Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
En nous promettant un EP qui contiendrait toute l’énergie que le groupe ne pouvait pas apporter sur scène en raison de l’épidémie de Covid, il n’y a pas eu de publicité mensongère de la part d’Eskimo Callboy. Le groupe allemand, qui est habitué à ce pas très subtil mélange d’électro et de metalcore - parfois inspiré, parfois excellent, rarement original, régulièrement insipide - a tout donné en ces mois de confinement en sortant cet EP intitulé MMXX.
Avec ces six titres, le groupe navigue dans des eaux qu’il connait bien. Mais, étonnement, derrière tout cet apparat de manque de sérieux, le groupe offre des compositions peut-être plus cohérentes qu’il n’a pu le faire par le passé. Je pense notamment au single Hate/Love ou encore à Dramaqueen qui sont des titres de metalcore/electrocore assez classiques mais avec un zeste d’originalité qui rend le tout assez agréable. Une chose est sûre, de la dynamique Mc Thunder II, à la plus classique Monsieur Moustache en passant par la décalée Hypa Hypa, le groupe avait manifestement envie de bouger et de faire bouger. De quoi faire répandre tout le sel des élitistes qui abhorrent le genre.
Nécessairement, cet EP va être marqué par le titre Hypa Hypa qui ne laisse personne indifférent. Déjà-vu et ridicule pour certains, très drôle et réussi pour d’autres, c’est en réalité un peu des deux. Voir des Allemands avec des coupes mulet et des moustaches qui dansent de la pire des façons sur des paroles écrites par des élèves de CM2, ça laisse forcément des gens sur le côté de la piste. Mais si la durée de vie d’un tel titre risque d’être limitée, l’énergie débordante et le second degré bien maîtrisé par le groupe en fera à coup sûr un nouveau pilier de ses prestations lives. Ce qui est assurément le but recherché, pour un groupe qui déchaine les passions auprès des teenagers d’outre-Rhin et ailleurs.
Cet EP est également l’occasion de découvrir le nouveau chanteur Nico Sallach, venu en remplacement de Sebastian Biesler. Il rend une copie sérieuse, notamment sur Hate/Love et son refrain presque Offspringien, et fera très certainement rapidement oublier son prédécesseur dont les mimiques sur scène pouvaient exaspérer.
Le caractère étrange de cet EP prend une toute autre dimension sur le dernier titre Prism. Morceau acoustique un peu mièvre, résolument pop, avec le guitariste Tobias Rauscher en guest. Après plusieurs morceaux hyper dynamiques et bordéliques, on peine à comprendre ce que fait ce titre dans cet EP. Et puis, comme une sorte de Syndrome de Stockholm, on finit par apprécier la mélodie et se dire qu’après tout, cet EP n’ayant aucune logique, c’était surement la meilleure fin possible.
Cet EP est l’équivalent d’une tête brulée. Dégueulasse au premier abord, pas si mal in fine, mais on se demande quand même si on a envie d’y revenir. Le groupe navigue toujours dans ces eaux bizarres où il essaye d’ajouter de la dérision à sa musique, brouillant un peu les pistes quant à ses intentions. Parfois cela marche, parfois moins (l’album Crystals en tête). Toujours est-il que cet EP a une énergie folle et qu’il sera à coup sur de nature à ravir les fans du groupe et ceux qui veulent juste faire craquer leurs genoux dans la fosse.
Tracklist :
1.Hypa Hypa
2.Hate/Love
3.MC Thunder II (Dancing Like A Ninja)
4.Monsieur Moustache
5.Dramaqueen
6.Prism (feat. Tobias Rauscher)