Courts of Chaos Festival 2019
Avel-Dro - Plozévet
Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Sleap : Contrairement à une bonne partie de l’audience du week-end, c’est la première fois que je mets les pieds au Courts of Chaos. À mon grand dam, j’avais en effet raté les deux premières éditions (ou tout du moins la première et demi) pour diverses raisons, et c’est un vrai plaisir de pouvoir enfin assister à cet événement.
Mis en place il y a maintenant plus de deux ans par les copains de l’association La Vonologie, le Courts of Chaos Festival se tient tous les ans dans la ville de Plozévet au fin fond du Finistère sud. Le mois de mai n’étant pas le plus chargé en termes d’événements musicaux similaires, c’est une aubaine pour beaucoup d’amateurs de Heavy Metal. Et pour couronner le tout, la météo – qui annonçait pourtant de la pluie tout le week-end – se sera une nouvelle fois trompée puisque le temps sera majoritairement ensoleillé !
Merci à Manon, Marlène et aux photographes du Courts of Chaos pour les quelques clichés. Retrouvez tous les autres dans les prochains jours à cette adresse.
Warm Up
Sleap : Cette année, en plus des deux jours de festival dans la salle Avel-Dro, les gars nous ont concocté un warm-up aux petits oignons pour le jeudi soir. Celui-ci se déroule tout simplement sur la place de l’église du village, où a été montée une scène pour l’occasion. Petite régie en face, petit stand de bar sur le côté, et également deux food trucks pour le ravitaillement : le décor est planté.
Fort heureusement pour nous, il y a un léger retard sur le running order initialement prévu. Ainsi, j’arrive sur le lieu juste avant que le premier groupe de la soirée n’entame son set. Il s’agit d’un groupe local nommé Iron Oak. Composée de jeunes d’environ 15 ans, la petite formation de Plozévet va ravir l’essentiel de l’audience ce soir. D’un côté les riverains et locaux qui apprécient de voir leur jeunesse sur scène, de l’autre les festivaliers qui sont agréablement surpris de voir de petits jeunes du coin jouer du Heavy.
Le vocaliste étant absent aujourd’hui, l’un des guitaristes assure le chant comme il le peut et cela ne se passe, ma foi, pas trop mal. Le set se termine en plus sur quelques reprises d’Iron Maiden et Metallica sous les applaudissements fournis du petit public présent. Une prestation honnête et qui a le mérite de mettre les festivaliers en jambe pour la suite des hostilités.
Herzel
Sleap : Quelques minutes plus tard, le groupe que j’attends le plus de cette petite soirée investit enfin la scène. En effet, je dois être ce soir la seule personne du public à ne jamais avoir vu Herzel sur scène. Après un nombre incalculable de concerts ratés, je vais enfin pouvoir savourer leur Heavy épique en live. Pour info, la formation quimpéroise compte en ses rangs pas moins de deux membres de l’organisation du festival, ça ne chôme pas ! Les bretons jouissent en plus d’un très bon son sur cette modeste scène et jouent qui plus est en terrain conquis. Dès les premières notes, le public est à fond et entonne chaque refrain avec autant de ferveur que le frontman Thom.
Avec une seule démo deux titres à son actif, le combo quimpérois a déjà tout le public Heavy français dans sa poche. Je suis d’ailleurs surpris de voir à quel point tout le monde connait le répertoire sur le bout des doigts. Il doit s’agir là du seul groupe dont le public connait l’intégralité des morceaux avant même qu’ils ne soient enregistrés ! Ainsi, je découvre en live les nouveaux titres « à paraitre » dans les meilleures conditions possibles.
Les délicates mélodies de guitare vont également séduire beaucoup de riverains en plus de la masse de festivaliers déjà présents. Ainsi, on voit arriver pas mal de badauds – jeunes comme vieux – qui ont manifestement l’air de bien apprécier le set du quintet. Et le « Vive la Bretagne ! » lâché en milieu de set par Thomas achève de convaincre les plus sceptiques des locaux. Quelques « Jacquies » légèrement éméchés viennent se mêler aux festivaliers mais n’instaurent pas de malaise contrairement à d’autres festivals. Niveau ambiance, tout est parfait ! Les désormais classiques Nominoë et Unis dans la Gloire font évidemment un carton plein, mais dès la fin du set j’ai déjà envie d’entendre en studio les nouveaux titres joués. Herzel est définitivement un groupe à suivre au sein de cette nouvelle « scène française » des années 2010. ON ATTEND L’ALBUM !
Dionysiaque
Sleap : Contrairement à bon nombre de spectateurs ce soir, je ne connais absolument pas le groupe qui suit. Cela fait un moment que je voyais passer le nom, mais je n’avais encore jamais pu jeter une oreille dessus. C’est donc en live que je découvre ce combo alsacien apparemment responsable de la fameuse anecdote du « geste de guerre » qui fit le tour de la France il y a quelques temps.
Musicalement nous sommes dans un Heavy Doom assez traditionnel mais avec quelques relents épiques çà et là. Le son de guitare est hyper clair ce soir et les quelques soli marchent du feu de dieu. Mais les vocaux sont, à mon sens, l’élément véritablement accrocheur, du moins sur scène. La carrure du frontman aux allures d’ours grizzly y étant surement pour beaucoup. Mais vocalement c’est un sans-faute, tant dans le registre lyrique extrêmement grave et résonnant que dans les cris déchirés et les growls d’une profondeur abyssale. Tout comme certains autres groupes actuels tels que Barabbas, j’ai encore du mal avec les morceaux en français, surtout lorsqu’ils sont introduits par un speech tout aussi kitsch. Mais mis à part ça, ce fut une plaisante découverte, à approfondir sur disque à mon retour.
Hexecutor
Sleap : Que dire sur Hexecutor qui n’a pas déjà été dit. Bien que cela soit peut-être la dixième fois que je les vois, j’avoue être bien en manque lorsque les Rennais investissent la petite scène à la nuit tombée. Cela fait un moment que je ne les ai pas revu, et l’attente se fait sentir au vu du public qui afflue de plus en plus sur cette petite place de Plozévet.
Sans surprise, nous allons avoir droit à un set pur jus comme les Bretons savent le faire depuis la sortie de leur album. Macabre Ceremony, Phalanx…, Visitation…, Sorcière du Marais, Hardrockers City, tous les tubes y passent. C’est exactement la même chose qu’auparavant mais ça marche comme au premier jour. Le son est encore une fois un peu trop brouillon, mais vu que tout le monde connait les morceaux (et est sacrément éméché à cette heure tardive) cela ne pose pas de problème. En plus d’un nouveau titre qui ne présage que du bon, Jey se permet de modifier le titre de certains morceaux lors des annonces (« Violée sous les Étoiles », « Hangmen of Plozévet »). Quelques pogos éclatent de part et d’autre, les poings se lèvent sur les refrains, et les têtes remuent sur les nombreux breaks Hard Rock dont seul Hexecutor a le secret. Le tout s’achève avec un rappel sur Metal Witchcraft avant que les lumières ne s’éteignent. Rien à dire, les Bretons ont beau jouer en terrain conquis, ils mettent dans tous les cas une branlée à l’audience. À la prochaine !
Jour 1
Sleap : Moi qui pensais me perdre dans le village entre le lieu du warm up, le camping bungalows où je crèche, et le site du festival, je suis agréablement surpris de l’aisance avec laquelle on peut circuler d’un endroit à l’autre, même avec la gueule de bois. Tout est extrêmement proche et les principaux checkpoints (supermarché, banque, etc.) sont également à deux pas les uns des autres. Ce village est définitivement parfait pour un événement tel que celui-ci !
Tension
Sleap : L’alcool et la fatigue ayant eu raison de moi, je n’arrive sur le festival qu’assez tard, et le set de Tension me passe presque sous le nez. Je pensais au départ qu’il s’agissait du vieux groupe qui avait sorti Breaking Point, mais en arrivant dans la grande salle Avel-Dro je m’aperçois qu’il n’en est rien.
Les jeunes gars n’ont apparemment qu’un EP à leur actif ainsi qu’un full-length à paraitre et en interprètent d’ailleurs une bonne partie. Je n’assiste qu’à la fin de set, mais leur Heavy tantôt Hard Rock tantôt Maidenesque rend extrêmement bien sur scène. Le final sur Hardrocker en particulier est très énergique et me réveille d’un coup. Un bon avant-gout de leur date parisienne juste après le festival !
Electric Shock
Sleap : Cela faisait longtemps que je n’avais pas revu Electric Shock – là encore, contrairement à la majorité de l’audience aujourd’hui. C’est donc avec une impatience non dissimulée que je pénètre à nouveau dans la grande salle. Les Grenoblois ont en plus sorti leur premier full-length entre temps, l’occasion pour moi de le découvrir sur scène.
Pour ma part, c’est la première fois que je vois le groupe sur une scène aussi large. Et, ma foi, les musiciens se démerdent très bien pour investir le maximum d’espace. Le show n’est pas statique du tout, et chacun se démène sur scène comme un beau diable. Ça se déplace de part et d’autre, ça joue côte à côte, à l’opposé, en avant, en arrière, etc. Mention spéciale au jeu de Laurent Buk légèrement teinté de mimiques Bob Vignesques ; et le bougre a même un micro pour assister Marlène aux backing vocals. Coté setlist, en plus du titre de la démo extrêmement burné, je découvre l’album de la meilleure des façons. Les morceaux tantôt Hard tantôt Heavy sont tous fédérateurs, en particulier l’excellent One Night Stand, simple et efficace. J’apprécie également les gros échanges de soli sur Sticky Lips ainsi que le chorus final sur Rock’n’Roll Overdose. Un show ultra énergique malgré un public encore quelque peu endormi. À dans deux jours !
Cadaveric Fumes
Sleap : Show événement pour le second gang Rennais de cette édition du Courts of Chaos. En effet, il s’agit du premier concert de Cadaveric Fumes à deux guitares, un véritable plus lorsqu’on connait la musique du combo. Ruben est donc passé à la seconde gratte, et la basse est maintenant jouée par le vocaliste Romain.
Malheureusement, le son d’aujourd’hui ne va pas faire particulièrement honneur aux compos du groupe. En effet, la basse est bien trop en avant durant la majeure partie du set, et les nombreux riffs tourmentés si typiques de Cadaveric Fumes sont difficiles à discerner. Heureusement, le Death Metal que pratique le groupe reste ultra efficace en live et ne manque pas de faire bouger toutes les têtes de l’assemblée. Personnellement, malgré le son en dents-de-scie, j’assiste à l’un de mes meilleurs concerts de la journée, ni plus ni moins. Cadaveric Fumes est vraiment dans le top des groupes de Death français actuels et les gars n’ont que de beaux jours devant eux.
Angel Sword
Sleap : Le nombre hallucinant de copains présents sur ce festival me fait rater une bonne partie du show d’Angel Sword. Mais je suis assez surpris par le peu auquel j’assiste. Les jeunes finlandais ne pratiquent absolument pas de Heavy épique comme leur nom et leurs t-shirts le laissaient présager, mais bien un Heavy burné à l’anglaise rappelant parfois le Priest ou même Motörhead selon les morceaux. Le batteur se charge également des backing vocals et nous gratifie de pas mal de rythmiques D-beat hyper groovies. Là encore, je m’en ferai une meilleure idée lors du show parisien en rentrant du festival, mais très bonne surprise !
Amulet
Sleap : Voici maintenant venir l’une de mes principales attentes du festival. Après les avoir raté un nombre incalculable de fois, je ne sais plus du tout qui est toujours dans le line up. Mais une chose est sure, la configuration de ce soir n’a rien à envier aux précédentes. Dès les premières minutes, le nouveau chanteur fait preuve de ses puissantes capacités vocales, et ce malgré le son de son micro bien trop en retrait.
Amulet figurent pour moi parmi les meilleurs riffeurs de la scène Heavy anglaise actuelle. Leurs influences Angel Witch et maintenant Iron Maiden sont évidemment à couper au couteau, mais je n’en demande pas plus ! Le set d’aujourd’hui est justement composé en très grande partie de nouveaux titres, tous plus Maiden les uns que les autres, et l’excellente demo est quasiment passée sous silence. Nous n’avons droit qu’à un petit Running out of Time. Mais je ne boude pas mon plaisir, le nouvel album n’annonce que du bon. Le public est encore assez disparate mais totalement à fond dans les premiers rangs, notamment sur les tubes Mark of Evil et Bloody Nights. J’ai enfin vu Amulet, et, même si je pinaille un peu, il s’agit pour l’instant de mon concert du jour. Pour l’instant…
Necrowretch
Sleap : Tout comme pour les nombreux autres groupes français présents à l’affiche, j’étais vraiment en manque de Necrowretch sur scène. Pourtant, cela doit faire également une bonne dizaine de fois que je vois le groupe, mais la sensation est toujours identique. De plus, il s’agit aujourd’hui du dernier concert de Kevin à la seconde guitare. Malheureusement la qualité sonore s’avèrera encore une fois assez médiocre durant la prestation des Français. Même en connaissant la setlist par cœur, je peine parfois à discerner certains riffs tant le son est brouillon. Cela ne m’empêche évidemment pas d’apprécier, tout comme ceux qui s’en donnent à cœur joie dans le pit, mais ce n’est clairement pas le concert que je retiendrai le plus… Ah, et ce n’est pas mon genre de mentionner ça par écrit, mais les gens qui pètent pendant les concerts sont vraiment les plus détestables des individus…
Jag Panzer
Sleap : Je me permets une pause bouffe / alcool / retrouvailles / merch et autres joyeusetés pendant le set totalement inattendu de Avulsed. On ne m’en voudra pas. Bien que j’aie pendant très longtemps écouté les Espagnols, je ne comprends pas tellement leur place sur une affiche telle que celle-ci. Cela me permet en tout cas de revenir en pleine forme pour le concert le plus attendu de la journée : les vétérans de Jag Panzer ! Après la claque monumentale que j’avais prise au Bang your Head 2015, je trépigne d’impatience de revoir les Américains sur scène, en particulier pour une seule et unique raison : Harry Conklin. C’est bien simple, je ne crois pas avoir entendu un aussi vieux vocaliste chanter avec une voix aussi puissante qu’il y a 35 ans. Loin devant les Zouille et autres Brian Ross.
À son arrivée sur scène, je mets un long moment avant de le reconnaitre. Le bougre s’est en effet laissé pousser une longue tignasse qui ne grisonne d’ailleurs pas d’un poil. Et en entendant ses vocaux j’ai même cru à un nouveau chanteur. Que nenni ! Il s’agit bien là du Tyrant en chair, en os, et surtout en voix. Quelle voix, mes aïeux ! Celle-ci est encore plus surpuissante que dans mon souvenir d’il y a quatre ans. Comment peut-on avoir un tel coffre et une telle justesse à 57 balais, je vous le demande. Je suis tellement bluffé que même les nouveaux morceaux passent comme une lettre à la poste.
Mais c’est véritablement la doublette Licenced to Kill / Harder than Steel que me met à genoux. Mes deux morceaux favoris du groupe, enchainés d’une traite, que demande le peuple ! La plupart des fans reprennent en chœur les paroles, mais le public est néanmoins composé d’un certain nombre d’éléments perturbateurs. En effet, dernier show de la soirée oblige, beaucoup de festivaliers sont totalement saouls et font absolument n’importe quoi dans la fosse. Ça pogote, ça balance sa bière en l’air, ça saute, ça fait la ronde, ça se casse la gueule sur les autres, etc. Pas de doutes, nous sommes bien au Hellfest, ou tout du moins au Motocultor, pour rester en Bretagne… Fort dommage. La qualité de l’audience est inversement proportionnelle à la qualité du show des ‘ricains. C’est vous dire si le groupe assure en live ! La prestation se termine d’ailleurs sur un rappel du feu de dieu : Warfare / Generally Hostile dont les chorus sont scandés par toute la salle. Bien qu’Ample Destruction n’ait pas été joué en entier pour les 35 ans de l’album, Jag Panzer vient tout de même de nous offrir le concert de la journée, et ce malgré un public plus que limite. Chapeau !
Jour 2
Sleap : Le DJ set du camping combiné à diverses substances éthyliques aura une nouvelle fois raison de moi en cette seconde matinée de festival. Ainsi, je rate lamentablement deux groupes français que j’attendais pourtant avec impatience : Enokhian et Silver Machine, tous deux encore inconnus au bataillon me concernant. Dommage…
Mortal Scepter
Sleap : Heureusement, l’autre groupe français de ce second jour de festival ne me filera pas entre les doigts. J’avais déjà pu voir les Nordistes de Mortal Scepter il y a quelques années alors qu’ils venaient de sortir leur premier EP, mais je vais prendre une monumentale claque en voyant à quel point le groupe a progressé depuis. Avec un premier album à son actif, sorti chez l’ami Dave Rotten – ayant justement foulé cette même scène la veille –, le quatuor déboule et nous assène d’emblée le titre éponyme du full-length.
Et, seigneur dieu, quelle assurance ! Malgré le son encore aléatoire, le tout est extrêmement compact et direct. Nous sommes loin du Thrash catchy et mélodique pratiqué par bon nombre d’autres (excellents) groupes. Ici, pas le temps de niaiser, tout s’enchaine à la vitesse de l’éclair. Les riffs acérés © de Lucas et Maxime taillent tout en pièce et sont servis par une rythmique ultra fournie de la part du batteur. Et que dire des duos vocaux entre Lucas et Valentin. Selon les morceaux, les deux alternent l’un après l’autre et se complètent même parfois lors de certains chorus ultra énervés.
L’attitude sur scène est absolument parfaite. Ça headbangue du début à la fin, ça se déplace juste ce qu’il faut, quelques regards noirs vers le public et c’est tout. Très peu de communication pour un maximum de puissance. Et le public le rend bien avec un pit qui s’ouvre instantanément sur le terrible Perish with the Flesh, ou encore des chorus scandés par les fans sur l’énorme Violent Revenge. Je suis tout simplement abasourdi par le chemin qu’a parcouru Mortal Scepter en si peu de temps. Assurément l’un des highlights du festival !
Le nombre de copains au mètre carré étant définitivement trop important, je déambule sous les néons © pendant les prestations de Ravensire et de Korgüll, deux groupes de la péninsule ibérique totalement opposés musicalement parlant. Mais je prends le temps de découvrir le premier, un Heavy épique aux relents Doom assez sympa. Le Thrash aux accents Aura Noiresques des seconds ne me marque en revanche pas plus que ça. Je préfère rester sur mon premier souvenir lorsqu’ils avaient joué dans une toute petite salle punk de Montpellier il y a quelques années. Par contre, s’il y a un groupe de Thrash qu’il ne fallait pas louper ce week-end, c’est bien…
Nekromantheon
Sleap : J’admets ne pas être vraiment impartial lorsque je parle de ce concert, tant les Norvégiens partaient déjà gagnants avant même que leur set ne débute. Il s’agit en effet d’un des groupes les plus attendus du festival, et une bonne partie du public est déjà dans leur poche lorsque les quatre gus arrivent sur scène.
Et la boucherie commence sur Coven of the Minotaur pour mon plus grand plaisir. Je ne pense pas qu’il y ait meilleure ouverture pour un show de Nekromantheon : intro marquée presque inquiétante puis avalanche de riffs tous plus catchies les uns que les autres. En revanche, nous sommes évidemment très loin du degré de « catchiness » de leurs compatriotes de Deathhammer ou de Black Magic. Ici, le Thrash est brutal et sans répit. Les têtes remuent, les poings se lèvent au son des riffs, mais le tout reste extrêmement opaque et dense. Un véritable mur de son ! Et moi qui m’attendais à une sono catastrophique au vu des précédentes prestations, je suis totalement bluffé par la qualité sonore du set des Norvégiens. Bien que j’aie encore de petites choses à redire, c’est une agréable surprise.
L’éponyme de Divinity of Death est repris par de nombreux fans dans la fosse, mais pour ma part j’exulte sur les morceaux de Rise, Vulcan Spectre. À ma grande joie, la part belle est faite à ce second album avec notamment des Blood Wisdom et un final monstrueux sur le titre éponyme. Mais en plus des quelques nouveaux titres interprétés, la véritable mandale du concert est réservée pour le rappel. Les Norvégiens nous assènent un ultime uppercut avec une reprise de Chemical Warfare tout simplement apocalyptique. Dès le riff d’intro, le pit, déjà hors de contrôle depuis le début devient un véritable champ de bataille. L’un des plus grands groupes de Thrash de tous les temps repris par l’un de meilleurs groupes de Thrash actuels, ça laisse des traces… Sans aucune surprise, je viens d’assister au concert du festival, et de très loin !
Alien Force
Sleap : Quelle lourde tache que de remplacer un nom du calibre d’Agent Steel. Surtout lorsqu’on est un vieux groupe Heavy de troisième zone qui se reforme trente ans plus tard. Et en particulier lorsqu’on doit passer juste après LA claque du week-end. Mais malgré tous ces paramètres, Alien Force va parvenir à convaincre bien des festivaliers en cette dernière soirée de festival. Moi qui apprécie sans plus le premier album des Danois, je me surprends à taper du pied et même à chanter les chorus dès l’ouverture sur Night of Glory.
Le line up n’a quasiment pas bougé depuis plus de 35 ans, et les bougres ont toujours l’air en forme. Assez sobre tant pour le jeu de scène que pour la communication, le quatuor arrive rapidement à fédérer une bonne partie du public. Je suis vraiment surpris du chaleureux accueil que lui réserve l’audience, notamment dans les premiers rangs. Évidemment, tous ceux qui s’attendaient à un Heavy Speed testostéroné peuvent passer leur chemin, mais en attendant, leur son sur scène est quasi-identique à celui des albums, même trente ans plus tard. Mention spéciale à la voix du frontman qui a gardé tout son grain.
Coté sono, il y a malheureusement trop de basse pendant une bonne partie du concert. Mais le Heavy « de daron » que pratiquent les Danois n’est heureusement pas des plus techniques, et on parvient à apprécier le set sans trop de difficultés. Celui-ci se termine sans surprise sur Hell and High Water, titre éponyme du premier album repris en chœur par toute la salle. Bien que je ne sois pas encore remis du show de Nekromantheon, la prestation honnête d’Alien Force passe finalement assez bien.
Tokyo Blade
Sleap : Et il est déjà temps d’accueillir le groupe de fermeture du festival. Il s’agit de l’une de mes principales attentes après avoir raté tant de fois le groupe sur scène. Et j’avoue que je ne sais pas quoi penser d’après les récits de nombre de mes collègues. Tantôt nulle, tantôt géniale, la qualité des sets de Tokyo Blade semble exclusivement conditionnée par la personne derrière le micro. Et après les innombrables sets spéciaux que le groupe a pu donner sur différents festivals ces dernières années, je ne sais pas du tout si nous aurons droit à un jeune chanteur, à celui du second album, ou même à celui du premier. Ce sera donc pour moi la surprise…
Verdict ? C’est Alan Marsh, tout premier chanteur du groupe, qui est là ce soir. Et nom d’un chien qu’est-ce qu’il envoie ! Tout comme le vocaliste original de Jag Panzer hier soir, Alan Marsh va littéralement bluffer l’auditoire tout entier avec une voix ultra puissante et ultra juste pour son âge. Les deux têtes d’affiches du festival auront définitivement fait voler en éclat les circonspections les plus enracinées. Quelle voix, mais quelle voix ! C’est d’ailleurs dommage que celle-ci ne soit pas plus en avant dans le mix général. Le son est encore une fois assez irrégulier. Mais qu’importe, les Anglais ont la foule dans leur poche. La setlist est en plus composée quasi-exclusivement de titres de la première moitié des 80’s. Arrivée flamboyante sur Sunrise in Tokyo, puis avalanche de tubes tout aussi puissants. En plus de quelques nouveaux titres, on enchaine les Someone to Love, Dead of the Night, Lightning Strikes, Mean Streak, Fever, Death on Main Street, Midnight Rendezvous, Warrior of the Rising Sun, et j’en passe… Je n’aurais pas dit non à un petit Powergame, mais la setlist est royale, impossible de chipoter !
Le set des Anglais souffre d’un problème de batterie assez récurrent, mais les vétérans parviennent à meubler le tout avec de magnifiques soli pour faire patienter le public. Et parlons-en du public. Tout comme pour Jag Panzer hier, la fosse est peuplée de primates qui n’ont aucune idée de ce qu’ils font là. Ça pogote, ça jump, ça se viande sur les autres en renversant sa bière, etc. Bref, la cour des miracles… Heureusement que le set de Tokyo Blade est irréprochable pour faire passer la pilule. Le tout s’achève d’ailleurs sur l’ultime Night of the Blade suivi d’un magnifique rappel sur l’incontournable If Heaven is Hell. La quasi-intégralité de la salle reprend le chorus ultra fédérateur avant que le groupe ne tire sa révérence. Malgré le public pour le moins attardé, je passe évidemment un excellent moment. J’ai enfin ma propre opinion sur Tokyo Blade, et elle est définitivement positive !
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Sleap : Cette deuxième édition du Courts of Chaos est donc couronnée de succès. Pour ma première fois au festival, je dois dire que j’en ai apprécié chaque seconde, tant pour les prestations des groupes (affiche encore une fois exemplaire) que pour le festival en lui-même et le nombre hallucinant de copains présents. Les bières locales ont visiblement plu à tout le monde – vu qu’il a apparemment fallu commander de nouveaux futs avant la fin du festival tant le stock du bar a été dévalisé. Les galettes-saucisses et autres crêpes ont également eu beaucoup de succès grâce à d’excellents bénévoles et à un prix ridiculement bas. Je mentionne également l’un des éléments les plus essentiels d’un fest digne de ce nom, à savoir l’after DJ set sur le camping. Concocté par Lisa et Axel, l’assortiment de vinyles Hard / Heavy / Speed old school en a fait se trémousser plus d’un. Enfin, les nombreuses difficultés pré-festival auxquelles ont fait face l’équipe de l’événement ont toutes été surmontées avec brio. Chapeau bas à Ion, Kevin, Thomas, Paul et toute la bande du Courts of Chaos pour un festival mené d’une main de maitre de bout en bout. C’était ma première fois et je re-signe sur le champ pour une nouvelle édition !