Parkway Drive + While she Sleeps + Lorna Shore @Paris
Zénith - Paris
Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
Ce lundi 27 septembre 2022, le Zénith de Paris accueillait une des tournées les plus reportées de la période Covid : le tour d’Europe de Parkway Drive. Initialement prévue comme une tournée mondiale entre deux albums, elle s’est retrouvée, par la force des choses, tournée de promotion du dernier opus des Australiens, Darker Still, sorti il y a peu.
Accompagnés pour l'occasion par While She Sleeps (Metalcore - UK) et Lorna Shore (Deathcore - USA), ils auront réussi leur pari dans un Zénith quasiment complet et complètement acquis à leur cause.
Retour sur cette soirée contrastée.
Lorna Shore
Dire que j’avais hâte de voir les Américains sur scène est un doux euphémisme, surtout après leur annulation de dernière minute au Motocultor Festival. Le groupe bénéficie d’une hype – justifiée – ces derniers mois. La cause ? Un nouveau frontman qui attise toutes les curiosités, un EP court mais magistral sorti en 2021 (And I Return to Nothingness) et, enfin, des extraits du prochain album du groupe qui sortira le 14 octobre prochain chez Century Media, tous meilleurs les uns que les autres.
Quand ils débarquent sur scène à 19h pétante, c’est la gifle immédiate. Malgré un son clairement médiocre – j’y reviendrai – et des lights quelconques, le groupe parvient très vite à obtenir des réactions importantes d’un public pourtant clairsemé. Il faut dire qu’entamer le court (35 minutes) mais intense voyage par "To the Hellfire", ça aide. Et l’enchainement avec "Of the Abyss" est du plus bel effet.
Dommage que le son soit vraiment affreux. Batterie difficile à distinguer (même la double !), orchestrations quasi inaudibles (ce n’est pas comme si c’était primordial pour ce groupe) ; heureusement que la voix et les guitares ne sont pas trop mauvaises pour que l'on puisse peu ou prou comprendre ce qui se passe.
Mais ne boudons pas notre plaisir : le groupe tire le maximum du peu de temps de jeu qui lui est imparti en nous offrant un trio de folie "Sun//Eater" / "Cursed to Die" / "Into the Earth". L'occasion de se dire que les nouveaux titres sont excellents, que le groupe est vraiment solide sur scène (sans tous les clichés et gimmicks deathcore qui finissent par exaspérer) et, surtout, que Will Ramos est un excellent frontman en plus d’être hyper propre techniquement sur scène.
A tous égards, opération réussie pour le groupe ; un public manifestement nettement plus convaincu à leur sortie de scène qu’à leur entrée. Vivement une salle plus petite, un son correct et plus de temps de jeu pour apprécier pleinement le potentiel de la nouvelle pépite du deathcore mondial.
Setlist :
To the Hellfire
Of the Abyss
Sun//Eater
Cursed to Die
Into the Earth
While She Sleeps
C’est toujours très difficile pour moi d’évoquer While She Sleeps en live sans avoir la dent dure. Je m’explique : musicalement, le groupe est pour moi dans le top de ce qui se fait, ou plutôt s’est fait, en matière de metalcore. Il y a beaucoup - beaucoup - de groupes du genre à mettre à la poubelle et les Anglais n’en font pas partie, en dépit des derniers albums, qui sont sortis de mes esgourdes aussi vite qu’ils y sont rentrés. En revanche, sur scène, le groupe représente tout ce que je déteste dans le genre, et le live de ce soir n’a toujours pas dérogé à la règle.
Quelle plaie de voir ce metalcore où les guitaristes se sentent obligé de sauter à chaque riff (même quand il s’agit d’un vieil accord claqué), où le bassiste se sent obligé de faire des pirouettes sur lui-même pour accompagner des mouvements musicaux qui ne le méritent pas. Et je ne préfère pas évoquer Lawrence Taylor qui gâche souvent un charisme naturel dans des gimmicks éculés.
Alors cela n’empêche pas des points très positifs : un jeu de lumière remarquable avec ces lights sur scène, et un son très bon. Il est peu fréquent de voir des groupes qui ne sont pas en tête d’affiche pouvoir bénéficier de certains éléments de décor aussi chouettes. Ce fut clairement un plaisir et, manifestement, cela a bien marché sur un public chauffé à blanc qui s’est donné tout le long du set des natifs de Sheffield.
En somme, difficile de dire qu'on a pas apprécié réécouter les tubes du groupe ("Silence Speaks" et "You Are We" en tête). Mais, non, définitivement, While She Sleeps n’est plus fait pour moi en live.
Setlist :
Sleeps Society
Anti-Social
You Are All You Need
The Guilty Party
I’ve Seen It All
Eye to Eye
You Are We
Fakers Plague
Silence Speaks
Systematic
Parkway Drive
En douze ans, Parkway Drive est passé du Glazart au Zénith. On pourrait presque résumer la situation à ce constat : les Australiens sont devenus un groupe majeur de la scène metalcore mondiale. Et à en voir un public très nombreux (zénith quasi complet) et une ferveur assez incroyable, on comprend que le groupe est entré dans une autre dimension, surtout depuis la sortie d’Atlas.
Autant le dire tout de suite, je ne suis pas un grand fan des derniers albums du groupe (depuis Atlas, en réalité) et le dernier en date est vraiment aux antipodes de ce que j’apprécie chez les Australiens. Et le live de ce soir n’a fait que confirmer mon sentiment sur cette orientation musicale du groupe.
Il n’y a pas de « c’était mieux avant » ou de gatekeeping dans mes propos ; je suis parfaitement conscient que l'évolution de leur musique a permis d’attirer un public plus nombreux et, tout simplement, de suivre le chemin qui est le leur. Simplement, je trouve que le groupe se retrouve au milieu du gué sur ces derniers albums et cela se ressent même en live avec un mélange que je peine à comprendre. Le groupe alterne en effet les titres metalcore pur jus avec de la double et des mélodies très enjouées (leur marque de fabrique) comme "Bottom Feeder", "Karma", "Carrion" ou bien encore "Dedicated", avec des titres qui se veulent plus intenses - presque mystiques - comme "Ground Zero", "Darker Still" ou "Cemetery Bloom". Mais la mayonnaise peine à prendre de mon côté ; comment donner du crédit à des instants contemplatifs quand ils s’enchainent immédiatement avec des riffs, leads et mélodies joyeuses que le public reprend à grands coups de « wo ho » tout en sautant ?
Des exemples de ce type se retrouvent parsemés sur le concert de ce soir. Une arrivée sur scène au flambeau pour ensuite enchaîner "Glitch", "Prey" et "Carrion" ? Un "Darker Still" enchainé avec la nerveuse et enjouée "Bottom Feeder" ? Pire encore, un enchainement "Cemetery Bloom" / "The Void" qui me laisse pantois.
Parkway Drive veut de toute évidence donner une nouvelle dimension à sa musique, plus personnelle, plus introspective et réfléchie ; mais elle le fait au beau milieu de titres enjoués bourrés de sing along et autres mélodies festives. Et ce mélange des genres qui est le propre de la musique du groupe dans sa période post-Atlas rend peu lisible ses prestations sur scène. Et le tout n’est pas aidé par un Winston McCall qui, bien qu’incontestablement sympathique et charismatique, est clairement perfectible lorsqu’il s’agit de passer en voix claire.
Et c’est bien dommage. Car si l’on fait abstraction de cela et des quelques titres poussifs des derniers opus, le groupe est clairement devenu une bête de scène. Les moyens mis dans les effets pyrotechniques, les décors (avec ces petits détails comme l’avancée de scène qui finit sur une partie sur vérins), et les lights ne font que confirmer que le groupe met le paquet en live. Et le public lui rend bien, avec une heure 30 de chants et de sauts.
Les amoureux de la première heure comme moi continueront certainement d’aller voir le groupe en espérant entendre une petite vieillerie de Horizons et Deep Blue, tout en profitant d’un show pas forcément hyper cohérent mais incontestablement carré et puissant. Pour les autres, c’est l’assurance d’une soirée passée à chanter et mosher. Parkway Drive est assurément en voie de satellisation.
Setlist :
Glitch
Prey
Carrion
Vice Grip
Dedicated
Ground Zero
Cemetery Bloom
The Void
Karma
The Greatest Fear
Shadow Boxing
Darker Still
Bottom Feeder
Crushed
Wild Eyes