REVUE D'ACTU #53 : Sumerlands, Blut Aus Nord, Mizmor & Thou, Intraveineuse, Luminous Vault...
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
C'est la 53ème revue d'actu, et les radars de l'équipe ont bien mouliné ces derniers jours. Sans qu'on oublie nos marottes pour autant : il y a du black metal grec, on prend des nouvelles de Blut Aus Nord, on salive un peu devant une collab très excitante chez Gilead Media. Et puis on garde un oeil sur ce que deviennent Sumerlands, Veil of Maya, entre autres.
Sumerlands
Dolorès : Comme beaucoup, le premier album de Sumerlands était placé dans mon top de 2016. Intriguée par la pochette, ravie par les riffs épiques mais assez doux et les progressions tranquilles de l'album, j'étais toutefois très heureuse de voir Brendan Radigan reprendre plus tard le flambeau derrière le micro. Bien que les parties vocales de l'album soient sublimes, c'est désormais la voix de Magic Circle et la nouvelle figure live de Pagan Altar qui s'occupent de scander des envolées épiques chez Sumerlands.
Pardon, des quoi ? Car c'est finalement le traitement du chant sur ce single deux titres qui pêche. Mix étrange, lissage extrême des aspérités de son chant : tout y est, ou plutôt, rien n'y est... Dommage car « Heavens Above » avait de quoi devenir un petit tube bien qu'un peu convenu. En ce qui concerne « I'm So Afraid », la reprise de Fleetwood Mac, elle ne révolutionne rien non plus mais elle est vraiment très agréable à écouter, car elle semble plus incarnée que la composition qui la précède ! Un bon moyen de rappeler que le projet britannique des seventies n'a pas été qu'un groupe populaire mais qu'ils avaient également d'excellents titres, qui ont souvent bénéficié d'arrangements live assez incroyables par ailleurs. Dommage qu'à la fin des deux morceaux, on ait plutôt envie de relancer Sumerlands (2016) ou Fleetwood Mac (1975).
Pas encore de date annoncée pour le deuxième album qui semble pourtant être sur le feu, mais on attend de voir ce que donnera un véritable travail avec Brendan Radigan.
Blut Aus Nord
ZSK : Blut Aus Nord est le genre de projet dont a l’impression d'en parler tout le temps, mais dont les sorties sont tout de même suffisamment espacées pour que chaque nouvelle annonce soit un évènement.
Cette fois-ci on attend Disharmonium - Undreamable Abysses, le 14ème (!) réel full-length du projet principal de Vindsval. Pour une fois, pas de réelle surprise, cet album semble se caler dans la continuité de Hallucinogen (2019). Ce que tendait à prouver le premier single qu'était "That Cannot Be Dreamed". Toutefois, avec ce second jet qu’est "Tales of the Old Dreamer", les particularités de Disharmonium - Undreamable Abysses semblent se préciser.
Le psychédélisme est toujours présent, mais il se tempère pour laisser place à quelque chose de plus sombre, noir et torturé encore. C’est toujours du pur Blut Aus Nord jusque dans ses guitares en mélasse coulante et gluante, mais qui en reviendrait presque à d’autres fondamentaux, rappelant le meilleur des 777 et même l'un de ses disciples méconnus, Lorn. La porte des Enfers s’ouvrira grand le 20 mai…
Mizmor - Thou
Pingouin : Un tweet énigmatique de la part de Gilead Media jeudi 22 avril, avec ce bel artwork signé Aaron Hockey, et 24 heures plus tard, nous voilà face à une collaboration surprise entre les ultra prolifiques Thou et l’un des projets phares de la scène de Portland, Mizmor. On allonge le tout d’une petite prestation live au Roadburn le jour-même et on profite du Disquaire Day le samedi 23 avril pour que la mayonnaise prenne. Les étoiles sont alignées au millimètre près.
« Écrit et enregistré » en secret, Myopia ressemble exactement à l’image que vous vous faites d’une collaboration entre Mizmor et Thou (deux discographies sans impairs) : le black metal doomisant du premier, marié au sludge doom des seconds.
C’est la mode en ce moment chez cette nouvelle scène indé américaine, de faire des albums collaboratifs. Avec les exemples notables et récents de Thou (encore eux) et d’Emma Ruth Rundle, de Converge et Chelsea Wolfe, et il y a quelques jours à peine de ce morceau commun, sur Sacred Bones, entre ... Thou, Mizmor et Emma Ruth Rundle. Le monde est vraiment tout petit, et on ne va pas s'en plaindre, puisqu'on finit presque inévitablement par retrouver tous ces albums dans des tops de fin d’année.
Luminous Vault
ZSK : Pochette psychédélique très étrange, mélange improbable de styles avec une production Black Metal, pas de doute, nous sommes bien en présence d’une sortie de Profound Lore. La nouvelle trouvaille du label américain se nomme Luminous Vault et se présente sous forme d’un duo regroupant Samuel Smith (bassiste d’Artificial Brain) et Mario Diaz de León, artiste œuvrant dans des sphères Drone/Dark Ambient au sein notablement d’Oneirogen et Bloodmist. Au programme ? Une mixture qui promet mêler Post-Black Metal et Metal Indus, façon Godflesh et Blut Aus Nord. Le résultat n’est pas éminemment surprenant du moment qu’on s’intéresse aux facéties de la « scène » Profound Lore, mais s’avère particulièrement réussi et surtout très prometteur. Si deux EPs sont déjà sortis, un premier album nommé Animate The Emptiness est attendu pour le 20 mai. "Ancient North", deuxième extrait dévoilé après "Regeneration", appuie encore un peu plus le côté Post-Punk/Coldwave latent, et l’ensemble s’avère immédiatement envoûtant, entre les vocaux rocailleux, les coups de boîte à rythmes et les guitares distordues. On attend déjà le reste de ce trip avec impatience…
Intraveineuse
Raton : Le projet de doom/gothique parisien Intraveineuse vient de publier la face B de son EP sorti l'année dernière, "Chronicles of an Inevitable Outcome". On vous a déjà régulièrement parlé de cette sortie, notamment lors de l'émission Horns Up avec les Fortifem.
Ces "B-sides" étaient originellement disponibles à l'achat de l'EP sur le Bandcamp du groupe, dont le packaging inventif était une boîte de kebab avec la cassette, un zine et quelques goodies comme un préservatif ou une boîte de pilules.
Loin de n'être qu'une itération inutile de ce que l'EP proposait, ces morceaux bonus sont une virée froide, lugubre et mélancolique dans un Paris nord bercé de lumières néons et de caniveaux pleins. On a toujours cité Hangman's Chair et Type O Negative en parlant d'Intraveineuse mais c'est tout de même davantage, avec un gros travail sur les ambiances sonores pour un résultat vif et immersif.
Ces nouvelles chroniques sont disponibles sur YouTube et sur Bandcamp, c'est donc le moment où jamais d'assurer une session de rattrapage.
Rotting Christ
Matthias : On n'attendait pas spécialement de news de la part de Rotting Christ de sitôt alors que Sakis Tolis vient de sortir son premier album solo, Among the Fires of Hell. Et voila que le groupe grec nous offre un morceau inédit, comme ça, par surprise. Intitulé "Holy Mountain", celui-ci a été enregistré à l'occasion de la tournée commune que le groupe grec va faire avec les Norvégiens de Borknagar, dont le chanteur Lars Nedland prête sa très belle voix claire pour l'occasion.
La démarche est sympathique, mais était-elle vraiment nécessaire ? Libre à chacun de se faire un avis mais à titre personnel je n'en suis pas certain. "Holy Mountain" est un joli morceau, aérien, qui joue sur l'alternance des voix entre Nedland et Tolis, mais il reste somme toute assez oubliable. Je lui trouve des points communs avec "Far Over The Misty Mountains Cold", la fameuse chanson des Nains qui constitue un des rares moments marquants du film The Hobbit, mais sans justement le frisson qui l'accompagnait. Bref, une jolie curiosité qui correspond bien aux sorties récentes du groupe grec et qui ferait une chouette piste inédite, mais qui ne marque toujours pas le retour de Rotting Christ vers un genre de metal véritablement extrême.
Septicflesh
ZSK : On arrête plus Septic Flesh, enfin Septicflesh (pardon, je suis un boomer, je ne fais que passer), enfin son label Nuclear Blast, car voici déjà un troisième extrait de son prochain album Modern Primitive qui arrive dans un peu moins d’un mois, le 20 mai. Et à l’instar de "Neuromancer", nous avons à nouveau le droit à un extrait qui emprunte pas mal à son passé plus ou moins récent, plutôt que de capitaliser encore et toujours sur The Great Mass comme Septicflesh avait pu le faire (et mal, de mon point de vue) sur les albums suivants. Certes, il y avait déjà quelques relents de sa période plus « mélodique » sur Codex Omega (2017), mais ici le petit fumet de Sumerian Daemons est encore plus prégnant et convaincant. Certes, Septicflesh ne se réinvente nullement, mais sonne un peu moins blockbuster et fait du sympho plus sobre mais pas moins pertinent. Les compos fonctionnent et sont plutôt inspirées, le groupe n’en fait plus des tonnes, et retrouve un peu de fraîcheur. C’est du classique, mais on se laisse prendre au jeu. Il n’y a plus qu’à espérer que les Grecs parviennent enfin à rallier à eux certains vieux fans dont votre serviteur fait partie… !
Veil Of Maya
ZSK : Ancien maître ès-Deathcore progressif, Veil Of Maya avait pris, après l’album de transition qu’était Matriarch (2015), un virage pas forcément convaincant vers un Djent plus classique à la Periphery pour False Idol (2017). Depuis, on a pu découvrir pas moins de 4 singles (hélas) dans la même lignée, sans qu’un nouvel album ne soit clairement annoncé. Hé bien, chose assez inédite, le groupe a fini par annoncer qu’il a jeté à la poubelle une bonne partie de ce nouvel album qu’il avait pourtant déjà enregistré… ! Un aveu assez incroyable qui laisse assez circonspect, porte des doutes mais aussi des espoirs. Car ce nouveau single, drôlement nommé "Synthwave Vegan", voit tout simplement Veil Of Maya… presque effectuer un retour aux sources ! Un morceau plus court, plus complexe, plus agressif, sans trace de chant clair, malgré un passage central légèrement plus mélodique. Est-ce que Veil Of Maya va alors vraiment prendre un virage à 180° et revenir à la glorieuse époque de [id] et Eclipse, quand bien même le line-up reste le même que celui de False Idol? On croise les doigts… !
Exocrine
ZSK : Mine de rien, les Bordelais d’Exocrine sont en train de s’imposer parmi la scène Brutal Death la plus branchée. The Hybrid Suns, prévu pour le 17 juin prochain, sera leur troisième album de rang à sortir chez l’illustre Unique Leader Records, excusez du peu. Pour l’occasion, et au vu de ce single-titre, le groupe ne va pas changer son fusil d’épaule et va capitaliser sur ce qui avait été fait sur l’excellent Maelstrom (2020). Un Brutal Death gentiment technique, qui va vite, qui blaste et qui balance des sweepings à qui veut, mais qui surtout se laisse aller à quelques passages épiques aux voix doublées et aux incursions symphoniques du plus bel effet. C’est toujours aussi jouissif et efficace et il nous tarde de nous jeter sur le reste !