Avocat le jour, rédacteur sur Horns Up la nuit et photographe à mes heures perdues.
En ce début d’année 2015, les jeunes allemands d’Eskimo Callboy reviennent sur le devant de la scène avec un nouvel album intitulé Crystals qui, autant briser le suspens tout de suite, ne change pas vraiment la recette offerte jusque lors. Ce troisième album s’inscrit dans la droite lignée de We Are The Mess, à savoir un mélange de metalcore et de sons électroniques destinés à être écouté entre deux rails de coke par des adolescents allemands en transe.
Ceux qui ont déjà écouté le groupe pourront constater tout au long des quatorze titres de Crystals que les allemands continuent leur chemin, même si une orientation plus grand public est amorcée avec de nombreux passages plus rock, électro-pop et surtout plus mièvres. A la vérité, Eskimo Callboy offre ici un énième album sans profondeur, où le groupe accumule tous les clichés possibles (à commencer par la pochette de l'album) afin de cibler un public 15/20 ans avec une musique parfois agressive mais surtout festive.
L’aspect metal pour adolescents est renforcé par les thèmes évoqués par les paroles du groupe : odes à la fête, références à des amours passagers (Paradise In Hell, Crystals, Walk On The Thin Line pour ne citer qu’eux), soit le cocktail parfait du lycéen. Le refrain du dernier titre cité est éloquent : "no matter whay they do, no matter what they say, we’ve got to live forever" ou encore le début de Paradise In Hell. On pourrait multiplier les exemples de ce genre...
La classification de la musique des allemands est d'ailleurs une entreprise risquée. Le groupe alterne des titres que l’on pourrait qualifier de metalcore avec des passages un peu plus rentre dedans, pléthore de breakdowns (Crystals, Walk On The Thin Line) avec des titres plus pop/rock/electro (My Own Summer, Kill Your dols) voire même un titre de fusion metal/rap (Best Day) avec son merveilleux passages de rap en allemand. Quoi qu’il en soit, le groupe fait la part belle aux sons électroniques, en intro comme en textures tout au long des titres de l'album. On se croirait par moment dans un album de Skrillex voire même dans un album de rap, comme sur le tout début du titre Paradise In Hell ou encore Kill Your Idols où on ne serait même pas étonné d'entendre la voix de Drake ou de 2 Chainz.
Eskimo Callboy surfe ainsi sur la vague d’un metalcore électronique et festif taillé pour le live. Et pour avoir eu l’occasion de voir le groupe en festival, l’effet sur le jeune public est évident. Maintenant, musicalement, on ne peut que rester sur notre faim. Les compositions sont médiocres et se bornent à enchainer des plans et des riffs très classiques suivis d’un breakdown bien gras (surement accompagné d’un petit saut sur scène afin d’exposer son outfit chaussures Nike / skinny jean / debardeur). Côté instrument, difficile d’en tirer quoi que ce soit : les lignes de batterie sont basiques et se contentent d’accélérer le rythme à la double pédale pendant les breakdowns et les guitares ne sont pas plus à la fête. Nos amis teutons découvrent qu’il est possible de faire des soli quand on joue sur une JEM d’Ibanez dans le titre 2 Fat 2 Furious et c’est bien tout. Pour le reste, il faudra se contenter de riffs et de powerchords déjà entendus. La guitare est clairement relayée au second plan de compositions complètement tournées vers l’alternance voix claire / voix criée et les sons électroniques.
Alors oui, il est difficilement contestable que le groupe fera son effet dans les soirées de jeunes en mal de sensations et que le groupe n’est pas mauvais dans son genre d’électrocore. Mais l’effet de mode est tout aussi incontestable, et, compte tenu de la faiblesse musicale du groupe, il est certain que tout ceci sera oublié une fois la puberté passée.
1. Pitch Blease
2. Baby (T.U.M.H.)
3. My Own Summer
4. Kill Your Idols
5. Ritual
6. Monster
7. Best Day (feat. Sido)
8. 2 Fat 2 Furious
9. F.D.M.D.H.
10. Paradise In Hell
11. Crystals
12. Walk On A Thin Line
13. Closure
14. Baby (T.U.M.H.) Acoustic Version
15. My Own Summer (Remix)