REVUE D'ACTU #28 : Cannibal Corpse, Bongzilla, Empyrium, The Monolith Deathcult, Rob Zombie, etc.
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Après une fin d'année avare en actualités, ce début d'année 2021 est on ne peut plus riche. Difficile donc de vous faire une liste exhaustive des bonnes sorties tant l'activité musicale dans la scène metal s'est accélérée ces dernières semaines. Malgré tout, puisqu'on vous aime bien, on vous présente ce qui nous a marqué, surpris, plu et déçu ces deux dernières semaines. Bonne lecture !
Cannibal Corpse
Sleap : La news n’aura échappé à personne : les titans Cannibal Corpse reviennent le 16 avril prochain avec leur quinzième album studio (eh oui, rien que ça) intitulé Violence Unimagined. Et même si la recette semble toujours identique, un changement de taille s’annonce pour cette nouvelle sortie : l’arrivée d’Erik Rutan en tant que guitariste permanent ! Si cela ne signifie pas grand-chose pour certains fans, il s’agit pour moi d’une des meilleures annonces de ces dernières années. Car en plus d’être un de mes musiciens préférés au monde, Rutan est certainement la personne la plus adaptée pour rejoindre Cannibal Corpse. Le maitre à penser de Hate Eternal est en effet le producteur de CC depuis une quinzaine d’années et également leur second guitariste en live depuis deux ans. Et ce premier extrait Inhumane Harvest démontre toute l’aisance avec laquelle il s’est approprié le style des vétérans américains. Je suis d’ordinaire toujours hypé lors de la sortie d’un nouveau CC, mais rien qu’à voir la photo de ce nouveau line up, je trépigne d’impatience !
Bongzilla
S.A.D.E : Avec son hybride entre sludge, doom et stoner, réhaussé d'un arrière goût de blues sudiste, Bongzilla n'a jamais prétendu faire dans la dentelle. Et Sundea Driver, premier single de Weedsconsin qui sortira le 20 avril prochain chez Heavy Psych Sounds, n'est pas là pour me contredire. Peut-être même que le trio se montre encore plus neuneu que d'habitude, voire presque trop. Le riffing est vraiment balourd, sans grande recherche et sans surprise. Alors certes, comme je le disais, avec Bongzilla aucune raison d'attendre de la finesse ou de l'originalité. Mais là, Muleboy et ses compères frôlent l'auto-plagiat sans inspiration et ne parviennent à sauver leur morceau qu'avec ce pont/solo bien amené. On attend donc de voir ce que donne l'album dans son ensemble.
Empyrium
Circé : Sept ans après un dernier album légèrement en dents de scie, on ne s'attendait presque plus à revoir Empyrium en studio. Pourtant, l'album sortira bien fin février, toujours via Prophecy Records, et deux titres sont déjà disponibles à l'écoute. Tandis que le premier semblait faire appel à la facette la plus Black Metal du groupe, The three flames Sapphire propose dans sa plus grande partie un dark folk simple et beau, tout en finesse. Quelques arpèges, des mélodies à la flûte et à la guitare acoustique emplies de mélancolie, et on se replonge directement dans l'ambiance de chefs d'oeuvre comme Where at the Night the Wood Grouse Play. Une seule guitare électrique vient se mêler à ce décor champêtre pour quelques instants, accompagnée par un chant Black Metal venant brièvement remplacer le chant clair. Toujours aussi grave et émouvant, parfois à la frontière d'un chant lyrique, il est clairement mis en avant par la production plus claire que la plupart des sorties précédentes du groupe. Un magnifique retour en force pour les Allemands qui ravira fortement les amateurs de leur période la moins metal comme ceux des premiers albums. Le tout s'accompagne d'un clip ancré dans un certain romantisme allemand.
Memoriam
Varulven : « Ça sert à quoi Memoriam, à part jouer « The Killchain » en live ? ». J’avoue que mon avis concernant les Anglais s’est pendant longtemps calqué sur cette punchline bien acerbe, balancée par plusieurs membres de la rédaction. Le fait d’avoir pu assister à l’une des premières représentations du projet, lors du défunt Fall of Summer, ne m’a guère aidé à changer mon fusil d’épaule pour la suite de l’histoire. En live comme sur ses trois albums, la nouvelle formation de Karl Wiletts, montée pour perpétuer l’héritage de Bolt Thrower, peinait à me convaincre de la pertinence de son propos. La faute à ce sentiment permanent d’écouter une copie carbone et prévisible du lanceur de boulon, mais dénuée de toute la lourdeur et la combativité qui suintait de chaque riff de Bary Thompson et Gavin Ward.
Pourtant, l’écoute hasardeuse du single « Onward into Battle », extrait du prochain album To The End, m’a brièvement sortie de la morosité de mon jugement, m’incitant même à réévaluer le projet d’une oreille neuve. Bien m’en aura pris. Car si le niveau de dinguerie du War Master n’est toujours pas au rendez-vous dans ce titre, ce dernier possède néanmoins beaucoup d’ingrédients propres à certains morceaux emblématiques d’un ...For Victory (1994) : rythme rampant et mid tempo, boucles de mélodies vicieuses, groove stompy implacable, tous ces éléments qui ont contribués à poser l'ambiance guerrière propre à l'ancien groupe de Wiletts. Un parti pris qui devrait, à voir le titre de l'album et sa pochette, être plus qu'un éphémère clin d'oeil et s'inscrire sur trois quarts d'heure de Death Metal épique et va t'en guerre. Du moins, nous l'espérons (sans trop y croire)...
Emma Ruth Rundle x Chelsea Wolfe
Di Sab : Emma Ruth Rundle et Chelsea Wolfe sont deux noms qu’on associe régulièrement. Deux figures tutélaires de ce genre un peu abstrait qu’on appelle « dark folk », les deux jeunes femmes ont partagé plusieurs dates, sont sur le même label et semblent, à titre privé, être amies. De ce fait, il est étonnant que leur première collaboration musicale n’ait lieu qu’en 2021. Anhedonia est donc le nom de ce single qui, selon Sargent House, n’appelle pas à une suite immédiate. Là où Thou et ERR avaient entremêlés leurs univers, ici, le titre fonctionne plus comme un featuring de rap : un couplet chacune, un refrain ensemble et on plie le tout. Le résultat correspond à ce à quoi on aurait pu s’attendre, deux grosses performances vocales, une instru à la guitare acoustique avec quelques synthés pour épaissir et texturer le tout. De manière générale, on a plus l’impression que Chelsea Wolfe se greffe dans l’univers d’Emma Ruth Rundle que l’inverse. La sortie d’Anhedonia faisant suite à la collaboration réussie entre Thou et ERR, beaucoup appellent de leurs vœux à la prolongation de cette collaboration en vue d’un album. Etant donné que les deux univers sont proches bien que distincts, je ne suis pas sûr que ce soit une bonne idée. En revanche, nous ne pouvons qu’espérer qu’Anhedonia ne soit pas les uniques minutes où Chelsea Wolfe et Emma Ruth Rundle se réunissent.
Rob Zombie
S.A.D.E : Ce qu'il y a de bien avec Rob Zombie, c'est qu'il ne déçoit ni ne surprend jamais vraiment. Ses albums sortent régulièrement et c'est toujours d'une efficacité constante, et ce sans que jamais la recette ne change. Des paroles racontant les pérégrinations d'un psychopathe ou d'un monstre, un riffing indus'n'roll, un tempo qui invite au headbang et c'est parti. The Lunar Injection Kool Aid Eclipse Conspiracy, le prochain album prévu pour le 12 mars chez Nuclear Blast, se présente donc sur ce format classique avec son premier single, The Eternal Struggles of The Howling Man (ah oui, les titres farfelus à rallonge sont aussi devenus une constante). Tout est carré au possible, on tape du pied dès la première mesure et on veut imiter le loup aussi bien que Rob. Mention spéciale au pont façon musique pour bar lounge complètement inattendu, mais qui régale tout à fait.
Herzel
Circé : Le dernier rempart, premier album des fiers bretons d'Herzel sortira le 19 mars via Gates of Hell Records. Attendu depuis la démo de 2015, ils ont déjà eu l'occasion de conquérir une bonne petite fanbase et de prouver leur valeur en live. Concerts où, justement, le premier extrait de l'album a pu être joué maintes fois, et est donc déjà connu de beaucoup. Il est désormais possible d'écouter la version studio, qui prouve encore une fois que le groupe maîtrise l'art des mélodies accrocheuses, celles qui font mouche dès la première écoute. Un heavy metal épique et mélodique donc, qui s'étale et évolue sur huit minutes sans un seul temps mort. Et pour mieux retenir les paroles à chanter à tue tête au prochain concert (ça ira, vous avez le temps), “Les maîtres de l'océan” a sa lyrics video à découvrir ci dessous !
Evile
ZSK : Eh bien enfin ! Cela fait 8 ans que Skull est sorti et Evile est enfin de retour. Il faut dire que ça a été un peu le bordel autour des frangins Matt et Ol Drake. Le second est parti, le second est revenu, le premier est parti, le second a repris le poste de chanteur du premier, bref on y comprend presque rien. Mais avec un nouveau guitariste (Adam Smith, du jeune groupe RipTide), Evile va signer un nouvel et cinquième album Hell Unleashed le 30 avril chez son nouveau label, Napalm Records. Celui qui est un peu le mal-aimé du revival Thrash de la fin des années 2000, car trop posé, trop influencé et peut-être trop moderne, a pourtant toujours signé des albums de qualité avec une production aux petits oignons. Malgré les yo-yo de line-up, Evile doit donc rester à la hauteur. Et ce nouveau single-titre montre que la formation anglaise en a encore sous la semelle. Encore une fois, c’est ultra-classique, toujours très influencé par le Metallica le plus véloce. Mais ça fonctionne pas mal et Ol est en bonne forme dans ses compos et leur exécution, et se débrouille plutôt bien au micro, avec un ton un peu plus rauque que son frère qui change un peu… malgré le fait que les intonations à la James Hetfield sont toujours bien présentes. Ceux qui n’ont jamais aimé peuvent d’ores et déjà passer leur chemin, pour les amateurs, ça annonce encore du bon petit Thrash des familles !
The Monolith Deathcult
ZSK : Le plus improbable groupe de tous les Pays-Bas clôturera sa trilogie V avec Vernedering le 14 mai. Histoire d’appuyer l’annonce officielle, The Monolith Deathcult balance donc un nouveau single. Et l’on retrouve tout ce qu’on aime chez la formation suprême. Du bon gros Brutal Death des familles, des riffs Thrash ici et là, des synthés pompeux, des solos épiques, c’est classique mais efficace ; et ces singles disséminés depuis deux ans annoncent un album croustillant qui relèvera peut-être un tantinet les mitigés Versus (2017) et Vergelding (2018). Et bien sûr, "Gone Sour, Doomed" est encore accompagné d’un clip bourré de vannes mais malgré tout qualitatif, avec un générique de fin… presque plus long que le morceau lui-même. Mais il faut rester jusqu’au bout ! Le plus drôlatique des groupes de Brutal Death frappe encore. On délirera donc avec eux, ou pas !
Gyze
Michaël : Aux dernières nouvelles, les japonais de Gyze produisaient un Death metal mélodique survitaminé aux leads et soli bien léchés. Quelle fut ma surprise de voir le groupe pondre un single intitulé Samuraï Metal qui aurait pu tout à fait se retrouver dans un album japonisant d'Ensiferum. Ce n'est ni drôle, ni franchement réussi ; cela sent bon la volonté du groupe de se faire connaître en ayant recours aux ressorts habituels du genre : des mélodies entêtantes, un clip hyper cliché et des paroles confinant au parodique. Une déception, donc. J'attendais mieux de nos talentueux amis de Gyze ! Espérons simplement qu'il s'agisse d'un petit délire, d'une passade, en attendant leur prochain album.
Scald
Matthias : Tragique histoire que celle de Scald ; alors que ce groupe russe avait sorti un album qui pourrait revendiquer une place parmi les meilleures sorties du cru 1996, il a fallu que son chanteur, Maxim « Agyl » Andrianov, décède l'année suivante dans un accident ferroviaire. Les membres survivants en sont donc restés à ce sublime Will of Gods Is a Great Power et ont splitté, fondant au passage le groupe de folk Tumulus.
Mais depuis 2019, les Russes sont de retour ! On les a d'abord vus en live, au festival teuton Hammer of Doom, avant qu'ils ne nous annoncent ce que nous n'osions plus espérer : une nouvelle sortie pour 2021, comme nous l'avions annoncé précédemment dans cette rubrique. C'est un single seulement que nous offrent les Russes, mais après pas loin de 25 ans de silence, on ne va pas bouder notre plaisir, d'autant que cela reste un très bon présage pour la suite. Sous son très beau visuel, There Flies Our Wail! nous offre donc deux morceaux dont un nouvel enregistrement de "Eternal Stone", avec Felipe Plaza (Procession, Deströyer 666, Nifelheim) au chant pour remplacer le regretté Agyl.
Les premières notes du morceau-titre nous plongent d'emblée dans l'univers mélancolique que la formation de doom savait déjà cultiver dans les années 90, tandis le chanteur chilien parvient sans grandes difficultés à se glisser dans cette recette éprouvée, avec certes une seconde voix pour le soutenir par moments. La nouvelle alchimie fonctionne sur ce morceau inédit plutôt court. Plaza a plus de temps pour s'exprimer sur les sept minutes de "Eternal Stone", et le résultat est, il faut bien le dire, bluffant ! Moins aigu, moins heavy dans la voix que ne l'était Andrianov, le Chilien opère dans un registre un peu plus chaud qui sied bien aux longue ballades contempatives du groupe russe. Tout cela est en tout cas de bon présage ; un quart de siècle après sa dramatique séparation, Scald pourrait-il réclamer la place qui lui revient de droit dans le panthéon du doom épique ? On espère avoir bientôt une réponse à notre désir d'un second album. En attendent, il est encore temps de découvrir cette perle venue de l'Est infini qu'est Will of Gods Is a Great Power avec, ci-dessous, la version de "Eternal Stone" chantée par Agyl. Car les meilleurs scaldes continuent à vivre àux travers de leurs plus belles sagas.