Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
La nouvelle a fait le tour des internets en ce début d’année, l’idole de toute une génération de guitaristes en herbe et d’amoureux de Death metal mélodique, Alexi Laiho est décédé ; laissant derrière lui un flot continu de tristesse et de regrets. Malgré un split de Children of Bodom et un peu de drama, on avait l’espoir de pouvoir réentendre le Finlandais s’égosiller et faire crier sa six-cordes pendant de nombreuses années avec son nouveau groupe, Bodom After Midnight. On avait ce sentiment aigre-doux de ne plus jamais revoir le groupe original sur scène, mais d’avoir au moins la possibilité de continuer à profiter de leur musique en live et de suivre la suite de la carrière du principal protagoniste.
La maladie a tout emporté, nous laissant un grand vide et un simple EP de trois titres, dont une cover de Dissection, pour tenter de faire notre deuil. Naturellement, cela va être difficile de chroniquer une telle sortie. Trois titres, dont une cover, cela fait bien peu à se mettre sous la dent ; et cela fait bien peu pour se faire une idée de ce qu’aurait été la musique du groupe. Surtout, il y a une charge émotionnelle certaine quand on sait que ce sera la dernière fois que nous entendrons Alexi Laiho et sa voix si caractéristique.
Tous ceux qui suivent assidûment Children of Bodom depuis le début savent que le groupe a eu des périodes, power/black/néoclassique dans les débuts (Something Wild, Hatebreeder, Follow the Reaper), puis résolument thrashy par la suite (Hatecrew Deathroll ; Are You Dead Yet?), avant de basculer dans un death mélo champagne (Blooddrunk ; Relentless Reckless Forever) puis de retrouver un peu la raison (Halo of Blood et ses relents thrash ; Hexed et ses mélodies entêtantes). Alors où se situe la musique de Bodom After Midnight ?
Dans la continuité des derniers albums de COB, en réalité.
On retrouve des éléments très thrashy dans le rythme, les riffs mais aussi et surtout les chœurs ultra présents sur les refrains et couplets. Ce n’est certainement pas aussi poussé qu’à l’époque de Hatecrew Deathroll, mais on retrouve clairement dans ces deux titres originaux l’appétence particulière d’Alexi Laiho pour des rythmes rapides, portés par des riffs qui le sont tout autant. Et quand on ne massacre pas la corde de ré - ou de do - à tout va, le groupe utilise cette combinaison éprouvée par COB avant eux : accords qui s’enchainent puis petit phrasé de quelques notes en fin de temps avant de repartir sur les accords. A cet égard, Paint the Sky with Blood est une franche réussite ; les petits relents old school sont du meilleur effet. On est pas loin de retourner en 2003, pour mon plus grand plaisir. Ce serait peut-être même l'un des meilleurs titres composés par Alexi depuis un paquet de temps.
Peut-être plus qu’à l’accoutumée, le groupe met aussi l’accent sur le clavier. Ne vous attendez pas à des soli de claviers façon Janne sur Downfall. Le clavier n’est là qu’en accompagnement ; mais les nappes sont omniprésentes lors des couplets et trouvent toujours leur chemin pour accompagner breaks et leads (notamment sur le break de Payback’s a Bitch vers 1min30).
En substance, Alexi Laiho nous offre dans ce dernier EP la vision musicale qui était la sienne depuis quelques temps désormais ; celle d’un Death metal mélodique survitaminé, parsemés de leads et de nappes de claviers. Loin des côtés néoclassiques des débuts ou plus torturés du milieu de carrière (AYDY ? ; Blooddrunk), il assumait clairement un côté thrash et quasi-festif. Du coup, on ressort de l’écoute de ces trois titres avec un sentiment mitigé. Celui de se dire que l’on n’aurait pas forcément été un grand fan de la tournure musicale de Bodom After Midnight qui suit globalement la lignée des derniers albums de COB, même si l'accent était davantage mis sur les aspects thrash. Mais, merde, qu'est ce qu'il va nous manquer ce Laiho.
Le groupe nous offre ainsi, comme cadeau d’adieu, un EP que l’on réécoutera avec plaisir (surtout le titre éponyme), bien que la mémoire d’Alexi Laiho sera surtout assurée par la liste incommensurable de chefs-d’œuvre laissés sur son passage, de Downfall à Bed of Razors, en passant par Kissing the Shadows, Follow the Reaper, All Twisted et Sixpounder.
Tracklist :
1. Paint the Sky with Blood
2. Payback's a Bitch
3. Where Dead Angels Lie (cover de Dissection)