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On avait laissé Pain Of Salvation avec un EP prometteur mais qui n'avait encore rien de génial qui faisait suite à un Scarsick qui avait grandement déçu. Cet avant dernier album en date souffrait d'un manque d'émotions, ce qui pour ceux qui ne connaissent et apprécient Pain Of Salvation par tout autre(s) album(s), relèveraient de l'inimaginable. Linoleum voyait un Pain Of Salvation dans une nouvelle configuration avec la french touch en plus derrière les fûts en la personne de Léo Margarit (ex-Zubrowska) remplaçant DU batteur du groupe Johan Langell qui avait pris sa révérence courant 2007. L'EP était ainsi rassurant : Pain Of Salvation revenait vers des sentiers qu'on lui connaissait (L'EMOTION) tout en cherchant à ne jamais se répéter avec une touche grosse catchy et Rock'N'Roll assez peu habituel au final. Sachant que ces titres prometteurs étaient voués à finir sur le double album à venir cette année (Road Salt), il y avait de quoi attendre de bonne chose du Road Salt One.
Malheureusement (ou heureusement) de cet EP, n'est tiré que le titre ultra catchy « Linoleum ». On ne peut donc pas vraiment s'y fier pour prétendre de la qualité de Road Salt One. Ce morceau, je le comparerai à un « Scarsick » dans son approche car ils ont tous les deux un esprit direct et tubesque même s'ils sont assez différent au final et que « Linoleum » réussit plus à remplir ce rôle et fera plus facilement chanter et danser les foules en concert avec des refrain chanté par Johan Hallgren et final aussi entêtants. Ce titre n'est pas non plus le seul tube de cet album qui se révèle être un disque, au premier abord, très direct avec des refrains souvent composés simplement des titres des morceaux (« Where It Hurts », « Curiosity »). La touche Rock'n'Roll 60's proche du Swing joue en faveur de cette vision.
Sauf qu'au deuxième abord, Road Salt One révèle sa vraie nature. Celle d'un album très riche et au final bien plus profond qu'il n'y paraît. L'exemple le plus marquant étant surement « No Way » qui commence brutalement par un chant et un rythme très rentre dedans mais qui devient très rapidement une chanson très émotionnelle. Ce ne sont pas « Sisters » ou le triptyque final (« Where It Hurts » assez proche de « Gone » sur l'EP Linoleum, « Road Salt » et « Innocence ») qui diront le contraire. L'ambiance n'est pourtant pas homogène, loin de là. On trouve un peu de tout sur cet album : de la chanson joyeuse à fredonner à tue tête (« Linoleum »), du titre Rockabilly à souhait et remplit d'humour dans la lignée de « Disco Queen » (« Curiosity »), de l'ambiance grand guignol, grandiloquente et méchamment décadente (« Sleeping Under The Stars ») et de la ballade Folklo-Swing (« Tell Me You Don't Know ») pour vous faire un petit tour non exhaustif de l'hétérogénéité de Road Salt One. Pour autant, l'album est suffisamment bien ficelé pour que chaque chanson s'enchaîne bien et qu'elles trouvent chacune leur place. Disons que dans sa grande majorité Road Salt One tient dans sa noirceur (hormis « Tell me You Don't Know », « Linoleum » et « Curiosity »).
Pain Of Salvation a viré totalement hippie (Il faut voir les photos dans le livret avec le groupe dans la nature autour d'un feu de bois) mais garde quand même certaines de ses personnalités comme la voix de Daniel toujours aussi irréprochable techniquement (peut être en fait-il trop par moment comme sur le break de « No Way ») et qui s'occupe une nouvelle fois de la basse pour cet album. Le son des guitares a changé mais pas leurs qualités. Le jeu sur les voix est encore très présent avec plusieurs canons entre Daniel et les choristes (« Linoleum », « Innocence » ou « Curiosity »). Ce qui change, c'est aussi le jeu de Léo qui se révèle bien plus complet que celui de Johan Langell.
La forme change mais le fond reste le même : la musique au profit de l'émotion. Daniel Gildenlow retrouve enfin ce qu'on avait tellement aimé chez lui avec beaucoup d'ambitions. Road Salt One est à mon avis, l'album le plus ambitieux du groupe après Be, bien sûr. Cet album relativement court pour du Pain Of Salvation (cinquante et une minutes) est ce qui s'est fait mieux chez les Suédois depuis Be (encore lui). Ne vous laissez donc pas piéger par cet album faussement direct et Ô combien plus subtile et riche qu'il n'y paraît.
« I wanted to be changed by the road
I so wanted to change the road »
1. No Way
2. She Likes To Hide
3. Sisters
4. Of Dust
5. Tell Me You Don't Know
6. Sleeping Under The Stars
7. Darkness Of Mine
8. Linoleum
9. Curiosity
10. Where It Hurts
11. Road Salt
12. Innocence