L'autre belge de la rédac'. Passé par Spirit of Metal et Shoot Me Again.
Dans la longue liste des expressions toutes faites et éculées, il y en a au moins une qui a du sens : « ne pas confondre vitesse et précipitation » est généralement un conseil plutôt intéressant à suivre. Certains n'ont ni l'une, ni l'autre – moi au moment d'écrire une chronique, par exemple. D'autres ont les deux, et n'en ont rien à branler – Saber au moment de nous balancer Without Warning dans la tronche, par exemple.
Une demi-heure après avoir lancé l'album, le constat est imparable : vous avez relancé "Storm of Steel" et son intro cliché au possible (oui, ils ont osé le combo tonnerre qui gronde au loin – hurlement à en péter les vitres), vous avez pris au moins une prune pour excès de vitesse et vous connaissez déjà tous les refrains. Ça, c'était pour la vitesse – après avoir balancé un EP en 2020, Saber a pris 2021 de court et a débarqué sans crier gare, comme l'indique le titre de l'album, le 1er janvier via le label Church Recordings d'un homme déjà connu dans ce microcosme de la NWOTHM américaine : Trevor Church, dont le groupe Haunt fait partie de ceux ayant clairement le plus de traction ces dernières années (sans jamais m'avoir tapé dans l'oreille, mais c'est un autre débat).
Musicalement, sans surprise, pas de place ici pour le power/heavy prog' à l'américaine : les seuls airs de famille avec Queensrÿche se retrouvent vaguement dans les montées suraiguës de Steven Villa, qui porte l'album mais crispe tout de même par moments (le refrain de « We'll Meet Again » ...). Le reste est juste un manifeste de heavy/speed terriblement classique et efficace, où les refrains, changements de rythme et accélérations sont tellement prévisibles que vous aurez parfois compris comment un morceau allait se dérouler dès son premier couplet.
Et c'est là qu'arrive la partie "précipitation" - oui, Without Warning est un bon album, et ses 29 minutes ont un petit quelque chose d'addictif, comme cet épileptique "Speed Racer" qui clôt le tour de piste en laissant derrière lui une belle odeur de gomme cramée. Mais après un démarrage en trombe digne des plus grands experts de Mario Kart, Saber se prend un peu les pieds dans le tapis avec un "Leather Laced Lady" plutôt lourdingue ou un "Outlaw" moins percutant. Il y a deux façons de le voir : sur un album de moins d'une demi-heure et 8 morceaux au compteur, on aimerait pouvoir compter sur 8 tueries – mais la pilule passe très, très vite et n'enlève rien au plaisir global, ni à des morceaux comme "Midnight Rider" (porté par le meilleur refrain du lot).
Le problème dans ce milieu surchargé qu'est la "nouvelle" scène heavy-speed américaine, c'est que si vous passez trop vite, votre visage risque de rester flou au moment de tirer les bilans. Un peu plus de consistance au niveau de la composition et Saber, déjà bien placé, pourrait rejoindre le peloton de tête ...
Tracklist :
1. Storm of Steel - 3:59
2. Without Warning - 4:16
3. Midnight Rider - 4:35
4. Strike of the Witch - 3:43
5. Outlaw - 3:46
6. Leather Laced Lady - 2:35
7. We'll Meet Again - 2:46
8. Speed Racer - 3:36
Total : 29:16