Non.
Si le nom d'Heilung ne vous dit rien, c'est que vous n'avez pas poncé les scènes Folk et affiliées à Wardruna. Parmi tous les groupes qui gravitent autour du succès de ce dernier, on trouve Heilung en seconde position avec un récent et franc succès ! Il semblerait que leur passage au Hellfest 2018 ne soit pas passé inaperçu, rassemblant une foule assez conséquente de curieux et d'amateurs de ce style, entre attrait du spectacle et transe. La facette live du projet intrigue forcément ; au moment où j'écris, la vidéo « Full Show » de LIFA (dont l'album live est tiré) atteint plus de 3 millions de vues, et jusqu'à 13 millions de vues pour le titre « Krigsgaldr » seul !
Pas étonnant quand on voit que le groupe arrive à pousser le concept assez loin, en décalage d'un spectacle sobre et solennel de Wardruna par exemple. Le côté martial de Heilung plaît autant que son ambiance de rituel sombre et archaïque. La scène foisonne de petits détails, entre la présence de guerriers en armes ou de chaman, de costumes sophistiqués et tribaux de chaque membre, de leur présence théâtrale convaincante et d'instruments empruntés à des périodes passées voire créés dans des restes animaux ou humains. Le tout est une interprétation musicale et presque psychédélique de l'âge du Fer et de l'ère viking du Nord de l'Europe.
Futha est déjà le deuxième album studio du groupe, qui se revendique toujours d'un style musical qu'ils nomment « Amplified History ». Un terme qui a du sens, à la fois fort et imprécis puisque les cultures, les époques et les interprétations se mêlent pour donner vie à Heilung. Leurs textes sont un mélange de regards poétiques posés sur des événements réels et d'emprunts à des sources directes en leur redonnant vie et en créant autour (textes, pierres runiques, inscriptions sur des armes ou autres objets).
Pour l'album Futha, une force plus féminine s'exprime à travers le chant presque omniprésent de Maria Franz et une inspiration directement puisée dans les poèmes islandais. Ofnir (2015) avait un caractère plus brut et maladroit, ce qui crée un contraste avec Futha. Ce contraste est lié à la progression du groupe, autant dans ses sonorités que dans ses intentions. Ce caractère brut n'est pas sans rappeler les musiques « trance » dans son côté répétitif, les intonations et dans l'usage de sons électroniques. On le rencontre encore quelques fois sur Futha (« Galgaldr », « Elddansurin », « Hamrer Hippyer ») bien qu'il laisse largement s'exprimer des mélodies et des compositions plus sereines et douces.
Le projet a la volonté de créer un sentiment de détente, dans un voyage musical parfois tumultueux. Ces tempêtes sont en effet ponctuées de nombreux titres lents et lancinants dans Futha (principalement les merveilleux « Othan » et « Traust », également « Norupo »). C'est par ailleurs cette facette qui semble la plus aboutie, avec des voix, des chants et des choeurs travaillés et maîtrisés, portés par une instrumentation dense et toujours très simple. Bien que j'aie à chaque fois du mal, au début, avec le beat up-tempo électronique de certains des titres, préférant ces instants de tranquillité tribale, je finis toujours par étrangement hocher de la tête et suivre le rythme. Il y a une certaine confiance qu'on arrive à placer dans le groupe, qui nous fait apprécier ce qu'ils nous proposent sans remettre en question leurs choix car ils semblent très bien savoir où ils vont et où ils souhaitent nous emmener. Le résultat est tel que cela fonctionne complètement.
Des morceaux lents, disions-nous précédemment, et parfois lents, ce qui étend Futha sur une heure et treize minutes ! On ne les voit pas vraiment passer, même les passages d'ambiance ou de poésies déclamées s'incluent relativement bien dans l'album même si la compréhension de la langue manque légèrement pour que le voyage soit entièrement immersif et qu'il ait du sens. Car c'est bien ce qu'on recherche chez Heilung : du sens. Même dans la détente, l'extase ou tout type de comportement qu'on puisse arborer en réponse à leurs titres. Ce n'est pas qu'un spectacle auditif, il y a bien une recherche d'un quelque chose oublié qui ait du sens pour nous, bêtes du XXIe siècle.
1. Galgaldr
2. Norupo
3. Othan
4. Traust
5. Vapnatak
6. Svanrand
7. Elivagar
8. Elddansurin
9. Halrer Hippyer