"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
4 albums avec un unique morceau de plus de 50 minutes, 2 EPs reprenant un format équivalent, 2 albums avec chacun 3 morceaux de 15 minutes, un 7ème album avec 7 morceaux de 7 minutes… Monolithe, en studio, travaille ses formats de manière bien calculée et codifiée. Mais malgré ces architectures particulières, Monolithe est aussi une formation qui se produit sur scène. Et doit s’adapter un tantinet, même si ses 3 derniers opus lui « facilitent » un peu la tâche quand il s’agit de monter une setlist, avec toutes les contraintes que ça implique sans compter celles de l’organisation des concerts. Après 18 ans de carrière, Monolithe nous propose donc son premier album Live, quelque chose que l’on aurait pas imaginé dans sa discographie il y a encore quelques années, ou alors sous la forme d’une performance. Monolithe a donc capté sa prestation donnée aux Feux de Beltane, le festival co-organisé par son label Les Acteurs de l’Ombre, en mai 2018. Posons alors le tableau. Sur scène, Monolithe se présente sous la forme d’un sextette. Et alors que Nebula Septem avait été enregistré avec Sébastien Pierre (Fractal Gates, Cold Insight, Enshine) au micro, c’est désormais le guitariste Rémi Brochard (Ethmebb) qui officie comme prévu aux vocaux, et qui avait déjà enregistré quelques voix sur le dernier album en date des Parisiens. On constatera d’ailleurs que sur scène, et comme en studio de toute manière, Monolithe évolue avec 3 guitaristes (!), avec en plus de Rémi, Benoît Blin (qui fait aussi quelques backings) et bien sûr le membre historique Sylvain Bégot qui demeure compositeur principal. Il en faut des guitares pour donner vie sur scène au Doom Metal monolithique de Monolithe… Mais le groupe a tenté l’aventure et en fait part au plus grand monde avec From Equinox To Solstice - Live At Beltane, premier Live officiel mais malgré tout autoproduit de Monolithe. On se lance donc dans l’univers toujours très Kubrickien du combo, et on va voir ce que ça donne sur scène, pour ceux qui n’ont pas eu la chance de voir le Monolithe sur les planches bretonnes le 6 mai dernier.
On va d’abord commencer par un point purement technique. Le son de From Equinox To Solstice est très, très bon, peut-être même trop propre et pas assez « raw » pour un Live on pourra dire, mais c’est du pro à 100%, sachant qu’en outre cette captation a été mixée et masterisée après coup par Andrew Guillotin du Hybreed Studio. Le public se fait certes peu entendre mais si l’enrobage sonore a été poli, l’esprit Live est bien là… jusque dans un moment où à la fin de "Delta Scuti", on peut entendre un des musiciens faire remarquer qu’il n’a plus de retours… ça reste du brut, avec pas trop de communication de la part du groupe au public, mais il faut bien que Monolithe reste monolithique où qu’il se produise. Avant de rentrer en détail sur la setlist, on notera bien sûr la principale nouveauté qui est la présence de Rémi Brochard au chant. Et le bougre se débrouille vraiment bien, sur scène déjà et ça sera probablement encore meilleur en studio pour le futur. Ses growls rauques et pesants sont parfaitement adaptés au répertoire de Monolithe, dans un registre de toute manière très proche de celui de Richard Loudin. Tout est donc parfait pour assister à un Live de qualité de la part de Monolithe, même si faire du Doom assez lancinant est toujours délicat en Live. On notera déjà que les claviers sont bien présents, comme en studio, et là aussi réussissent à poser l’ambiance, malgré le cadre moins « intimiste » pour des albums qui s’écoutent préférentiellement dans le noir, seul, pour capter le côté cosmique et abyssal de la chose. L’art de Monolithe tente donc de vraiment passer le cap de la scène et ça tombe bien, Nebula Septem en proposant des morceaux plus courts avait réussi à rendre la musique du groupe un poil plus accessible, plus digeste. Et logiquement, Nebula Septem sera l’album le plus représenté sur ce Live At Beltane, avec 4 morceaux sur les 6 proposés. Pour un Live tout de même assez généreux de 53 minutes, un temps rarement alloué dans d’autres circonstances. Une intro qui nous met dans l’atmosphère, et l’on est parti pour le trip…
Je ne pense pas qu’il soit utile de décortiquer en profondeur ce qui sera proposé sur From Equinox To Solstice, les chroniques des deux derniers albums par moi-même sont sur le site, ce qu’il y a à retenir, c’est que l’exécution est sans faille et que l’ensemble est parfaitement retranscrit. Pour une plus-value par rapport aux albums, je ne peux vraiment répondre, je pense qu’il fallait être sur place et se laisser porter par l’ambiance du lieu et des lights pour se laisser transcender encore plus que sur album. Sinon, cela reste peu ou prou la même chose que sur studio, surtout que l’ambiance est bien amenée. Bien évidemment, il y a un côté plus brut, mais on appréciera surtout les nombreux leads qui ici prennent un peu plus de dimension et de relief. On retrouve donc quatre extraits de Nebula Septem, dans le désordre, agrémentés de "Ecumenopolis" tiré de Zeta Reticuli mais dans une version raccourcie à 11 minutes (contre 15 originellement) ; ainsi que du meilleur pour la fin qui est une version éditée de "Monolithe I" de l’album du même nom remontant à 2003, qui débute par les voix récitées que l’on pouvait entendre vers les 10 minutes du morceau d’origine, suivies par une sorte de medley qui met en avant les leads les plus gracieux d’époque. Une belle conclusion qui fera office de plus-value finalement assez significative pour From Equinox To Solstice, en plus de 5 autres morceaux irréprochables même si l’on y retrouvera surtout du Nebula Septem. Soyons donc clairs, si vous êtes fans de Monolithe, ce Live est bien évidemment à posséder, même si vous serez en terrain connu et qu’il ne faut pas attendre nettement plus que « Monolithe en Live audio ». Si vous ne connaissiez pas encore la formation monolithique, From Equinox To Solstice peut être une bonne porte d’entrée vers le monde Kubrickien des parisiens, même si la setlist ne remonte peut-être pas très loin, mais rappelons que pour ses 4 premiers albums Monolithe ne faisait que des morceaux de 50 minutes et qu’il était dur de les retranscrire en Live… même en faisant des medleys. Monolithe a néanmoins proposé l’expérience pour son premier album ici, à voir s’il rééditera la chose avec les 3 suivants un jour. En attendant, et en attendant un nouvel album, From Equinox To Solstice est un très bon Live, notamment sur la forme, nous permettant de découvrir leur nouveau chanteur et d’apprécier plus certains détails de leur musique avec son passage réussi sur scène. Un Live pour les initiés peut-être, et un mini best-of, mais qui montre que malgré ses architectures particulières, Monolithe peut aussi convaincre sans mal sur les planches.
Setlist de From Equinox To Solstice - Live At Beltane :
1. Intro (1:18)
2. Cold Shaped Volutions (7:05)
3. Delta Scuti (7:23)
4. Ecumenopolis (11:13)
5. Engineering the Rip (7:11)
6. Burst in the Event Horizon (7:05)
7. Monolithe I (11:53)