Pingouin

Death metal et science-fiction : une oreille dans les étoiles, une autre dans les enfers.

C’est l’un des albums les plus attendus de l’underground français en 2023 : Impious Invocation of Ebalus, le troisième Manzer, sort cet été sur Armée de la Mort Records. C'est donc un plaisir pour nous de vous présenter en excluvisité ce premier titre extrait de l'album, « Orgy and Profanity »! Titré comme un EP du groupe en date de 2011, c'est un plongeon au coeur du metal extrême des années 80, signe d'un vrai retour aux sources pour Manzer.

Comment vont-ils, d'ailleurs, nos pictaves préférés? Pour patienter avant la sortie intégrale d'Impious Invocation of Ebalus, on a posé quelques questions à Shaxul et Xzvrey, respectivement batteur-chanteur et bassiste de Manzer.

Salut les gars! Votre dernier album, Beyond the Iron Portal, a sept ans, vous nous avez bien fait attendre ! L’annonce de ce nouvel album remonte déjà à juillet 2020, on imagine que c’est un soulagement d’arriver au bout du processus ?

Shaxul : C’est effectivement jouissif de savoir que l’album va enfin sortir. Mais tu sais, on ne s’est jamais fixé de deadline, on fait les choses comme elles viennent, donc ça fait long mais c’est la vie, on s’adapte.

Xzvrey : C’est sûr qu'on est vraiment ravis de l’avoir mis en boîte et de s’approcher doucement de la release de l’album.

Il y a eu on l’imagine pas mal de paramètres qui ont retardé cette sortie, comme une certaine pandémie par exemple. Est-ce que ça a changé des choses dans votre façon de bosser, d’écrire ou d’enregistrer ?

S : On ne peut rien te cacher, la pandémie est passée par là, des problèmes personnels aussi, et on en est là. L’important, c’est que la sortie se concrétise. Rien n’a changé dans nos méthodes en tout cas. On répète peut-être un peu moins mais de toute façon, on bosse chacun de notre côté et ça marche très bien.

X :  La pandémie a changé bien des choses et pas seulement au niveau de cet album précisément. La méthode de travail avait déjà pas mal changé à partir de mon arrivée dans le groupe et on est restés sur cette dynamique. On répète beaucoup moins souvent et chacun travail régulièrement et consciencieusement à la maison. Les répètes sont là pour voir les détails et réviser ce qui est déjà appris. Elles permettent aussi de se préparer pour les concerts par exemple. Cependant elles ne sont pas là pour « découvrir » de nouveaux morceaux. Enfin, répéter plus chez soi et moins en groupe permet de faire des économies de carburant. C’est bon pour la planète et pour notre porte-monnaie.

Dites-nous un mot de l’enregistrement. Ca s’est passé en Touraine si je dis pas de bêtises ?

S : Nous avons enregistré chez Guyome (Pulmonary Fibrosis, The Bottle Doom Lazy Band, ndlr) au studio The Cripple Room, situé dans un village aux confins du Berry, du Poitou et de la Touraine. Tout a été mis dans la boîte en cinq jours. Ensuite, l’étape du mixage/mastering a été très simple, nous sommes totalement satisfaits du travail de Guyome, il a parfaitement cerné notre vision.

X : C’était vraiment de la folie haha ! Il y avait vraiment une ambiance de création bouillonnante pendant cette semaine. On a éclusé 30 litres de vin, on faisait pas mal la fête le soir après avoir passé la journée à bosser.

On attend une chose là, c’est une date de sortie officielle du coup !

S : Ca dépendra de la boîte de pressage … Si tout va bien, le CD sortira fin juin ou début juillet. Pour le vinyle, impossible à dire, puisque les délais sont devenus très longs, et ça ne sortira pas sur Armée de la Mort Records, contrairement au CD.

Est-ce qu'on est en droit de s’attendre à du Manzer dans le texte ? Black thrash feeling punk et hardos, avec des thèmes autour de la plus belle région du monde, c’est encore ça la promesse ou il y a des surprises ? J’ai cru comprendre qu’un certain hommage aux Légions Noires était de mise...

S : Il y aura des surprises. Globalement, c’est un retour à un style plus agressif et primitif. Moins d’influences heavy metal, encore plus de black metal des années 80, c’est ce que je voulais à la création du groupe. On pense ne jamais avoir joué de black thrash, malgré ce qu’on voit parfois écrit sur les affiches ou dans les zines. L’une des particularités est la présence d’un morceau de 15 minutes, chanté en parlanjhe (la langue d'oïl du Poitou, ndlr), traitant de « Bélaebat », ou le mythe de l’Atlantide poitevine (si ça vous intéresse, ça se passe sur la côte vendéenne, ndlr). Pour les Légions Noires, ce n’est pas le cas … Je sais que Xzvrey a eu quelques influences pour l’écriture de son morceau, mais ça s’arrête vraiment là. On n’a pas le même style ni le même concept, même s’il s’agit de black metal. Et on ne pose toujours pas avec du maquillage dans le manoir de papa maman. Autrement sur l’album, il y aura une reprise de Bathory.

X : Comme dit Shaxul, Manzer joue du black metal, et on le fait de manière old-school. Concernant l’influence Légions Noires, j’ai écrit un titre pour l’album qui intègre un riff qui m’est venu en tête après avoir écouté une énième fois le split Vlad Tepes / Belkètre, mais cela s’arrête là ; ce n’est pas une composante générale de l’album.

Vous êtes tous les deux des hyperactifs du son, avec une tonne de side-projects. Manzer ça a quelle place là-dedans ? C’est le projet central, ou c’est un groupe parmi d’autres pour vous ?

S : Manzer, c’est mon bébé depuis 2008, c’est prioritaire. Je me consacre énormément à mon projet solo depuis quelques temps, c’est très personnel et ça me tient à coeur. Qui sait, peut-être qu’il prendra encore plus d’importance à l’avenir. The Last Oath me permet d’explorer de nouvelles techniques de jeu ainsi qu’une scène différente de celle du metal, ça fait du bien. Je fais aussi de la batterie session dans plusieurs groupes mais c’est essentiellement « studio ». Il y a Contamination (France), Ayyur (Tunisie), Clamor in Tenebris (Guatemala), Barbatos (Japon) … Pour revenir à Manzer, nous ne sommes plus autant sollicités pour des concerts pour l’instant, et nous ne travaillons pas sur un nouveau projet de disque donc ça libère du temps pour le reste. A suivre !

X : Manzer occupe une place très particulière pour moi car j’étais archi-fan du groupe bien avant d’en faire partie. Oui personnellement je suis hyper actif, je joue donc dans Manzer, The Last Oath, Stonewitch et j’ai le projet solo Night Train To Nowhere.J’ai également fait le chant session pour un collectif de coldwave : North Pope. L’album sortira un peu plus tard. Par ailleurs j’ai aussi fondé le webzine Jeu D’Ombre, dédié aux scènes post-punk/goth et je me mets petit à petit à organiser des concerts. L’idée c’est de jouer avec un des groupes dont je fais partie et d'inviter un autre groupe pour soutenir. Théoriquement, mon groupe principal ce serait plutôt The Last Oath car j’en suis le fondateur, mais, pour moi, tout le monde est au même niveau d’importance. Chaque projet a sa propre particularité, sa propre « dimension » et ils sont tous des composantes de ma passion pour la musique. Il est vrai que nous sommes moins sollicités pour jouer avec Manzer mais bon, on verra si la sortie de l’album change la donne.

Manzer en concert au Cluricaume, Poitiers, février 2023.

Vous êtes un groupe qu’on voit surtout sur scène, et surtout un peu partout dans le monde ! Parlez-nous un peu de la Pictavian Invasion qui se profile à l’automne : Afrique du Sud, Botswana, Namibie, c’est l’occasion de tisser des liens avec une scène underground trop injustement méconnue… C’est une lubie de faire tous les continents ou vous avez un lien particulier avec ces pays ?