T'façon, je préfère Aphex Twin.
Depuis 2014 et la sortie de son mythique album I Am King, Code Orange et son Metal Hardcore / Beatdown industriel n’a cessé de convaincre et rallier à sa cause autant les professionnels de la scène que les fans de musiques extrêmes d’un peu tous les bords.
Si I Am King a donné la chance aux natifs de Pittsburgh d’installer un son primitif et Forever d’explorer avec toujours plus d’intelligence et de lourdeur cette patte sonore qui construit peu à peu leur légende, Forever attestait également (avec des titres comme Dream2 ou Bleeding In The Blur) d’une orientation de Code Orange vers la création d’ambiances machiavéliques d’inspiration industrielle pour mieux épaissir son Metal Hardcore. Une prise de risque toujours payante que les groupes de Hardcore semblent encore peu enclins à s’offrir, exceptés, peut-être, Harms Way ou Jesus Piece.
La suite, on la connaît : signature chez Roadrunner Records, nomination aux Grammys, programmation à Coachella, des invitations sur les tournées de Slipknot ou Gojira. A l'évidence, Code Orange est sur une pente ascendante avec un buzz qui risque bien d’atteindre sa supernova avec la sortie de ce troisième effort.
Underneath est en effet démesuré, audacieux, novateur et peut-être l’album le plus radical produit par Code Orange.
La première (et pas la dernière) chose qui éclate à nos oreilles, c’est la production.
Dans le même esprit qu’un casse-tête sonore Igorrr-ien où le désordre côtoie la réflexion, Code Orange apporte un soin colossal au son de Underneath. En atteste le chaos organisé qui caractérise le début de l’album avec des titres comme Swallowing The Rabbit Hole ou encore In Fear. Deux pistes représentatives de la précision millimétrée dans laquelle les samples, les glitchs et autres bizarreries que peut apporter la MAO, s’entrechoquent sans jamais tourner au bordel indigeste.
Oui, Underneath invoque indubitablement le spectre de Slipknot. Citons les titres Last Ones Left ou Back Inside The Glass se targuant d’un groove imparable grâce au travail de sampling qui fait écho direct à tout le travail des masqués de l’Iowa. Fort heureusement, Code Orange évite la parodie et tend plus vers une version 3.0 de Slipknot, bourrée de bugs et de crashs, pour offrir finalement l’album que Slipknot aurait pu produire fût un temps mais qui n’a jamais atteint son potentiel de destruction après Iowa.
Que les amoureux de la violence bi-neuronale de Code Orange se rassurent, la brutalité hardcore du disque dépasse largement les frontières classiques d’un Slipknot pour aller tapiner dans à peu près toutes les bonnes idées de genres plus extrêmes. Quand Code Orange n’est pas occupé à largement faire honneur à l’apocalypse du son de Dillinger Escape Plan/Converge sur le titre Erasure Scan, le groupe grinde allègrement son hardcore avec des incurssions Death Metal.
Aucun doute que Code ne restait pas en coulisses lorsque Gojira jouait sur scène lors de leurs tournées communes. Les drums de You And You Alone glaceraient le sang de Mario Duplantier devant l’influence que son jeu a pu apporter sur le son déjà sans pitié des petits jeunes de Pittsburgh. De son côté, Cold Metal Place fout les pieds dans un bourbier beatdown qui renverrait presque Knocked Loose à la crèche pour y manger ses crottes de nez. C'est bien simple, Code Orange surpasse tout ceux qu'ils tentent d'imiter.
Très cinématique, le son de Code Orange ne se contente pas d'être seulement un pressoir à boites craniennes tout du long. Une tendance se fait à la moitié du disque. Un virage plus explorateur affirmé et assumé par le groupe. Par l'intermédiaire de la voix déchirante de Reba Meyers sur des titres comme Sulfur Surrounding ou l'incroyable A Sliver, Code Orange engage son processus de réhumanisation de ses mélodies. Ces mêmes mélodies passées à la moulinette plus tôt dans l'album pendant sa phase apocalyptique. Code Orange se réapproprie la torture informatique des premiers titres pour y injecter des structures plus simples à la limite de la pop pour enchaîner les tubes accrocheurs et inspirants comme les plus grands savent le faire, Type O Negative et Nine Inch Nails en tête.
En concluant avec Underneath, premier single publié par le groupe et dernière titre de l'album, Code Orange centralise une bonne fois pour toutes sa nouvelle direction artistique en se faisant le défenseur d'un hardcore qui n'a pas la crainte d'explorer ses plus profondes émotions de frustration à l'aide de l'informatique. Une réponse sonore au tout 2.0 en utilisant contre elle ses propres armes pour retrouver un semblant d'humanité, tombée depuis bien longtemps dans le trou sans fin de l'hyper-informatisation de notre identité.
Tracklist:
1. (deeperthanbefore)
2. Swallowing The Rabbit Hole
3. In Fear
4. You And You Alone
5. Who I Am
6. Cold Metal Place
7. Sulfur Surrounding
8. The Easy Way
9. Erasure Scan
10. Last Ones Left
11. Autumn And Carbine
12. Back Inside The Glass
13. A Sliver
14. Underneath