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Après plusieurs albums unanimement reconnus dans le petit monde du thrash metal, et de nombreuses tournées à guichets fermés dans les plus grandes salles du monde, les texans de Pantera sont au sommet de leur gloire lorsqu'ils s'attèlent en 1996 à la composition du successeur du sublime Far Beyond Driven. Cependant, malgré l'apparente réussite commerciale et artistique du groupe, tout n'est pas au beau fixe dans les rangs de la formation d'Arlington, et particulièrement en ce qui concerne Phil Anselmo et ses démons personnels, qui, malheureusement ne cessent de prendre l'ampleur. Le frontman, accroc a l'héroïne depuis quelques temps, échappe de justesse à la mort après avoir fais un arrêt cardiaque de plusieurs minutes à la suite d’une overdose.
La presse en profite pour en rajouter une couche sur les habituels clichés du metal, et c'est dans ce contexte de doutes, d'auto-déstruction mais en même temps d'apogée créative que Pantera donne naissance aux premiers méfaits de leur 8eme opus studio, The Great Southern Trendkill qui finira par sortir en mai 1996 sur Eastwest Records America. Pour beaucoup, cet album est de loin le plus varié de la discographie de Pantera, alternant les titres parmi les plus brutaux de leur histoire (« Suicide Note part 2 », « The Underground In America »...), et les morceaux plus nuancés et mélancoliques (« 10'S », les superbes accords en son clair de « Floods »...). Dés les premiers instants du disque, on est subjugué par un cri de psychopathe complètement sidérant de Phil Anselmo, accompagné de Seth Putnam (Anal Cunt), invité pour l'occasion, et une production énorme même encore aujourd'hui une nouvelle fois signé Terry Date, responsable de l'enregistrement de tout les instruments du combo depuis Cowboys From Hell (mis a part les vocaux, mit en boite aux Nothing Studios de Trent Reznor). L'ambiance est des plus apocalyptiques, toujours sans compromis (mais pouvais t-il en être autrement...?).
Jamais Pantera n'a sonné de manière aussi sombre et agressive. On ressent une oppression constante dans les riffs, caractéristique du mal être dans lequel se trouve Phil au moment de l'enregistrement, impression renforcée par les textes douloureux et très personnels crachés par ce dernier (« Suicide Note pt 1 »). L'atmosphère se veut lourde, pesante, alcoolique, d'autant plus quand le tempo ralentit, comme sur le monumental « Drag The Waters » et son riff refrain imparable (par ailleurs unique clip et single de TGTS). Bien que moins démonstratifs que dans le passé, les soli de ce diable de Dimebag sont toujours aussi précis et incisifs, et l'on peut affirmer avec certitudes que la maturité a prit clairement le pas sur la technique, voie qui étais déjà initié sur l'album précédent, avec plus de place consacrée aux mélodies comme toujours d'une efficacité redoutable.
Enfin cela reste très relatif, car en dépit de ce léger changement de cap, son jeu de guitare est aussi hallucinant que d'habitude, avec ses rythmiques hors du commun et ses notes intersidérales faites a coups de whammy/vibrato défiant systématiquement les limites du son. L'interprétation est d'une propreté hors paire et l'ensemble reste bien plus complexe que la plupart des compos que l'on pourrait entendre chez un groupe de thrash basique qui se contente d'aligner les notes le plus vite possible sur une corde. N'oublions pas de mentionner le feeling absolument inimitable tout autant que l'énorme somme de travail réalisé par la section basse/batterie, assurée respectivement par les inséparables Rex Brown et Vinnie Paul, toujours aussi a l'aise qu'il s'agisse de martyriser ses futs ou de jouer des parties plus subtiles et groovy (« 13 Steps to Nowhere »).
L'ensemble de la composition est donc phénoménal sur TGST, d'une diversité exemplaire tout en conservant de manière plus négative et dérangeante que par le passé cet indéniable marque de fabrique Pantera. Nos 4 zouaves sous jagermeister terminent l'album en beauté avec la mémorable « Sandblasted Skin », totalement crée dans l'unique but de vous anéantir les cervicales ! Bien qu'ayant sorti que des excellents disques tout au long de leur fructueuse carrière, TGST s'impose comme l'une des meilleurs perles qu'ait pu nous offrir ce groupe de légende ! Après une remise en cause logique, et dans une époque où le neo-metal commençait à s'implanter de manière dangereuse dans la scène extrême, Pantera a su bousculer les règles que tentaient d'établir ces soi-disant jeunes « nouveaux groupes » et proposer une musique à la fois old school et moderne absolument unique dans le paysage thrash metal, complètement en marge des modes et tendances ! Un monument de brutalité à découvrir ou à réécouter encore et encore!
1. The Great Southern Trendkill
2. War Nerve
3. Drag the Waters
4. 10's
5. 13 Steps to Nowhere
6. Suicide Note Pt. I
7. Suicide Note Pt. II
8. Living Through Me (Hell's Wrath)
9. Floods
10. The Underground in America
11. (Reprise) Sandblasted Skin