaucoup moins connu. Je ne l'écoute que très rarement aujourd'hui car c'est un album qui a énormément de faiblesses et qui a mal vieilli, mais délicat de ne pas lui rendre hommage dans ces pages tellement je l'ai poncé à jadis. On pourrait le résumer en disant une chose : FINLAAAAAAAAAANNNNDDDDE. Claviers kitschs, soli infinis, mélodies partout, son de guitare hyper sec et des ajouts de chants féminins par moments pour poweriser encore plus tout ça.
Là encore, je pense que cet album a pas mal tourné dans le cadre de mon apprentissage de la guitare, pour faire une pause au milieu des tablatures de Children of Bodom, Kalmah et Dark Tranquillity. Et aussi parce que j'étais obsédé par la Finlande quand j'étais au lycée. Alors Aleksi et consorts, merci pour ce one hit wonder.
« Years ago my life was torment
In the shadows I wait for my moment
To take your life, to make you pay
Under the cold moon you lay »
Merci à toutes et à tous d'avoir lu ces quelques lignes. Retrouvez les articles équivalents préparés par Dolorès, Prout, Malice et ZSK.