REVUE D'ACTU #67 : Haken, Cattle Decapitation, Afsky, Einar Solberg, Poison Rüin...
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Vous avez peut-être raté le coche de la Saint-Valentin il y a une semaine, eh bien pas Haken, puisque le groupe en a profité pour sortir un clip bien kitsch. C'est dans le menu de la revue d'actu, où l'on prend des nouvelles de quelques chouchous black metal de la rédaction, d'une grosse tête d'affiche deathgrind et d'une jolie surprise qui sort au printemps chez Relapse. Bonne lecture!
Haken | Catacomb | Einar Solberg | Poison Rüin | Afsky | Dawn Ray'd | Viscera | Lamp Of Murmuur | Cattle Decapitation | Entropia | Veil Of Maya |
Haken
Storyteller : Petite blague ou référence cocasse du groupe Haken, qui sort le single « Lovebite » pour la Saint Valentin. Blague parce que si vous regardez le clip, vous allez vous demander ce qui est arrivé au groupe pour sortir quelque chose d’aussi crade ! Et bien comme le nouvel album Fauna parle… de vie sauvage, ici c’est de l’accouplement de la veuve noire dont il est question ! Pas le visuel le plus romantique pour charmer votre moitié. Mais un titre super cheesy, metal avec des touches de pop dans les claviers et les chœurs. Il semble que l’inspiration de Phil Collins soit complétement assumée. Titre court, efficace et dont la mélodie rentre parfaitement dans les oreilles. C’est un coup parfait pour Haken afin de promouvoir et de faire monter la pression avant le 3 mars.
Catacomb
Pingouin : La sortie du premier album de Catacomb approche à grands pas. Le duo a mis en ligne cette semaine un deuxième single, « The Kings of Edom, » plus fidèle que jamais à l'univers lovecraftien et au cult des Grands Anciens. Les Toulonnais confirment ce qu'on avait déjà constaté sur « Waiting for the Stars », le premier extrait dévoilé fin janvier : le death metal de Catacomb s'appuie moins qu'il y a vingt ans sur la mélodie, mais reste toujours aussi maîtrisé, à base de tapis de blastbeat et de growl caverneux. Et si In The Maze of Kadath restera pour beaucoup l'EP culte qu'il faudrait retenir absolument de la discographie du groupe, Catacomb risque bien de surprendre toute la scène avec ce premier album.
When the Stars are Right sort le 23 mars chez Xtreem Music. Pour les précommandes tout se passe par ici.
Einar Solberg
Storyteller : Le chanteur de Leprous, Einar Solberg, nous présente son album solo 16 à travers le clip pour la chanson « Grotto ». Son timbre de voix, c’est son identité, très aigu et extrêmement mélodique. Et ici, il est clair que si la musique est travaillée, c’est surtout pour mettre le chant en avant. Le gimmick de la chanson, comme une rengaine qui sonne comme un tic-tac d’horloge sert de base pour les performances vocales. Et c’est du velours, de bout en bout, avec un final à deux voix (il y a un invité, musicien Suédois que l’on ne connait pas trop par ici) qui montre à quel point Einar maitrise ce mélange metal prog presque pop qui fait les beaux jours de Leprous. Mais ce n’est pas une redite, ici c’est moins travaillé, plus direct, plus viscéral, pour raconter son regard sur ses choix et son passé. Une bonne mise en bouche, on attend la suite avec impatience.
Poison Rüin
Dolorès : Non mais, vous mettez un camail, une faux, un visuel aux mêmes tons que Rope Sect, une police un peu médiévalo-kitsch, je signe. Vous me dites que le groupe joue une musique à mi-chemin entre post-punk et anarcho-punk, je signe. Il a ensuite fallu écouter et, franchement, je ne peux que dire que j'attends de pied ferme l'album qui sortira le 14 avril chez Relapse Records.
Une intro qui pose un décor jeu vidéo/dungeon synth pour enchaîner sur une ambiance de gentille bagarre, c'est validé. On enchaîne des couplets solennellement secs dans le chant, accompagnés d'un duo basse-batterie bien binaire qui sonne post-punk à souhait et des refrains aussi éraillés que mélodieux et entêtants comme tout bon groupe de punk devrait avoir.
J'ai juste hâte d'entrouvrir un peu plus la porte qui donne sur les aventures de ces paysans révoltés. Bye bye les chevaliers en armure, ici on oublie les codes habituels pour donner une autre version, qui fait tout à fait écho à notre monde contemporain. Poison Rüin sera à voir en live également, au printemps à Marseille (3 mai), Toulouse (7 mai) et Paris (16 mai), ainsi qu'en Belgique et en Suisse pour nos camarades francophones limitrophes.
Afsky
Circé : Afsky avait marqué nombre d'esprits, dont le mien, avec le sublime Ofte jeg drømmer mig død en 2020. Quelle joie d'apprendre donc que son successeur, Om hundrede år, est enfin en route et n'arrivera pas plus tard que le 15 mars, toujours chez Vendetta Records. En prime, on a droit à un avant-goût avec « Stormfulde hav », qui coche d'entrée toutes les cases et remplit toutes ses promesses. Une intro à la guitare acoustique pose déjà le ton, mélancolique à souhait, avant qu'un riff lancinant ne vienne nous emporter dans tout le spleen que le one man band exprime avec tant de justesse. La guitare acoustique revient d'ailleurs le long du morceau par dessus le roulis des guitares électriques pour ajouter une touche de mélodie tout en finesse. Les vocaux sont laissés quelque peu en retrait, comme se noyant dans la masse du désespoir déchainé par le reste de la musique. « Stormfulde hav » n'invente rien mais exprime un sentiment si authentique et plein de sensibilité qu'il arrive à émouvoir immédiatement. Il n'y a plus qu'à attendre le mois prochain pour qu'Afsky nous délivre un nouveau chef-d'oeuvre de son black atmo dépressif aux touches folk.
Dawn Ray'd
Matthias : Je suis très curieux du prochain album de Dawn Ray'd, le précédent m'ayant, il faut bien le dire, laissé sur ma faim. To Know The Light sort le mois prochain, et d'ici-là les anarchoblackmetalheads de Liverpool font monter la pression. Le dernier single en date, « The Battle of Sudden Flame » sera apparemment celui qui ouvrira l'album, mais difficile sur une piste de trois minutes d'estimer à quelle point elle sera représentative de l'ensemble. On y retrouve en tout cas quelques éléments essentiels du style Dawn Ray'd : chant à deux voix, l'une claire et l'autre saturée, le violon bien sûr, et un fort message antiautoritariste, asséné sur les deux derniers couplets. Ça fonctionne toujours, mais l'élément de surprise est passé ; personnellement j'ai un peu de mal à entrer dans la construction de ce morceau, dans lequel je ne retrouve pas la combinaison de poésie du désespoir et de rage inextinguible qui faisait l'identité de la formation anglaise. Elle était pourtant omniprésente sur « Wild Fire », premier single dévoilé il y a deux ans déjà, à l'occasion du Roadburn festival, diffusé d'ailleurs gratuitement suite aux circonstances dystopiques dont on se souvient tous. Dawn Ray'd a beaucoup progressé et gagné en notoriété ces dernières années, sans perdre de la pertinence de son message. Sur le point musical par contre je les attends au tournant. Wait and see donc.
Viscera
Storyteller : Pas forcément le représentant le plus visible de la communauté tech death, Viscera repointe le bout de son nez avec un single : « Carcinogenesis », aussi le titre de l'album à venir le 3 mars. Signé chez le spécialiste de death, Unique Leader Records, le groupe sort un clip dont l’utilité est assez discutable. On reconnaitra le manque de moyens et l’objectif de sortir d’abord un son, mais là franchement… Ils s’étaient déjà illustrés avec le clip « Rats With Wings » il y a quelques semaines. Ici on a un titre plutôt varié, intro d’ambiance, blasts sur les refrains, passage plus posé et heavy au centre du titre, du shred, ça ne révolutionne pas le genre mais par contre c’est efficace. Le groupe montre l’étendue de sa musique, avec un focus sur la densité plus que sur la brutalité.
Lamp of Murmuur
Circé : One man band hyperactif de l'underground black metal, Lamp Of Murmuur s'est bien fait remarqué ces dernières années, et il semble que rien n'arrête la productivité du projet américain. Après une année 2022 plutôt calme (comprendre seulement un split et un EP), 2023 verra la sortie d'un troisième album le 26 mars, Saturnian Bloodstorm. « Seal Of The Dominator », deuxième single sorti il y a quelques jours, part sur un black metal mid-tempo et dissonant plus classique que ce que Lamp Of Murmuur a pu proposer lors de son précédent album blindé d'étranges synthés gothiques, tout en restant un excellent morceau au riffing percutant rendant parfaitement hommage aux 90s. On part sur quelque chose de plus direct, mais aussi plus propre avec une prod loin du côté lo-fi auquel on avait eu droit jusqu'ici. Si on perd peut être quelque peu l'aura mystérieuse du projet, Lamp Of Murmuur parvient toujours à proposer un Black Metal plus complexe et recherché qu'au premier abord, et qui sait quelles surprises dissonantes nous réserve encore l'album complet.
Cattle Decapitation
ZSK : 8 notes, et puis et c’est déjà la VIOLENCE. Si vous doutiez de Cattle, voilà la réponse. Avec ce départ digne de « The Prophets of Loss », « We Eat Your Young » montre que Cattle Decapitation est toujours en grande forme. Et pourtant, il n’y a presque rien d’autre à signaler sur ce premier single de Terrasite, qui ne sortira pas avant le 12 mai (eh oui, pas de sortie au Black Friday cette fois). Cattle fait du Cattle, mais bénéficie toujours de tout ce qui se fait de plus monstrueux en termes de metal extrême, de la production à l’efficacité en passant par le chant de Travis Ryan alias « monsieur je me ressemble jamais d’un clip à l’autre ». On veut déjà tout fracasser, la suite n’en sera que plus folle. Le réchauffement climatique s’accélère dangereusement, alors vite, vite !
Entropia
ZSK : Dire que l’on attend de pied ferme le successeur du formidable Vacuum (2018) est un euphémisme. Pour son premier album sur Agonia Records, le groupe polonais Entropia est attendu au tournant, lui qui doit se démarquer sur le créneau assez chargé du metal « psychédélique ». Après « Retox » qui ouvrira Total, voici comme deuxième apéro sa clôture, le bien nommé « Final ». Tout ceci est dans la lignée de Vacuum, donc dans un registre toujours moins black que Ufonaut en son temps. L’art d’Entropia est donc ici nettement épuré (avec du chant toujours aussi parcimonieux) et lumineux… voire peut-être même un peu trop ? Il y a des longueurs en 7 minutes, bien que le côté épique fonctionne assez. Il n’y a pas vraiment de surprise non plus, si ce n’est des synthés toujours aussi déroutants. Du pur Entropia pour le moment, mais il va falloir attendre le reste pour savoir si les Polonais réussiront vraiment à faire aussi bien que Vacuum. Un petit mois à patienter pour voir (sortie le 17 mars).
Veil Of Maya
ZSK : Bon, Veil Of Maya ne nous aide pas car on ne sait toujours pas quand sortira le successeur de l’affreux False Idol (2017). En attendant, voici, encore, un nouveau single… et rappelons au passage que le groupe aurait à priori jeté à la poubelle une bonne partie de ce qu’il avait composé pour son futur 7ème album pour presque repartir de zéro. Dans la lignée de « Synthwave Vegan », voici « Godhead », qui nous propose encore un Veil Of Maya bien différent de celui de False Idol : plus offensif, plus lourd, moins gnangnan, sans chant clair. Le retour aux sources semble donc bien se dessiner, en moins technique toutefois, mais on va devoir encore attendre pour confirmer tout ça. Et le groupe se permet même de glisser des énigmes puisqu’on croirait reconnaître Spencer Sotelo (Periphery) à la fin du clip, qui se conclut par un « Part One - To be continued… »… wait and see.