Wolves in the Throne Room + Aluk Todolo @ Paris
Glazart - Paris
Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)
Depuis le dernier passage parisien des loups américains, il s’est écoulé pas moins de six ans. Et voilà donc en ce jour froid et pluvieux de décembre Wolves in the Throne Room de retour dans la capitale. Pas au Point Éphémère comme en 2011 mais au Glazart dont ils ont déjà foulé les planches en 2010 (avec un certain Ufomammut en première partie). L’occasion pour eux de défendre leur très solide dernier album « Thrice Woven » qui je pense a su réconcilier les déçus de « Celestite » et « Celestial Lineage ». WITTR a délaissé les expérimentations pour revenir à ses fondamentaux sans pour autant s’autoplagier. Et c'est réussi ! J’étais donc très curieux surtout quelques mois après leur bon concert nocturne au Brutal Assault qui m’avait laissé sur ma faim. Une faim de … loup !
ALUK TODOLO
En ouverture, Aluk Todolo joue ce soir à domicile pour leur dernière date en première partie de WITTR. J’ai beau suivre le groupe depuis leur fameux « Occult Rock », je n’avais jamais eu l’opportunité de les voir et je ne savais tout simplement pas à quoi vraiment m’attendre.
Autour d’une grosse ampoule suspendue au plafond (reliée à la guitare de Shantidas Riedacker) qui fait office de lumière principale, le trio me fout une énorme claque. Ni plus, ni moins. C’est à la fois psychédélique, ritualiste et surtout intense. Je suis très vite pénétré par une espèce de transe. Un Shaman danse dans ma tête.
Trônant au milieu de la scène, Antoine Hadjioannou est derrière ses fûts fascinant avec ses yeux révulsés, complètement habité. Quelle énergie il insuffle à l'ensemble ! Leur Krautrock extrême (et instrumental) prend vraiment tout son sens en live. Au fur et à mesure, on sent une montée en puissance à laquelle on ne décroche pas. Pas de frontman mais une symbiose parfaite émane. Shantidas, en état de transe (ou de grâce ?), fait quand même le show en posant sa guitare pour manipuler l’ampoule qu'on imagine brûlante ou en agitant son lourd support de pédales d’effets qu’il brandit face au public. Un public très réceptif et visiblement conquis. Difficile de ne pas l’être avec un concert aussi prenant et époustouflant d’un bout à l’autre. Éprouvant (quasi pas de temps mort) mais énorme.
WOLVES IN THE THRONE ROOM
Si le concert est loin d’afficher complet, la salle du Glazart est assez bien remplie. Comme je le disais en prologue, le dernier opus des Américains a plutôt fait l’unanimité et se hisse sans hésitation dans mon top de l’année. Sans doute leur album le plus accessible à ce jour comme le prouve le titre d’ouverture « Born from the Serpent's Eye » avec son intro acoustique magnifique et ces riffs en tremolo qui dérivent vers des riffs plus froids et tranchants. On a une version néanmoins plus brute sans le chant sublime d'Anna von Hausswolff mais efficace pour débuter le set. Il faut aussi remarquer que les Américains sont passés à trois guitares depuis leur nouvel album.
On retourne vite dans une ambiance plus sylvestre avec l'instrumental « Dea Artio » qui nous mène à « Vastness And Sorrow », un de mes morceaux préférés. Malheureusement, le son est assez horrible. Il y a trop de fréquences basses et ça donne des bourdonnements agacants. Autre bémol, le chant de Nathan Weaver est très en retrait. Ca ne va pas s'améliorer avec l'autre (et dernier) extrait de « Thrice Woven » proposé ce soir : « The Old Ones Are With Us » où le clavier de Brittany McConnell (Wolvserpent) est un peu trop timide à mon goût ce qui rend beaucoup moins immersif un titre qui pourtant me donne des frissons sur album (la voix de Steve Von Till sur la version studio joue beaucoup il faut avouer). Dommage.
Côté scénographie, c'est le strict minimum avec quelques bougies chauffe-plat sur scène. Bon, la scène du Glazart n'est ni très grande, ni très haute non plus (même pas la place pour leur habituel backdrop). On notera juste un peu d'encens et de la fumée, beaucoup de fumée.
Je ne boude pas pour autant l'hypnotisant « Prayer of Transformation » issu de « Celestial Lineage » (2011) et encore moins l'incontournable « I Will Lay Down My Bones Among the Rocks and Roots » où le manque de voix fait cruellement défaut mais ce titre est quand même incroyable avec ces parties atmosphériques et ces percussions martiales. Un monument de WITTR que j'arrive à apprécier malgré tout. Mais voilà, c'est déjà la fin. Pas de rappel.
La setlist était la grande question de cette tournée. Faisons les comptes : deux morceaux du dernier album, deux morceaux de « Two Hunters » et un de « Celestial Lineage ». J'aurais aimé plus mais difficile de faire mieux quand on connait la longueur des morceaux. Une setlist plutôt équilibrée donc (même si « Angrboda » a un énorme potentiel live) pour une prestation en demi-teinte qui n'a pas été épargnée par les problèmes de son. Et si le passage à trois guitares est une bonne idée sur le papier, c'est encore trop mal maitrisé en live avec un son brouillon au possible. J'y avais moins prété attention au Brutal Assaut (fatigue ?) mais ici c'est un peu plus flagrant. Moins d'immersion aussi même si je m'attendais pas à un meeting de Nature & Découvertes mais les enchainements atmosphériques, par exemple, ne donnaient rien. J'espère qu'ils pourront corriger ça à l'avenir car Wolves in the Throne Room reste un groupe à voir avec un répertoire incroyable.
Je retiendrai donc surtout la performance de Aluk Todolo qui, à elle seule, valait le déplacement.
Merci à Kongfuzi et à l'équipe du Glazart pour cette soirée.