U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Alors qu'U-zine s'est récemment penché sur le cas de From afar que l'on a apprécié (mais qui divise fans et journalistes), il nous semblait bon de revenir sur la source du succès (lui incontestable) d'Ensiferum. De nos jours, le Folk et le Viking sont omniprésents dans le monde du métal. On voit en effet fleurir aux quatre coins de l'Europe les Heidenfest, Pagan Fest et consorts... Mais, au fait, qu'est ce que le Viking Métal ? Serait-ce de la musique agressive, pataude qui vient violer vos tympans et piller vos oreilles ? Pas seulement ! Le viking métal, et plus largement le folk, est un subtile condensé d'un métal rapide, incisif et de mélodies épiques. Ensiferum n'échappe pas à ces préceptes et est rapidement devenu une référence du genre sur la scène internationale. Le groupe, fondé en 1995 par Markus Toivonen rejoint par la suite par le virtuose Jari Maënpää, combine à merveille le folk, le power et le death métal sous une même bannière.
Tout au long de cet opus, on retrouve la volonté des finlandais de trouver le juste équilibre entre un métal rapide et agressif et des éléments folks traditionnels. "Token of Time" illustre à merveille mes propos avec ce break à la guitare acoustique. Le jeu de guitare est également remarquable sur l'ensemble de l'album. Jari, à tout juste 20 ans, témoigne d'habilités absolument incroyables tant d'un point de vue purement technique, mais également dans la composition. Une telle maturité n'étant pas si fréquente. Ses plans en sweep picking sont d'une fluidité exemplaire. Malgré tout cela, on retrouve certaines pistes qui sont exemptes de solos ce qui témoigne de l'absence d'un penchant démonstratif que revêt parfois la scène nordique. Le solo n'étant pas un aboutissement de la composition mais un passage forcé.
En ce qui concerne les paroles, Ensiferum est très inspiré par les contes de guerriers ou bien encore le monde "Fantasy"."Windrider" et "Little Dreamer" notamment sont très poétiques. On retrouve dans cette dernière l'histoire d'un jeune homme qui lutte tout au long de son voyage à travers la vie adulte. Rien de très original pour un groupe de folk me direz-vous... mais l'effort est significatif pour un rendu d'autant plus détonnant.
L'album démarre par une introduction progressive à la guitare acoustique. Petit à petit les instruments viennent s'incorporer à la musique pour transformer ce petit son étrange et répétitif en une jolie mélodie. Le folk a cette capacité de nous faire voyager dans le temps. Tout au long de cet album on ne fera que penser à tous les films d'aventures médiévales et autres épopées moyenâgeuses. Un album mélancolique dont l'introduction n'est que le prémisse.
C'est alors "Hero in a dream" qui prend le relai. Cette chanson est une combinaison d'éléments folks plutôt funs (petites mélodies) et de riffs très rapides à rapprocher du death metal. La voix de Jari est aigüe, puissante et tranche à merveille avec les refrains, chantés en choeur, renforçant ce côté Viking et épique du cocktail. Au milieu de la chanson, on retrouve le pêché mignon d'Ensiferum, à savoir des breaks qui ralentissent le rythme des chansons avant de repartir de plus belle. L'utilisation de grunts sur les couplets et de voix claire lors de ces breaks renforce cette distorsion. Si cela ne me dérange pas du tout, je conçois volontiers que le changement de rythme lorsque Jari chante "Slash of the golden sword" est assez étrange. Mais au final, on s'y fait.
C'est alors que "Token of Time" vient résonner dans nos oreilles. Première chanson du groupe que j'ai eu l'occasion d'écouter. Il est difficile pour moi d'utiliser autre chose que des superlatifs tant cette chanson est juste. Le rythme y est plutôt rapide, comme galopant. On y retrouve tout ce qui fait le charme de la musique des finlandais, à savoir ces riffs de guitare à vous briser les cervicales accompagnés de subtiles mélodies (et d'un solo court mais tout bonnement excellent !). Les breaks à la guitare acoustique quant à eux sont fort plaisants sur cd mais ne donnent absolument rien en live. Toujours est-il que cette chanson est une des plus réussies de l'album.
Guardians of fate est la chanson la plus rapide de l'album et probablement la plus intense. Dès le début, Janne s'amuse avec sa double pédale pour donner un rythme prononcé à la chanson. Impression qui est renforcé par le jeu entre la ride et le charleston. Le travail sur la batterie est conséquent sur cet opus. Les choeurs sur le refrain, le petit break à la guitare, ce jeu de batterie intense... Les ingrédients d'un cocktail détonnant. D'autant plus que cette chansons s'avère être l'une des meilleures du groupes en live. L'occasion pour chacun de sortir ses plus beaux mouvements de danse.
Le rythme retombe dans "Old Man (Väinämöinen)" qui se veut plus folk que metal au final. Il faut attendre le milieu de la chanson pour entendre Jari s'égosiller dans un tonnerre de blast beats. Néanmoins, très vite on retrouve cette guitare acoustique et des breaks incessants. Cette chanson est le point noir de l'album à mon sens. Tout d'abord quant au placement, c'est à dire juste après la chanson la plus rapide de l'album. De plus, on retrouve le même écueil que pour Treacherous Gods, à savoir ce manque de cohérence de la composition. Cette chanson est une des plus anciennes du groupe puisqu'elle provient d'une démo de 1997. C'est peut-être une des raisons de cette faiblesse. Néanmoins, force est de constater que les compositions de Jari Maenpää, comme pour Wintersun, ont toujours été complexe et multi-structurelles venant parfois mettre à mal une certaine unité.
"Little Dreamer (Väinämöinen, Part II)" relève du même écueil. Egalement issue d'une démo de 1999, elle est la seconde partie de la chanson précédente. Bien qu'un peu répétitive, son introduction est une des meilleurs de l'album. Le rythme y est galopant, enivrant. Un modèle du genre. De riffs heavy en blasts le groupe change beaucoup de rythmes dans une composition au final très agréable. On retrouve ici les éléments qui préfigurent à l'ensemble de la discographie d'Ensiferum dont le break en choeurs qui nous rappelle la géniale "Tumman Virran Taa" du dernier opus du groupe.
Si l'album est globalement très bon, il reste hétérogène. Si Windrider est excellente avec ce break où la batterie nous fait bouger jusqu'à perdre équilibre, Treacherous Gods et "Abandoned" sont, au fil des écoutes, un peu faiblardes. La première, bien qu'épique, ressemble plus à un agglutinement de riffs sans cohérence réelle qu'à une chanson structurée et progressive. Néanmoins, j'aime beaucoup le style de la chanson qui débute par un riff de guitare assez commun (dans les mêmes tons qu'un My Friend of Misery des Four Horsemen) mais surtout un "The land is silent..." ... "before the storm! qui lance les hostilités ! On reconnaît le côté chevaleresque des paroles d'Ensiferum (qui signifie d'ailleurs Le porteur de l'épée en latin). Une prestation en dent de scie plus on approche de la fin de l'album.
"Battle Song" est une des chansons les plus rapide et puissante de l'album. Avec une brève introduction à la basse (seul moment où on l'entend du cd par ailleurs), c'est une avalanche de décibels qui va tout emporter sur son passage. La chanson est principalement menée par le jeu de guitare, très rapide. Comme tout au long de l'album, le clavier n'est pas trop présent et ne vient pas rendre trop kitsch les compositions.
L'album se termine par Goblin's dance, présentée comme une bonus track. C'est une chanson vraiment étrange. Le son de guitare y est plus lourd, plus gras, bien plus heavy. le rythme y est plus soutenu et d'un coup on entend des flûtes dans des breaks qui donnent envie de danser en rond avec ses amis, pintes à la main. On se croirait dans une taverne, avec Merry et Pippin et les autres cons de Hobbits en rond qui tapent dans leurs mains. Plus je l'écoute, plus j'aime cette chanson. C'est le "tube du Viking bourré" en quelque sorte.
S'il ne fallait en retenir qu'une, je pencherai pour "Guardians of Fate" et son rythme si entraînant. Accompagnés par des choeurs et une double pédale omniprésente, Ensiferum nous gratifie d'une excellente chanson. Cet album est complet, mélodique, recherché, je n'ai jamais trouvé d'équivalent. N'ayons pas peur des mots, Jari Maënpää a fait naître un chef d'oeuvre à la croisée du folk et du death mélodique. Cet album va trôner pour de nombreuses années dans mon top 5.
1. Intro – 1:50
2. Hero in a Dream – 3:40
3. Token of Time – 4:16
4. Guardians of Fate – 3:34
5. Old Man (Väinämöinen) – 5:33
6. Little Dreamer (Väinämöinen Part II) – 5:21
7. Abandoned – 6:50
8. Windrider – 5:41
9. Treacherous Gods – 5:12
10. Eternal Wait – 5:14
11. Battle Song – 3:20
12. Goblins' Dance – 4:29