Le phosphore éclate. D’énormes cors cuprifères arrachent le mutisme de ce temple obituaire, ce temple enfoui, millénaire, aux milles piques mordorées qui dardent de leurs embouts ces chairs glorieuses, homériques. Des harmoniques rugueuses, tudesques, empreintes pourtant d’une volupté charnelle, cuprique somptuosité. Les corps y pénètrent en une luisante déflagration ; des corps-photons, des corps halés. La rythmique éclot à même ces corps volubiles, comme prise d’un frisson interne, un battement s’ordonnant aux seules inflexions des cuivres d’ambre. Une pesanteur rêche capture les membres, mais l’inertie sera impossible : elle s’arrachera au prix d’une déflagration, d’une coulée d’instincts bruts qui éviscèrera le silence. Un incendie, une éruption cutanée, empruntant le cuivre teutonique obombré comme le souffle de Borée.
Car ces chairs sont éprouvées, affermies par les ombres lacérées. Un élan légendaire, une cinèse rassemblent ces hommes en un être nouveau, une forme d’airain à la forme grouillante et hasardée. Un vitalisme dressé impérieusement, comme discipline ; une discipline non de fer noir mais d’or plaqué, l’or et son éclat inconstant et capricieux, un or de dédain, comme une lumière sujette aux pulsions vitales de la nouvelle chair, éjaculant à chaque occasion les germes de cet ascète misérable, ce pantin stoïcien niant les ardeurs captieuses de l’ivresse.
Et les chairs pénètrent, et le phosphore éclate. Et Bölzer se souvient.
Il se souvient que l’on ne peut éprouver cette terre, fouler ces champs sans entendre les morts entonner les leurs d’une voix fertile, des quintes épiques dont la diégèse serait ce monde inverti où les cendres dansent. Mais le sol devra attendre, et le sol attendra. Alors Bölzer foule, et hurle ces airs jusqu’à s’époumoner ; des airs élégiaques mais tout à fait dénués de peine. Bölzer se souvient de cette déontologie martiale, de cette fureur guerrière passée ; celle qui se logeait dans la pulsion primaire, au creux de l’instinct somatique. Il se fait témoin, en chacun de ses gémissements, de sa perte inexorable. Mais Bölzer crache sur l’éthique et sa sanité, cette hygiène tuméfiée porteuse d’une crasse inertie. Il abhorre l’existence feinte, ignominieuse, glaire à même ses ancêtres défunts, inorganiques, ceux qui ont lâchement rejoint les sous-sols de ce cénotaphe aux ornements phalliques.
Pourtant cet esprit demeure. Il échoit à ces nouvelles formes du vivants, ces nouveaux corps, avec une urgence supplémentaire. Bölzer, c’est cette décharge torrentielle, ce vertige érotique extraordinaire, sanctifié dans la douleur, sanctuarisé en volume dans ce nouveau temple des chairs. Un vertige érotique, une verticale qui, pénétrée dans ce cénotaphe, l’espace d’un choc orgiaque, de cet affrontement aux muscles oints de l’huile ordalique, comme interpénétrés horizontalement, s’est vu consacrée en une semence d’une espèce nouvelle, des propriétés métamorphiques du phénomène même de la carnation.
Alors Aura l’émulsion vindicative, l’éclat sidéral et sidérant. Soma les désirs frustrés, l’incapacité d’une pleine motricité somatique, la chair et l’esprit en conflit, comme discordante. Hero ce point de couture trouvé, cet axe tonnant consacrant sa propre mythologie. Lese Majesty, lui, serait le premier engendré ; celui qui, à sa manière, perpétue en marchant sur les idoles qu’il a lui-même semé. Cet héritier, Aestivation le tutelle, en un linceul nocturne ; une renaissance symbolique, scellée par les étoiles, d’une géniture autoenfantée, un accouchement dans l’ignescence des chairs, un avatar de l’émulsion.
Et Bölzer le métamorphe fut à nouveau. Bölzer fut, et la chair se fit brasier astral, grand éclat des corps. Un brasier au crépitement baroque et boursouflé, un orchestre immense dont les harmoniques généreuses irrigueraient les déserts d’une vie insatiable, coulant sur le sable, percutant les ergs ; des sons libres et pressants qui zébreraient la toile statique des cieux. Et un écho diffus et permanent, qui stériliserait le silence.
A synergy of earth and mind ablaze !
Tracklist :
1. A Shepherd in Wolven Skin
2. Æstivation
3. Into the Temple of Spears
4. Ave Fluvius! Danú Be Praised!