Non.
S'il y a bien un style où on ne demande pas forcément aux groupes d'innover, c'est bien dans le heavy metal. Qu'est-ce qui compte ? De l'efficacité, du riff, un chant entêtant et puissant, une variété dans le tempo pour ne pas s'ennuyer et, pourquoi pas, une direction artistique bien marquée. Pour le coup, Blood Star coche toutes les cases alors même que First Sighting n'est que le premier album du projet américain. Cela dit, la qualité du projet doit sans doute pas mal à son guitariste, Jamison Palmer, qui officie également chez Visigoth. De quoi continuer à créer une chouette effervescence du côté de Salt Lake City avec un groupe de plus au compteur !
Si les premiers singles avaient déjà une patte très chouette, c'est bien les 32 minutes du premier opus qui font la différence. Une prod assez clean, tube sur tube avec des refrains qu'on n'oublie pas de sitôt et, bien sûr, le chant de Madeline Smith, dont il s'agit pourtant du tout premier groupe ! S'il était encore timide et doux sur les singles précédents, il se fait ici plus incarné et confiant. Son timbre faisait déjà le job, sur « Tortured Earth » (2020) si bien que la première partie du titre ne se concentrait presque que sur lui, au point d'oublier un peu les riffs. Blood Star a finalement compris comment utiliser à bon escient tous ses atouts, avec ici des titres superbement équilibrés individuellement et bien répartis au fil de l'écoute.
Le premier temps fort qu'est pour moi « Fearless Priestess », tube absolu, ne tarde pas à être suivi par « The Observers » qui met en scène le superbe duo vocal de Madeline Smith et du guitariste Jamison Palmer, proposant des harmonies vocales imparables sur le refrain. Enfin, c'est bien « Cold Moon » qui reste en tête sans même qu'on s'y attende et, enfin, mon favori « Going Home » qui termine de séduire auditrices et auditeurs. Finalement, très peu de vitesse ici et beaucoup de tubes feel good, qui prennent leur temps tout en regorgeant de bonnes idées. Une formule qui n'est pas sans rappeler le heavy épique à tendance doom de Visigoth dont on ressent fortement les influences dans les compositions. Côté timbre vocal, peu d'éléments de comparaison par contre. Là où les chanteuses de heavy ont tendance à jouer la carte du grain éraillé ou de la théâtralité, Madeline Smith propose un coffre assez grave, simple et solennel sans oublier d'y placer quelques aspérités qui font son charme.
Elle a l'avantage de savoir plutôt bien reproduire l'effet sur scène, si on en croit le live filmé au Keep It True cette année, une raison supplémentaire d'espérer croiser Blood Star en concert prochainement ! A l'inverse, la même captation traduit un manque flagrant d'une seconde guitare... Un ajout qui pourrait bénéficier au groupe dans le futur. Il sera forcément attendu au tournant pour son deuxième album et il gagnerait à densifier ses compositions pour revenir en force en temps voulu.
S'il s'agit de terminer cette chronique par une liste de souhaits, j'ajoute que je serais bien curieuse de voir où irait Blood Star s'il poussait le concept SF un peu plus loin. Là où beaucoup de groupes de cette veine plongent corps et âme dans la fantasy, c'est bien l'espace qui sert de toile de fond aux aventures et aux pensées qui habitent les textes du groupe. A quand l'exploration plus complète du paysage de la pochette créée par Ryan T. Hancock ? A qui on doit également celle du dernier Seven Sisters, dans la lignée des nouveaux groupes qui commencent à bien faire parler d'eux...
Tracklist :
1. All For Nothing
2. Fearless Priestess
3. No One Wins
4. The Observers
5. Dawn Phenomenon
6. Cold Moon
7. Going Home
8. Wait to Die
