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samedi 12 mars 2022

In Theatrum Denonium - Acte VI @ Denain

Théâtre Municipal de Denain - Denain

Team Horns Up

Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.

Circé :Le In Theatrum Denonium, malgré sa localisation excentrée dans une petite ville du nord de la France à côté de Valenciennes, s’est bien vite forgé sa petite notoriété dans le paysage des festivals extrêmes français (et même belges, vu la proximité de la frontière). Et pour cause, la promesse d’une expérience atypique dans un beau théâtre à l’italienne a de quoi séduire, de même que la réputation de l’acoustique du lieu. C’est en habituée des théâtres mais novice de l’événement en question que je prends la route ce samedi, curieuse de voir comment ma musique favorite investi le lieu de mon autre art favori.

Avec l’impossibilité de tenir une édition en 2021, cet Acte VI de l’événement nous emmène dans des contrées assez “trve”, surtout lorsqu’on pense à Septicflesh ou à Amenra qui ont également eu l’occasion de jouer à Denain. L’équipe semble en tout cas toujours arriver à faire des propositions de line-up intéressantes, un mix de gros noms et de perles rares plus ou moins confidentielles. Malheureusement, Bölzer, prévu en co-tête d'affiche avec Taake, doit annuler une petite semaine avant le festival pour cause d’hospitalisation du batteur. Le duo était, je l’avoue, la raison principale de ma venue - les voir dans une telle salle aurait été magique. On souhaite en tout cas à Fabian un bon rétablissement, en espérant pouvoir bientôt le revoir sur scène. 

Denain est un gros village ou une petite ville, selon votre échelle de mesure, à l’héritage clairement ouvrier, et qui semble malheureusement un peu à l’abandon malgré une belle église et, ça et là, quelques bâtisses et statues qui témoignent tout de même d’un soin porté à son architecture à un moment de son histoire. Parmi ceux-ci, bien sûr, le bâtiment du théâtre municipal, construit au début du XXe siècle et dont la façade blanche ornée de sculptures semble un peu hors de son élément au milieu de ces briques rouges et de ces rues désertes. SI vous ne disposez pas de voiture, l’accès en transport vous demandera de passer par Valenciennes, puis de reprendre un TER ou un tram depuis là. Après quelques galères SNCF, je retrouve Matthias venu de Belgique pour l’occasion.

La soirée doit être quasiment sold-out car nous sommes vite serrés dans le hall et les escaliers, rendant le repérage initial de l’accès à la salle un peu compliqué sans fléchage. Le bâtiment n’est heureusement pas bien grand, et je m’en sors vite.

Matth : De mon côté, le ITD fait partie de ces événements devenus des rendez-vous réguliers depuis quelques années, et c'est avec mon lot de souvenirs que je retrouve Denain et son monument néo-baroque. Avec toujours les mêmes qualités, à savoir l'accueil de son équipe de bénévoles ultra-motivés à faire vivre un festival aussi confidentiel qu'original, ainsi que, bien sûr, son cadre exceptionnel. Mais aussi ses petits défauts, comme l'application d'une règle de sortie définitive imposée par le plan Vigipirate afin d'éviter tout attroupement devant le théâtre. Une manière un peu douteuse de prévenir le risque d'attentat à Denain qui tourne d'ailleurs au kafkaïen quand on sait qu'il y a un espace fumeur donnant sur la rue sur le flanc de bâtiment, avec pour seul rempart quelques barrières Nadar. Une contrainte logistique qui impose aussi son impact sur l'aspect practico-culinaire de l'ITD ; bâtiment classé oblige, on ne peut pas entrer dans la salle proprement dite avec boisson ou pitance, et l'offre se limite à quelques sandwiches et hotdogs composés sur place, d'ailleurs tous épuisés très tôt dans la soirée. Or, à moins d'être prévoyant et de s'emplir la panse avant l'ouverture des portes, impossible de se sustenter dans les commerces locaux. C'est un manque à gagner pour Denain ainsi qu'une occasion ratée de soigner les relations entre l'organisation et le voisinage. Mais on ne peut en vouloir qu'à l'Etat français.

THE PATH OF MEMORY

Circé : Les concerts commencent d'une manière assez atypique avec The Path of Memory, projet du chanteur de Borgne. Atypique, car le trio a posé ses instruments dans le hall de l’étage et non dans la salle. Assis en cercle autour d’un petit “autel” sur lequel brûle un chandelier et de l’encens, le trio m’offre ma première bonne surprise de la soirée. Sur CD déjà, le projet m’avait bien plu sans pour autant être en coup de coeur. Mais dans cette configuration, les guitares tristes et la voix grave prennent une autre tournure, plus humaine, plus intimiste. Debout en cercle autour d’eux, la barrière de la scène, ce quatrième mur qui divise artistes et public, est brisée. Leur espace est le nôtre, comme un feu de camp en plus solennel. Les guitares sont amplifiées, certes, mais on ne perd rien de la chaleur de l’acoustique, et l’usage parcimonieux de la batterie permet de laisser cette proximité avec l’auditoire se créer tout en soulignant les moments d’intensité. Musicalement, le côté darkfolk, simple et envoutânt, fonctionne très bien aussi, autant sur les titres en français qu’en anglais avec une voix aux légers relents de King Dude. On se laisse porter, on admire les tableaux qui ornent le hall, décor tranchant avec la simplicité de la performance mais qui la complète au final assez bien. L’alchimie du concert fonctionne d’ailleurs encore mieux sur le deuxième set que joue le groupe un peu plus tard dans la soirée, alors que la nuit est tombée. Le hall est cependant plus rempli, moins silencieux et le set me semble plus court - heureusement, nous avons pu assister aux deux.

Aluk Todolo

 

Circé : Les portes de la grande salle ouvrent vers 18h, peu après la fin du set de The Path of Memory. On se presse sur les balcons et en orchestre, où un espace est laissé entre la première rangée et la scène pour une petite fosse. Si les bonnes vieilles habitudes du concert debout sont tentantes, il serait bête de ne pas profiter de la spécificité du lieu pour vivre la musique d’une manière un peu différente. Surtout que cela se prête plutôt bien à un groupe tel qu’Aluk Todolo, projet post-metal/psyché instrumental parisien (nommé, d’après Wikipedia, à partir d’une région montagneuse indonésienne signifiant “la voie des ancêtres”).

Etant peu amatrice d’instrumental, en dehors du post-rock, je m’y rends sans en attendre grand chose. Et, encore une fois, j'en ressors avec une plutôt bonne surprise, dans l’ensemble. La musique du groupe est clairement basée sur la batterie et ses motifs rythmiques répétitifs, évoluant au fil de chaque morceau sur un mur de guitares avec la reverb’ au maximum. Les cordes prennent tout de même parfois leur indépendance pour quelques incursions dans des effets expérimentaux psychédéliques, ajoutant un peu de diversité et de surprise. Ces quelques morceaux sont forcément ceux qui m’auront le plus retenu l’oreille et m’auront fait passer à travers les quelques longueurs des autres.

 

Aluk Todolo est en tout cas clairement le genre de groupe auquel le théâtre de Denain ajoute une réelle plus-value. Je ne suis pas une experte en acoustique, mais le son en tout cas était clair, puissant, chaque instrument pouvait être bien distingué, atout non négligeable pour une musique si dense et si opaque ; c’est également le moment parfait pour se laisser tomber dans un siège rouge, lever la tête pour observer le plafond peint sur lequel est projeté le logo du groupe, ainsi que les dorures des balcons. Se laisser écraser par la vue comme par la musique. Ou tout simplement, fermer les yeux et laisser la transe se faire. 

 

Hats Barn

 

Circé : L’annulation de Bölzer s’étant faite à une semaine du festival, on ne s’attendait franchement même pas à ce que l’ITD leur trouve un remplacement. Alors bon, même si Hats Barn n’est pas du même acabit, c’est déjà mieux que rien. N’attendant vraiment rien du groupe à part un énième groupe local de black se voulant trve, nous nous posons au balcon. Petite scéno' avec bannières et chandeliers, les Lillois offrent un set court mais efficace. Des morceaux coup de poing où ici aussi, la batterie prend le pas sur les guitares, mais pour un effet complètement différent. Les compos nerveuses et bestiales sont une bonne mise en jambe pour le reste de la soirée, donnant le ton pour la lancée purement Black Metal des deux autres groupes à venir. Sauf que... Sauf qu'on en retient pas grand chose, si ce n'est qu'on a hoché la tête une ou deux fois. On a vu plus efficace, plus marquant dans le même registre. La musique du groupe manque de quelque chose, d'un peu plus d'inspiration, peut être, pour l'élever au dessus de la formule basique du genre. Alors certes, ce n'est pas vraiment mauvais en soi, juste beaucoup trop vu et revu. Pas de surprise ; Hats Barn est, au fond, fidèle à ses promesses... Et quelques jours après, je n'en n'ai déjà malheureusement presque plus de souvenirs.

Seth

Circé : J’avais déjà vu Seth en 2019 lors du Throne Fest, alors que le groupe n’était qu’une formation live faisant honneur à leur album culte de 1998, Les blessures de l’âme. Le bonheur d’entendre ces morceaux live avait été quelque peu terni par la mise en scène kitsch au possible. Un vrai paradoxe, car elle colle forcément avec l’univers et le son du groupe, tout en détonnant avec son aspect noble.  Puis est venue l’annonce de leur retour en studio, la box de l’album avec les “cendres de Notre-Dame”, et plus généralement toute cette comm’ toujours plus dans l’excès. Tout cela, m’a, je l’avoue, un peu coupé l’envie de me plonger dans ce fameux nouvel album, La morsure du Christ, tout en sachant bien que j’allais certainement l’adorer musicalement. Ce même sentiment m’accompagnait à l’idée de les revoir en live.

En soi, celui-ci fut en tout point similaire au Throne Fest. Même costume, mêmes chandeliers, même manège sur la fin du set avec une performeuse en tenue BDSM. Enfin, ce soir là, elle effectue aussi une petite danse du feu, ce qui a tout de même un peu plus de classe et lui donne moins l’air d’être simplement là pour recevoir le sang de Lucifer (si j’ai bien suivi).

Sauf que… Sauf que musicalement, comme je m’y attendais, c’est parfait. Contrairement au Throne Fest, cette fois, je n’ai aucun mal à discerner les synthés et les guitares, chaque niveau d’ambiance et de mélodie. Celles-ci sont prenantes et mémorables, ciselées, et, que ce soit les morceaux de 98 ou ceux de 2021, portent cette même pâte reconnaissable entre mille du black sympho des 90s. Et puis, il y a, encore une fois, le théâtre. Je ne sais pas si c’est le fait d’être en balcon, de prendre de la distance avec la scène et de la voir avec le décor de la salle tout autour, mais même la mise en scène passe mieux, faisant d’une certaine manière sens avec le lieux, l’opulence de la salle. On voit Seth dans un théâtre comme on verrait du Molière, avec tout l’excès et le caricatural qui va avec. Un excès voulu, qui ne cherche en rien à masquer un potentiel déficit de la musique, car il y en a aucun. C’est un bonheur que d’entendre les morceaux iconiques des Blessures de l’âme, tout comme de découvrir ceux du nouvel album - qui en conserve toutes les qualités sans en être une pâle copie. Et il est rare de voir une reformation de groupe au statut culte qui arrive à relever ce challenge. Mon ressenti sur ce groupe restera toujours un paradoxe absolu, mais… Oui, Seth a quand même la classe.

Matthias : De mon côté, je découvre Seth en quasi néophyte, comme ça sera aussi le cas pour le groupe suivant d'ailleurs ; j'ai bien sûr tendu l'oreille vers ce fameux La morsure du Christ, et je reconnais à l'album un travail de composition véritablement remarquable. Mais j'accroche de manière général très peu au Black Metal théâtral, gothisant même, qui semble avoir essaimé au tournant du siècle. Quant à toute l'aura et tout le décorum qui entoure le groupe, bon... Je me suis dit que le ITD était l'événement idéal pour me forger un avis : s'il y a bien un cadre dans lequel un show de Seth est à sa place c'est bien celui-ci, mais ça passe ou ça casse. Et j'en suis le premier surpris, mais c'est en effet très bien passé dès les premiers accords et l'entrée en scène toute en battement de cape de monsieur Saint Vincent ! Les morceaux récents s'enchainent, " La morsure du Christ" , "Métal Noir", avec tant de professionnalisme de la part des musiciens que de passion de celle du chanteur, capable d'une véritable présence sur cette très grande scène. Quelques longueurs quand même sur certains morceaux, et je me surprends à faire l'inventaire des reliques sur l'autel en me demandant dans quel ordre il seront brandis, d'autant que Seth bénéficie d'un show rallongé suite à l'annulation de Bölzer. Les Français ont fait certes un bon usage, mais "Ex-cathédrale" aurait fait un magnifique finale à la mémoire d'une Notre-Dame dont le spectre est forcément omniprésent. Du coup la faire monter sur scène pour un "Le triomphe de Lucifer" n'était pour moi pas nécessaire, même si Seth est sans doute un des rares groupes à qui je ne reprocherais pas ce genre de... disons show, tant ça correspond bien au groupe et à l'image qu'il veut se donner, tout simplement.

 

A la fin du set, l’orga nous demande d’évacuer la salle, Taake voulant s’installer sans personne. Un interlude bienvenu pour boire un coup et se poser, sans oublier un petit tour dans le hall de l’étage qui révèle une genre de jam improvisée là où se tenait The Path of Memory. L’installation prend en tout cas un peu de retard, alors que le concert devait débuter vers 22h45, les portes réouvrent aux alentours de 23h passées.

Taake

Circé :Taake brandit haut et fort le drapeau du TNBM depuis les années 1990, sans faiblir, alors que tous ses compères ont splitté, changé de style ou perdu leur flamme. Mais malgré la qualité parfois fluctuante de sa musique sur album ces dernières années, en live, le groupe n’a pas pris une seule ride, et me rappelle pourquoi Taake a fait partie de mes premiers amours, quand, jeune âme innocente, j'ai découvert les classiques. Les musiciens s’installent sur scène sur une intro qui ne me rappelle rien - sûrement une composition spéciale pour l’événement, vu son ton assez théâtral. Puis déboule Høst, rockstar du trve, frontman le plus charismatique du metal extrême (et non, je ne tolère aucun contre-argument). Contraste frappant avec les deux groupes précédents qui chargeaient l’espace avec des chandeliers et autres apparats : à l’exception de l’indispensable drapeau norvégien qui traîne par terre, l’espace est vide - ou plutôt, trop rempli par les allers-retours d’Høst, qui d’ailleurs ne tolère rien sur son passage. Il balance dans le public le peu de non-essentiel qui encombre la scène, la setlist, des gobelets, ou son micro. Joueur avec ses fans comme avec ses musiciens et leurs clinquantes flying V, à plat ventre sur la fosse où il claquera son micro toute la soirée, on a, comme toujours avec lui, du mal à savoir s’il est en grande forme ou en grande ivresse, vu la semi-cohérence de certaines de ses interventions entre les morceaux. Il n’en oublie en revanche pas ses bonnes manières et nous assurera être honoré de jouer dans ce “fucking unknown French village”.

Musicalement, on aura droit à une setlist plutôt deuxième moitié de carrière, avec (heureusement) plusieurs morceaux de Norges Vaapen dont Myr. Toujours aussi parfait, du premier riff jusqu’à solo de banjo. Taake est maître pour combiner mélodies épiques et Black Metal efficace, couplant ces deux aspects du genre en un mélange parfait qui donne envie de scander autant que de se détraquer la nuque. Le pinacle de ce dernier exercice c'est, bien sûr, "Hordalands I", sûrement l’un de mes morceaux de metal favoris. Un tour de force sur album comme en live, à chaque fois, un concentré de ce que le Black Metal est, devrait être, et fait de mieux. C’est tout un art que de proposer un morceau aussi long et pourtant aussi coup de poing - mais dans ces sept minutes et quelques, on a tout ce dont on a besoin et rien à jeter. Joué ce soir au milieu de morceaux d’albums plus récents, la différence de composition saute en tout cas aux yeux : sur album, Taake a de plus en plus tendance à se perdre dans des longueurs. En live, elles sont comblées par l’énergie de Høst grâce à qui on ne s’ennuie pas une seule seconde, mais elles sont là, et c’est dommage.

Seul petit regret : on n’aura pas droit à "Nattestid I", dont le riff résonne seulement en fond alors que le groupe quitte la scène et les lumières se rallument. 

Matthias : j'ai la particularité -visiblement assez rare- d'avoir découvert le Black Metal sans passer par le biais norvégien ; pour moi, ce sont plutôt des contrées telles que la Grèce ou la Pologne qui m'ont initié aux sonorités infernales. Je garde donc un respect poli pour la majorité des groupes de la scène Trve BM des années 90, mais certainement pas une forme d'adoration. Et parmi ceux-ci, Taake fait pour moi un peu figure de mystère : j'en apprécie certains albums, sans plus, mais je n'aurais jamais l'idée de les écouter spontanément. J'étais donc assez curieux de ce concert, me disant que c'était là l'occasion de se forger un avis définitif. Et bien ce fut une belle claque : Taake est un -si  pas le seul- des groupes de cette génération norvégienne à assurer en live du début à la fin. Si Circé avait quelques reproches à faire au choix de la setlist, pour ma part et en tant que néophyte je ne peux que signaler l'aspect étonnemment groovy de certaines compositions, avant de virer dans une hargne entre punk et Black Metal qui aurait pu me faire lancer mon appareil photo dans la fosse. Høst  est un des frontmen les plus charismatiques que j'ai vu, sorte de version sympathiquement bourrée de Niklas Olsson sans l'automutilation, ou carrément d'Iggy Pop en moins intelligible et plus spontané. Bref, Taake était sans doute le groupe de l'affiche pour qui les dorures du théâtre de Denain apportaient le moins à la prestation, mais ça ne l'a pas empéché d'être véritablement le clou de la soirée, et de taper très fort sur le-dit clou. 

 

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 Circé :Le concert s’étant fini avec un peu de retard et donc peu après minuit, on ne traîne pas et on évacue les lieux avant la fermeture à 00:30. Le festival est en soi court, avec cinq groupes seulement, mais la fatigue se fait tout de même sentir : le rythme est soutenu : même si on a la possibilité de rester assis, on a enchaîné les concerts.

La saison des concerts 2022 débute un peu tardivement mais en grande pompe. Il est bon de retrouver le chemin des salles, d’y circuler sans masque, un sens de la normalité flottant dans l’air. Dommage que tous les festivaliers n’aient pas assimilé que l’alcool était interdit dans la salle elle même, classée au patrimoine, mais l’expérience du metal au théâtre reste elle aussi un succès. Le théâre de Denain nous aura offert un son impeccable et un décor hors norme pour ce genre d’événements, qui ajoute une vraie plus value à certains groupes. 

Matthias : Par déontologie journalistique, nous avons profité de l'ITD pour nous offrir une bouteille de La Morsure du Christ, la bière brassée par HaarddrëcH pour Seth. Il s'agit d'une imperial stout qui carbure carrément à 12% d'alcool, ce qui me fait relativiser les 8€ demandés pour une bouteille de 33cl, tarif qui semble nomal pour une craft française, mais qui relève de l'aberration pour un Belge. La boisson en question contient donc des framboises, du cassis, et des fèves tonka. D'emblée, se sont le fruits rouges et noirs qui s'expriment avec une intense acidité qu'on retrouve d'habitude chez des gueuzes comme celles de Tilquin, avant que n'arrive le tonka, plus discrètement au début avant de totalement s'imposer. Sauf qu'il ne s'agit pas là d'un goût rond torréfié mais d'un véritable arôme de café brûlé dans une cafetière italienne oubliée sur le feu. La Morsure du Christ passe donc d'un extrême gustatif à l'autre sans réelle subtilité de part et d'autre. Quant à son aspect noir rougeâtre et à son épaisseur, cette bière rappelle visuellement le sang, ce qui est probablement une volonté du groupe. C'est purement tape-à-l'oeil alors qu'une catégorie brassicole entière, les rouges de Flandre, est basée sur ce concept sans pour autant obtenir un goût qui me fait serrer les dents. Là où le groupe arrive à offrir un spectacle qui fait relativiser son rapport au kitsch, sa bière, elle, arrive à être superbement imbuvable.

 

Merci à Nord Forge pour l’organisation et les accréditations, et bien sûr, merci à Matthias pour ses contributions et ses photos !