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Album

05 août 2023 - Storyteller

Voyager

Fearless In Love

LabelSeason of Mist
styleMetal Pop Prog
formatAlbum
paysAustralie
sortiejuillet 2023
La note de
Storyteller
8/10


Storyteller

Why not ?

Voyager, c’est un groupe qui attire l’attention, une formation qui a réussi à se faire une place complétement inattendue dans le monde du metal, en ayant un parcours peu commun. En effet, les Australiens ont participé à l’Eurovision en 2023. Alors on peut se poser les questions de la pertinence d’un groupe de metal dans cette compétition et celle d’un concurrent d’Océanie dans un concours européen, mais ce qui est formidable avec Voyager, c’est qu’ils ont une réponse à tout. Et qu’en répondant à l’invitation du concours, ils ont pu s’exprimer sur une scène qui a donné une voix à leur musique, les révélant au monde et à tous ceux dont l’ouïe fine a pu déceler un talent immense. Et comme ils ne sont pas à une bizarrerie près, leur nouvel album Fearless In Love est produit sur le label français Season of Mist. Oui, vous avez bien entendu, un groupe de prog au milieu de brutes sanguinaires dont on pourrait faire la liste, mais vous pouvez aller constater vous-même par ici

Si on prend un pas de recul, on remarque que Voyager a des choses à prouver : qu’ils ne sont pas une bande de rigolos qui ont pris le tremplin Eurovision (comme Lordi à son époque) pour ensuite enchainer avec des chansons sans âme. Ils sont capables d’exister avec une personnalité qui leur est propre. Des enjeux dans cet album, il y en a, dans sa préparation comme dans la façon dont on va l’aborder. On voit qu’il y a un delta entre « Promise », la chanson de l’Eurovision, qui culmine à plus de 8 millions de streams sur Spotify et « Prince of Fire » autre chanson de l’album, qui est à 300 000 écoutes (chiffre tout à fait honorable). On sait que l’auditeur curieux aura forcément un biais dans sa façon de se lancer dans Fearless In Love. Celui de connaitre un titre par cœur et de le comparer aux autres, de considérer qu’il est la représentation de la touche Voyager.

Mais des touches persos, il y en a plus que celle que tout le monde connait. Le premier élément qui nous saute aux yeux est la pochette, artwork aux tons bleus, aux symboles relativement subtils : l’oiseau, la liberté, les mains, le lien, les mots écrits dans tous les sens, comme ça on peut les lire que l’on soit « down under » (surnom de l’Australie) ou de l’autre côté de la planète. L’ambiance est apaisante et si l’on n’a pas de rouge pour cette notion d’amour, on se sent comme flottant dans le ciel ou sur la mer, reposé, guidé par une main bienveillante. Voyager n’est pas un groupe qui va nous bousculer les oreilles ou nous les heurter. On le sait immédiatement. Cela n’empêchera pas une certaine âpreté parfois, mais leur mélange metal / pop va faire du bien avant tout.

Le second élément constitutif de cet album, c’est le son. Beaucoup de claviers, surtout pour commencer les chansons. Et ça peut faire peur, ou lancer des fausses pistes. « Prince of Fire » ou même la chanson d’ouverture « The Best Intentions » commencent comme des titres de club, puis les autres instruments rentrent dans la danse et on oublie tout de suite cette impression étrange. On sent immédiatement le metal progressif avec une micro-touche de djent pointer son nez. Des riffs saccadés, une batterie qui tranche bien les rythmiques et un son avec une saturation maximum. Même si la batterie sonne assez synthétique, le reste du groupe donne une impulsion franche et équilibrée. On sent que tous les musiciens ont quelque chose à proposer : de la basse sur « Daydream », ou des soli boostés par la section rythmique sur « Listen ». Pas de groupe fantoche pour mettre en avant un chanteur (agent de l’immigration en Australie dans la vraie vie), imposer son style, son look et son talent. Il y a de la cohésion dans Voyager. Le seul titre qui pourrait sortir du lot est « Dreamer » avec là aussi un côté dansant sur lequel les guitares prennent peu le pas.

En dehors de ce titre, on découvre un album qui respire une écriture progressive : « The Lamenting » se développe avec douceur et complexité, laissant place à des passages instrumentaux planants, des refrains plus pop et des rythmiques mélodiques. La composition a toutefois tendance à se répéter, et manque encore de diversité quand on a compris le mode de fonctionnement du groupe, mais celui-ci joue dans une cour peu fréquentée et qui mérite d’être explorée.

Si l’on connait un peu le groupe, on ne se laisse pas surprendre, on sait à quoi s’attendre. Mais les Australiens ont des atouts pour accrocher l’auditeur, le groupe varie en intensité, « Twisted » est plus dense, plus de double grosse caisse, plus de soli, tout comme « Ultraviolet » qui monte en puissance et en émotions. Ils savent aussi poser de belles mélodies sur « Gren (Fearless In Love) » ou proposer des passages qui vont demander un peu d’attention à l’auditeur pour en faire le tour ; « Prince Of Fire » est assez alambiqué pour sortir du lot.

Onze titres et presque quarante-cinq minutes de musique pour Fearless in Love, l'album le plus popisant de Voyager, qui ne trahit en rien la façon de faire que le groupe a su créer. Il est bon de rappeler que celui-ci existe depuis 1999 et qu’il sort là son huitième opus. Maintenant qu’ils peuvent profiter d’une notoriété bien méritée et qui dépasse le cadre du monde du metal, réjouissons-nous qu’un tel groupe fasse la promotion d’une musique pleine de finesse et de distorsion. Comme le meilleur de plusieurs mondes qui peuvent cohabiter sans se dénaturer. Et on souhaite qu’ils continuent sur ce chemin. En attendant, on a là un immanquable de l’année.

Tracklist :
1. The Best Intentions
2. Prince of Fire
3. Ultraviolet
4. Dreamer
5. The Lamenting
6. Submarine
7. Promise
8. Twisted
​9. Daydream
10. Listen
11. Gren (Fearless In Love)
 
 

 

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