REVUE D'ACTU #18 : Echolot, Zeal & Ardor, Nubivagant, Macabre Omen, etc.
Compte groupé de la Team Horns Up, pour les écrits en commun.
Nous avons déjà eu beaucoup d'annonces durant l'été, mais ce début septembre n'est pas en reste : EPs, albums, de la nouveauté qui éveille la curiosité (Nubivagant, Montaña Sagrada) et des retours pleins de promesses (Zeal & Ardor,Macabre Omen), les sorties tombent après quelques mois de flottement et d'incertitude. Voici une petite sélection de ce qui a tapé dans l'oreille de la rédaction ces deux dernières semaines.
Nubivagant
S.A.D.E : Connu sous le pseudonyme de Thorns lorsqu'il joue sous les bannières de Blut Aus Nord, le batteur italien Omega a participé à bon nombre de projets entre son pays natal et d'autres états d'Europe, le plus souvent dans un registre Black Metal. Et, comme tout bon musicien prolifique, le voilà qu'il se lance dans un projet solo répondant au nom de Nubivagant, qui sortira son premier album le 30 septembre prochain chez Amor Fati Productions. Le titre One Eye Upon The Grave a été mis en ligne il y a quelques jours et il dévoile une identité assez particulière : sur un black metal down tempo assez répétitif et hypnotique, Omega pose un chant clair aux accent dépressif pour une musique qui annonce un peu avance un mois de novembre morne, gris, froid et pluvieux.
Montaña Sagrada
S.A.D.E : Formé par des musiciens déjà expérimentés de la scène chilienne, Montaña Sagrada s'apprête à sortir son premier EP, The Living Green. Prévu pour le 25 septembre, ce premier effort s'annonce lourd et compact : dans un registre sludge matîné de quelques éléments black, avec un chant agressif et un son de guitare massif et moderne (sans être clinique pour autant), First Flame, le premier titre dévoilé, donne d'ors et déjà envie d'entendre ce que ce nouveau projet a à nous proposer. Les riffs sont bien taillés et bénéficient d'un petit booster en puissance avec l'ajout d'éléments de saturation électroniques qui sous-tendent le morceau.
Echolot
S.A.D.E : Je gardais d'Echolot le souvenir d'un groupe assez apaisant et psyché composant des morceau fleuves très progressifs. Et les premiers instants de Frozen Dead Star m'ont fait croire que Destrudo, le troisième album des Suisses, garderait la même orientation. Jusqu'à ce qu'un chant hurlé et une ambiance poisseuse ne viennent rebattre les cartes : on garde une partie de l'identité déjà développée avec les séquences plus sereines mais clairement Echolot veut explorer d'autres horizons. C'est donc une musique plus ambivalente que semble nous proposer le trio, conservant son savoir-faire sur des sons plus cristallins et aériens tout en arrachant de gros morceau de colère lorsque le moment est venu. Et comme l'assemblage des deux intentions est, tout au moins sur ce premier extrait, vraiment maîtrisé, la suite se fait déjà attendre.
Zeal & Ardor
Matthias: En apprenant que le nouvel EP de Zeal & Ardor s'intitulerait Wake of a Nation j'ai d'abord pensé à une référence aussi subtile qu'ironique à Birth of a Nation, un long-métrage sorti en 1915 et glorifiant le Ku Klux Klan dans une vision aussi raciste que romanesque de l'après-guerre de Sécession. Maintenant que j'en sais un peu plus sur cette sortie attendue pour le 23 octobre prochain, je ne suis plus certain que cette similitude soit intentionnelle. Mais elle n'en dessert pas le propos : Manuel Gagneux s'est inspiré des violences policières à forte connotation raciste qui déchirent les États-Unis depuis la mort de George Floyd, comme en témoignent les titres des deux morceaux qui viennent d'être dévoilés, "Vigil" et "I Can't Breathe". Un ancrage dans l'actualité qui, évidemment, attire le éructations de ceux qui ne veulent pas comprendre qu'un projet musical qui a consacré deux albums à la traite négrière et à l'esclavage des Noirs puisse exprimer une opinion tranchée sur ce genre de faits...
"Vigil" prouve que l'artiste suisse est toujours capable d'envolées vocales qui ont fait le succès de Zeal & Ardor, ici dans un registre soul sous fond d'une discrète instrumentation au piano. Calme mais pas sereine, la piste est chargé d'émotions avec son refrain reprenant les derniers mots des -trop nombreuses- récentes victimes de policiers américains. "I Can't Breathe" reprend le principe et l'étend à des extraits d'interviews ou d'interventions médiatiques sur une rythmique à la fois plus blues et plus martiale. Composé dans l'urgence, Wake of a Nation est indissociable de l'actualité, et en souffrira peut-être à moyen terme. Je vois mal où le compositeur glisserait les éléments typiques du black metal qui ont fait le succès de ses deux albums dans une œuvre aussi brûlante et directe, de même d'ailleurs pour les références au vaudou ou au satanisme. Socialement et politiquement, le message de cet EP est plus que nécessaire ; au risque que son impact artistique en pâtisse.
Macabre Omen
Matthias: Cinq ans déjà depuis la dernière véritable sortie de Macabre Omen, l'excellentissime Gods of War - At War ! Avec, en guise d'amuse-gueule pour patienter avant le prochain service, une simple reprise de Bathory dans le cadre d'un split avec Nachtfalke en 2018. Mon enthousiasme a toutefois été vite remis à sa place, face à la réalité : ce n'est pas un nouvel album qu'Alexandros Antoniu a sorti le 28 août dernier, mais un EP de sept titres intitulé Anamneses, et qui regroupe principalement des réenregistrements d'anciens morceaux sortis sur des splits il y a une vingtaine d'années de cela. Dommage, mais je ne bouderai pas cette offrande qui, avec 41 minutes, tient quand même du mini-album, et permettra de découvrir avec une oreille neuve ce qu'était déjà capable de faire le musicien rhodien au tournant du millénaire.
On peut s'en faire une idée avec "Anamneses From The Past (Sirens Calling)", l'éponyme morceau original qui ouvre cette sortie et qui nous offre, somme toute, une recette éprouvée : la voix écorchée d'Alexandros s'accompagne de chœurs pour une piste de 13 minutes rappelant assez les moments les plus introspectifs de Gods of War - At War, tout en traçant une légère parenté avec Kawir dans la composition. Entrecoupé d'un intriguant passage de chant des sirènes auxquelles Lindy-Fay Hella (Wardruna) prête sa voix, le morceau s'enrichit aussi des caméos de l'Héllène de référence Sakis Tolis (Rotting Christ) mais aussi de la très belle voix d'Antonis Antoniou, le père d'Alexandros, auquel il a déjà dédié plusieurs morceaux. Anamneses ne déroutera pas les fans de Macabre Omen, ni ceux de la scène grecque en général, mais cet EP constitue un très réussi retour aux sources pour une formation dont on aimerait plus souvent voir la voile poindre à l'horizon.