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Album

01 mai 2024 - ZSK

Disbelief

Killing Karma

LabelListenable Records
styleDeath metal sludgy
formatAlbum
paysAllemagne
sortieavril 2024
La note de
ZSK
7.5/10


ZSK

"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."

Disbelief fête cette année ses 34 ans d’existence. On a envie de dire… ça va durer encore longtemps ? Non pas que le groupe soit claqué - quoi qu’en disent ses détracteurs - mais parce que depuis quelques temps, ça va de remous en remous. Le line-up n’était déjà pas particulièrement stable depuis que le groupe a fait son « retour » après huit ans d’absence en 2017 avec The Symbol Of Death, mais là c’est la grosse purge. Juste avant de partir en tournée début avril, et alors que Killing Karma était forcément déjà enregistré, le « groupe » a annoncé le départ de pas moins de trois membres (!). Soit ses deux guitaristes, David Renner (présent depuis 2013) et Marius Pack (présent depuis 2018) ; mais aussi et surtout son bassiste Jochen Trunk, membre historique (bien qu’il n’était pas fondateur) qui était présent depuis 1995 ! C’est une sacrée ventilation, qui en est même inquiétante. Si Disbelief s’est rapidement monté un collectif live, quand on regarde le line-up « actuel » présenté sur Metal-Archives au moment où j’écris ces lignes (la veille de la sortie de ce nouvel album), il n’est fait mention que de… deux membres : le batteur Timo Claas (qui n’est là que depuis 2021) et bien sûr l’historique chanteur Karsten Jäger, dernier membre fondateur… et on a presque envie de dire que c’est sur lui seul que repose l’âme de Disbelief désormais. C’est assez triste et il est impossible de dire de quoi l’avenir du groupe allemand sera fait, même s’il ne semble pas tirer la sonnette d’alarme pour autant. D’autant plus dommage que le groupe reste sur deux très bons albums, The Symbol Of Death et The Ground Collapses (2020), et que Killing Karma est bien parti pour se situer dans cette lignée… même si maintenant, il n’y a plus que les 2/5 de l’équipe qui l’a enregistré pour le performer…

Disbelief a donc toujours su rester lui-même, et on verra comment il s’en sortira sans Trunk qui semblait être le gardien du temple musical pendant toutes ces années, mais de toute façon pour le moment ne nous posons pas la question, profitons de ce qui est tout de même le 11ème album de Disbelief. Ici, rien ne change que ce soit dans le fond comme dans la forme. Toujours ce death boueux et sludgy, écrasant mais dynamique et mélodique, avec la voix éraillée de Jäger, la grosse prod et l’ambiance mélancolique. Si The Symbol Of Death était plus efficace et The Ground Collapses plus lourd, Killing Karma lui retrouve un certain équilibre. Alors bon, il n’y aura vraiment aucune surprise, de toute façon ce n’est pas après presque 35 ans de carrière que le groupe va vraiment se révolutionner… et ce malgré les nombreux musiciens passés par là qui auraient pu amener leur propre patte. Killing Karma, c’est donc 13 nouveaux morceaux de Disbelief, de gros morceaux pour un album qui va tout de même atteindre 57 minutes, ce qui occasionnera un peu de déchet. Mais Disbelief, enfin avec son énième line-up studio pour l’occasion, est en bonne forme et le soufflé de The Symbol Of Death et The Ground Collapses ne va pas retomber violemment. Après un « Reborn » d’ouverture déjà très complet, l’excellent morceau-titre et le non moins excellent « The Scream That Slowly Disappear » (qui m’a un peu rappelé un « Floating On High ») se posent déjà comme de vrais tubes à la Disbelief et Killing Karma démarre donc sur les chapeaux de roue, comme ses deux prédécesseurs à vrai dire (et même des albums comme Worst Enemy, 66Sick ou Protected Hell). S’il ne dévie jamais de sa ligne death sludgy, le groupe continue à assurer, même si à ce stade de sa carrière il ne prêchera vraiment qu’aux convertis. Mais s’il ne doit rester qu’eux… ils trouveront ici de quoi se sustenter.

Killing Karma se tasse néanmoins un peu après son départ en fanfare, dès un « With Deep Regret » un peu plus frontal mais sans réel plus, alors que « A Leap in the Dark » puis « Inhuman Whore » ne feront pas partie des meilleurs morceaux du répertoire des Allemands, c’est assez clair… Mais un « Condemnation » (bon au niveau du rouleau-compresseur mais moins en réussite sur les mélodies) ou encore un « The End of Gods » en valent bien la peine ; de même que le bien lourd « Morbid Man » et surtout le bien nommé « Flash of Inspiration » remettent en exergue l’autre particularité de Disbelief qu’est cette ambiance délicieusement désenchantée. Très entraînant, avec un Jäger très en voix, « This Last Order » est en bout de course l’autre tube de ce Killing Karma, qui se terminerait presque aussi bien qu’il s’est commencé. Presque parce Disbelief a finalement agrémenté son 11ème album de deux bonus, une reprise bien percutante du « Millenium » de Killing Joke (et le groupe en profite donc pour remettre une troisième fois le couvert après avoir repris « Democracy » sur Spreading The Rage puis « Love Like Blood » sur l’EP Heal!), puis un « Fragile Aeon » tout à fait correct bien que pas indispensable. Killing Karma est au bout, indéniablement, un bon album de Disbelief, suffisamment inspiré, dont le seul tort est un peu de passer après deux albums qui étaient digne du haut du panier de la carrière du groupe. Killing Karma est donc un peu le Navigator des années 2010/2020, album honnête avec de bons morceaux mais qui n’atteint pas la gloire de ses prédécesseurs directs. Reste plus qu’à sortir un nouveau Protected Hell ensuite, enfin avec qui, quand et comment, c’est toute la question… Je n’irai pas jusqu’à dire que ça sent le sapin, mais sans Trunk, Jäger va vraiment devoir tout reprendre de zéro et il est très difficile de se projeter. Si Disbelief devait s’arrêter là, ça serait une belle fin, mais le fan que je suis me dit qu’il y a encore de la marge et que le défi devrait être relevé par de nouveaux musiciens, encore et encore… Espérons donc qu’après avoir voulu tuer le Karma, qui est bien évidemment connu pour être impitoyable, Disbelief ne se fera pas rattraper par ce dernier…

 

Tracklist de Killing Karma :

1. Reborn (3:58)
2. Killing Karma (4:35)
3. The Scream That Slowly Disappeared (3:40)
4. With Deep Regret (4:13)
5. A Leap in the Dark (4:24)
6. Inhuman Whore (3:16)
7. Morbid Man (5:08)
8. Condemnation (4:40)
9. Flash of Inspiration (4:52)
10. The End of Gods (3:33)
11. This Last Order (5:17)
12. Millenium (Killing Joke cover) (5:21)
13. Fragile Aeon (4:01)

 

 

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