Architects + Spiritbox + Loathe @Paris
Zénith - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Ce mercredi 24 janvier 2024, le Zénith de Paris accueillait une tournée placée sous le signe du metalcore avec Loathe, Spiritbox et la tête d'affiche du soir, Architects ! Une nouvelle montée en gamme pour le groupe britannique qui n'en finit plus de viser les cieux.
Loathe
Pour ceux qui ne connaitraient pas les Britanniques de Loathe, disons que c'est Deftones qui fait du metalcore. C'est évidemment un raccourci avec tout ce que cela entraine, mais force est de constater que l'on n'est pas loin de la vérité... Handicapé par les pires lights jamais vues au Zénith, un son approximatif et un problème technique en milieu de set, le groupe est malgré tout parvenu à faire monter la température dans un zénith en configuration 5000 places.
Avec un début de set résolument metalcore («Gored », « New Faces in the Dark ») avant d'aller dans des contrées plus -post (« Is It Really You? » en tête), Loathe a rapidement passé en revue l'essentiel de son deuxième album I Let It In And It Took Everything. Une belle prestation portée par un Kadeem France possédé, mais clairement peu aidé par les conditions techniques du soir. A revoir dans un autre contexte, donc.
Setlist :
Gored
New Faces in the Dark
Aggressive Evolution
Screaming
Dance on My Skin
Is It Really You?
Heavy Is the Head That Falls With the Weight of a Thousand Thoughts
Spiritbox
Je ne pensais certainement pas écrire ces lignes en me rendant à cette date au Zénith... mais quelle déception ce fut ! Spiritbox s'est forgé - à juste titre - une réputation très solide ces deux dernières années. Le groupe se fait clairement une place au milieu des formations ayant le vent en poupe, bien aidé par une frontwoman au charisme évident, des sorties de qualité, une omniprésence sur les réseaux sociaux et, aussi, de belles prestations live. Et pourtant, le concert de ce soir est de très loin la pire prestation du groupe à laquelle j'ai pu assister. Au delà du petit agacement de constater que le groupe a purement et simplement refusé que les photographes accrédités ne les shootent (je serai curieux d'en connaître les raisons !), ce fut un jour sans en raison d'un son... compliqué.
Malgré une setlist de gala (final « Circle With Me » / « Holy Roller » du plus bel effet ; « Cellar Door » joué pour la première fois en live ; featuring de Sam Carter en milieu de set sur « Yellojacket ») et une présence scénique toujours aussi solide, le groupe aura en effet bénéficié d'un son tout bonnement abyssal. Sous-mixage de la voix jusqu'à rendre peu perceptible les passages en voix claire de Courtney, sous-mixage des sons électroniques, des backings vocals noyées... Ce n'était pas un grand soir de l'ingé son. Protections auditives ou pas, c'était une belle bouillie à laquelle le Zénith ne nous avait pas habitué depuis longtemps ! Pour un groupe qui repose largement sur le talent de Courtney, c'était peine perdue.
Dans ces conditions, difficile d'entrer pleinement dans la prestation du groupe, aussi énergique fut-elle. Espérons que le groupe retournera à ses standards la prochaine fois !
Setlist :
Cellar Door
Jaded
Angel Eyes
The Void
Rotoscope
Hurt You
Yellowjacket
Circle With Me
Holy Roller
Architects
Après un discours de Sea Shepherd mettant en lumière l'engagement politique de toujours du groupe et une intro sur « Don't Stop Me Now » de Queen (original...), le groupe débarque sur scène avec « Seeing Red » joué pour la première fois en live ! Un premier titre massif qui permet d'apprécier la scène concoctée pour cette tournée européenne : dans la lignée de ce que font les groupes de metal moderne (comme BMTH, d'ailleurs), la scène du jour contient 3 niveaux jusqu'à au moins 10 mètres du sol. De quoi naurellement répartir les musiciens sur scène et de créer du mouvement, chaque étage étant un immense écran géant.
Dès les premières minutes, le constat est sans appel : le son est massif, les lights simples mais efficaces et bien qu'un peu sur la réserve (par rapport aux prestations du groupe de la moitié des années 2010), Sam Carter prouve qu'il est un frontman charismatique. Une prestation simple, humble et efficace teintée d'échanges avec le public. Avec des titres comme « Deep Fake », « Impermanence », « Black Lungs » et « Deathwish » (pas jouée depuis 2019 !) le début de set a en tous cas chauffé à blanc un public du Zénith compact et hyper réactif.
L'analyse de la setlist du soir est d'ailleurs riche d'enseignements. Si, comme moi, vous suivez le groupe depuis des années et que la période metalcore est celle qui vous plait le plus, vous n'avez pas eu grand chose à vous mettre sous la dent. « Gravedigger » et, dans une moindre mesure, « These Colours Don't Run » étant les seuls représentants de cette ère désormais révolue. De bons représentants (surtout la première !) mais cela fait peu, au final. Pour le reste, le groupe aura fait la part belle à son petit dernier avec pas moins de 8 titres et plus généralement à sa discographie récente, plus progressive et alternative.
Rien de surprenant, toutefois ; le groupe boude sans trop s'en cacher ses premiers albums depuis pas mal d'années désormais. Pour autant, si cela peut trigger un peu les fans de la première heure, il faut admettre que cela permet de créer une cohérence dans les sets du groupe. Contrairement à un Parkway Drive qui tente de mêler des titres qui n'ont plus grand chose à voir, ce qui tend à ruiner les dynamiques en live, le choix d'Archiects a le mérite d'offrir des prestations monolithiques et propres de bout en bout.
De toute évidence, Architects fait partie de ces groupes qui parviennent aussi aisément à créer une alchimie avec leur public, quelle que soit la taille de la salle où ils jouent. Le concert de ce soir n'aura pas échappé à la règle avec de beaux mouvements et un public reprenant à tue-tête les refrains des tubes du groupe. Un plaisir à suivre ; surtout avec un groupe qui joue 90 minutes et plus de 15 titres.
J'avais également hâte de voir si le groupe aurait un mot au regard de la polémique née d'un retweet d'Adam Christanson (guitariste rythmique du groupe) sur des prises de position anti-woke. Sans entrer dans le détail de cette « polémique » comme seul Twitter sait en offrir, le dernier s'était excusé a posteriori en indiquant une « erreur de retweet » (ah ?) et plusieurs esprits taquins avaient attaqué le groupe et Spiritbox en demandant notamment à ces derniers s'ils allaient se retirer de la tournée comme ils l'avaient fait pour celle avec Falling In Reverse pour des motifs équivalents (Ronny Radke n'est jamais loin des polémiques, naturellement). Et cela n'a pas manqué, avec quelques phrases de Sam Carter sur l'inclusivité et l'amour qu'ils portent à leurs fans ; surement la conséquence de ces remous.
Au final, ce concert d'Architects aura confirmé tout le bien que je pense du groupe. En dépit de moyens évidents mis en lumière par une scène impressionnante, le groupe nous a offert un concert juste et honnête. Pas d'effets pyrotechniques dans tous les sens, pas de discours interminables ; la bande à Sam Carter sait trouver le juste équilibre et emmener son public là où il le souhaite. On parlait récemment dans Vivement Doomanche ce qui constituait selon nous la recette d'un bon live, et les Anglais ont manifestement trouvé les bons ingrédients au regard de leur musique. C'est un grand oui.
Setlist :
Seeing Red
Giving Blood
deep fake
Impermanence
Deathwish
Black Lungs
Discourse is Dead
Hereafter
Gravedigger
Dead Butterflies
Little Wonder
Doomsday
Royal Beggars
These Colours Don't Run
a new moral low ground
Meteor
when we were young
Nihilist
Animals
Un grand merci à Live Nation et Olivier Garnier de Replica Promotion.