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Il est communément admis par les fans que le maquillage sur scène a commencé avec le légendaire Alice Cooper. Depuis, l’idée à fait son chemin, en passant par le corpse paint du black metal scandinave, au heavy metal de Kiss, ou encore plus récemment avec des groupes comme Slipknot, Mudvayne ou Mushroomhead. Le concept aurai pu s’arrêter là, jusqu’au jour où apparu sur la scène française un groupe de 5 clowns, déguisés et maquillés comme tels se revendiquant les leaders de la scène clown-core. Ce groupe, ça n’est pas moins que Bawdy Festival !! Fortement influencé par « Ça » de Stephen King et par les ambiances foraines, la formation délivre une musique mélangeant du french-core, de la fusion, du hip-hop et des mélodies tous droits sortis du chapiteau Pinder. C’est à l’occasion d’Halloween 2008 que Bawdy Festival s’est organisé une soirée spéciale, dans la salle Les Cuizines, à Chelles, afin de célébrer Samain, la fête des morts. Il en résulte un CD/DVD, Tri Nox Samoni (« les trois nuits de Samain », en ancien gaulois), sortit très exactement un an après avoir été filmé.
Le fait de sortir un CD/DVD est déjà en soi à noter. En effet, Bawdy Festival n’a jusqu’à présent sortit qu’un maxi 5 titres. Il apparaît donc comme clairement ambitieux de ne pas passer par l’étape de l’album studio. Cependant, pour avoir moi-même vu l’attraction sur scène à plusieurs reprises, se serai se mentir à soi-même que de ne pas voir que le groupe est avant toute chose un groupe taillé pour le live. En effet, l’ambiance clownesque ne prend son sens que sur une scène (ou sous un chapiteau, c’est au choix !). En parlant de chapiteau, c’est exactement en ça que Les Cuizines ont été décorées à l’occasion de la soirée Tri Nox Samoni. Quitte à pousser le concept à son paroxysme, quoi de plus normal que d’être accueilli par un Mr Loyal relativement inquiétant présentant les monstres de foire : les sœur siamoises, la femme à barbe qui passe son temps à manger de la chaire humaine devant sa télévision, le condamné à mort sur lequel les spectateurs peuvent activer le courant de la chaise électrique … Un univers glauque, mélange de fête foraine, de cirque plus ou moins hanté et de rires sadiques, qui ne sera pas sans rappeler certains films d’horreurs. Un univers que le groupe appelle le Weird Side, le coté mystérieux !!
La partie principale du DVD est bien évidement le live proprement dit. C’est sur une introduction de l’acteur David Kruger (spécialisé dans le doublage), que commence le spectacle. La faille est ouverte, les clowns du Weird Side sont lachés. Le public, qui a répondu présent à tel point que la date affichait complet, est en grande partie composé de spectateurs déguisés et maquillés. Dès les premières notes, ces derniers semblent réagir au quart de tour mettant la pagaille dans le pit en quelques secondes. C’est ainsi que Bawdy Festival introduit son show avec le titre « Bawdy Mother Fucker », sorte de titre de présentation. A mon grand regret, les paroles sont extrêmement clichés (« la société vous hait, rejoignez nos rangs ») mais le dynamisme du groupe et sa présence scénique ferons bien vite oublier ce détail. Armé de son chapeau à grelot, le chanteur Teddy DKC semble être monté sur ressort à sauter aux quatre coins de la scène. Ce dernier semble mieux maitriser sa voix, qui était l’un des points noirs de leur précédente production. Passant ainsi d’une voix hardcore très aigue, à une voix plus expressive, capable de passer du hurlement de gros clown en colère à un rire de clown sadique !
Le titre "D.O.A.K" était connu par les fans pour commencer sur une rythmique en 3 temps. Comme à son habitude, Teddy DKC demande à chacun de se trouver un partenaire, non pas pour valser, mais pour pogo-valser !! Un sacré ramdam dans la fosse, orchestré en grande partie pas N DMC, le claviériste, qui chantera également sur le titre. Ce dernier n’est pas sans rappeler Craig Jones de Slipknot, membre d’apparence paisible, mais totalement givré à l’intérieur, passant de la grimace froide au sourire inquiétant d’un clown de film d’horreur. Bawdy Festival a eu l’excellente idée d’effectuer des transitions dans leur live, rappelant par certains aspects la structure d’un spectacle de cirque. C’est ainsi par exemple qu’une petite fille se fera entarter (je n’en dis pas plus pour ne pas gâcher les surprises !).
Le titre qui fera surement le plus parler de lui sur l’album est probablement « Get Clowned ». Pour celui-ci, le groupe a fait appel à deux acteurs de la scène crunk : Merka et Le Saint qui viennent épauler Teddy DKC et N DMC au chant. Quatre chanteurs pour plus de puissance ? Certes le choix est scéniquement impressionnant, mais musicalement n’est-ce pas quelque part le symbole d’une faiblesse ? Quoi qu’il en soit, l’initiative est intéressante étant donné la distance entre les deux genres musicaux, donnant au final une touche hip hop américain à la fusion du titre. On regrettera enfin le recours à un sample au clavier pour permettre à l’inquiétant claviériste de quitter son poste pour le chant.
On retrouvera au chant également Bungy Bingo Fucka sur certains titres, comme "Shake Ta Boulimie", chanson traitant de bouffe et de gras. Certains titres s’éloignent ainsi du concept purement clownesque (« Crossroad », « Where Is My Ball », « Fashion Metal » également). On retrouvera cependant avec plaisir la version live de « Back In Da Wood », titre principal du maxi, pour lesquels Bawdy Festival avait tourné un clip. La réaction du public est sans appel, le titre est connu dans les moindres recoins et on entend parfois la foule reprendre les paroles. Le break de cette chanson verra apparaître sur scène le petit chaperon rouge en personne, thème principal abordé par celle-ci.
Après « Get Clowned » et ses invités rappeurs, on était en droit de penser que le concert finirait d’une manière traditionnelle. Or avec Bawdy Festival, rien n’est traditionnel !! C’est ainsi qu’un second invité entre en scène, présenté par Mr Loyal lui-même : les anges du groupe de post-rock All Angels Gone, qui viennent nous interpréter une musique pour le moins … expérimentale. Etrangeté musicale, qui ne sera pas reçu de bon cœur par le public (« Allez vous faire bouffer le cul !! » gueulé par une fille, restera l’un de mes plus gros fou-rire dans les diverses réactions). En effet, après une demi-heure de musique clownesque et de hardcore, le mélange de violoncelle et de xylophone fait presque tâche … Cependant Bawdy Fest’ est plus futé que ce beaucoup semblent penser, et c’est ainsi que les deux formations se retrouvent vite à jouer en duo. Jouant chacun leur tour, les lumières sont ici mis à contribution, cachant les clowns lorsque les anges jouent et vis-versa. Le duo se terminera par « Batte Dans l’Cul », titre court mais intense !!
Les titres « Clown Soldier » et « Boogalion Mafia » ont également leur concept. Globalement, Bawdy Festival a constitué sa fan-base par une idée basée sur une armée de clown. Les fans lambda sont par défaut soldats et les plus dévoués d’entre eux ont la possibilité de monter en grade ou de recevoir des décorations. C’est ainsi tout le concept qui est mis en scène par les généraux que sont les membres du groupe. « Boogalion Mafia », sur le même délire mélange à la fois l’idée de mafia et de cirque. Le concert s’achève sur le titre « Where Is My Ball », l’histoire peu banale d’un mec qui a perdu une couille !! Afin de finir en beauté, le groupe invitera sur scène tous les intervenants ayant participés au projet : les invités (Merka, Le Saint et All Angels Gone), les freaks du Weird Side (Mr Loyal, La Boule, La Jambe, La Petite Fille, La Femme à Barbe, Le Petit Chaperon Rouge, les Sœurs Siamoise, Le Freak, Le Condamné à Mort et la Victime), les Clowns Soldiers ainsi que le staff du groupe et l’équipe technique. Un magnifique chaos scénique qui se conclura en lancé de confetti géant, sous le sourire ravi de Stupid, le bassiste de la formation !!
On retrouvera, comme dans tous DVD une série de bonus divers et variés. Le groupe n’innove pas en proposant un traditionnel making of, pour voir l’autre coté du décor et la mise en place d’une telle date. Certains passages méritent le coup d’œil, comme Teddy DKC chantant « Eh Oh, On rentre du boulot », ou certaines parties de l’installation de la salle. Certains passages ne sont en revanche absolument pas crédibles, comme la répétition générale du groupe en costume et avec maquillage. Dur à croire en effet que les 5 membres prennent le temps de se maquiller aussi bien que pour le live, alors qu’il s’agit de jouer devant une salle vide. On retrouvera également le teaser et une galerie photo, minimum syndical de tout bon DVD live. Enfin, nous pourrons trouver deux lives "Batte Dans l'Cul", interprétée une deuxième fois au cours du concert, en tant que rappel ainsi que "Get Clowned" adapté en clip live. D’un point de vue général, le menu du DVD est très professionnel et extrêmement agréable, l’ambiance musicale changeant suivant la navigation. Nous apprécierons l’effort de proposer le sous-titrage en anglais et en espagnol, qui sont également valables pour le making-of (chose dont certains groupes internationaux devraient fortement s’inspirer).
Comme je vous l’ai dis, il s’agit ici d’un CD/DVD. Le CD, lui, est légèrement différent au niveau de sa tracklist, certains passages étant bien évidement tronqués pour éviter les longueurs. La qualité sonore de ce dernier est identique au DVD, qui est lui-même totalement acceptable pour un groupe de cette modeste envergure. Bien évidement, la qualité n’en est pas à celle de Rebirth Of Dissection par exemple, mais reste tout à fait correcte, bel effort ! Quelques regrets pour ma part comme l’absence de pochette dans le digipack ; il aurait été intéressant de pouvoir consulter les paroles des chansons. Quelques points noirs à souligner enfin, tel que certains sursauts de caméra, le live étant filmé en très grande partie à la main. Encore une fois, on n’en est pas à Disasterpiece de Slipknot avec les caméras sur les musiciens et sur les instruments, et le rendu reste à la hauteur du groupe. Les lumières resteront malheureusement LE défaut principal de ce Tri Nox Samoni. Etant moi-même photographe en concert, j’accorde une réelle importance à l’éclairage et au jeu de lumières. Celles du concert devaient probablement être de qualité le soir du spectacle mais manque réellement de contraste et de piquant sur le DVD. On perd ainsi beaucoup de l’ambiance générale ajouté grâce à l’éclairage.
Bref, pour résumer, nous avons là un travail de qualité, le groupe ne prends pas son public pour des clowns (ah ah ah !). Le rendu est honnête, à la hauteur de la carrure du groupe. Le concept clownesque est ici poussé jusqu’au bout. Certains y verrons un show grand-guignolesque risible et peu crédible, mais pour peu que l’on accroche au concept, on se laisse facilement séduire. Bawdy Festival fait preuve d’efficacité avant tout sur scène, car c’est précisément en live que toute la magie de leur monde s’opère. Un DVD bourré d’humour et de bonne humeur !!
Il ne me restera plus qu’à constater, une fois de plus, leur aisance scénique lors de leur passage à Partenay, le 27 février prochain (et hop, un petit coup de pub n’a jamais fait de mal !).
DVD :
1- Into The Weird Side
2- Bawdy Mother Fucker
3- Freak Side
4- D.O.A.K
5- Crossroad
6- Get Clown (feat. Merka & Le Saint)
7- Fashion Metal
8- Shake Ta Boulimie
9- Back In Da Wood
10- Batte dans l'Cul (feat All Angels Gone)
11- HxClown
12- Clown Soldier
13- Boogalion' Mafia
14- Where Is My Ball !?
Bonus :
- FreakShow
- Making Of
- Teaser "Tri Nox Samoni"
- Batte Dans l'Cul (live)
- "Get Clowned" (clip live)
- Bawdy Horror Picture Show (galerie photos)
CD :
1- Into The Weird Side
2- Bawdy Mother Fucker
3- Freak Side
4- D.O.A.K
5- Crossroad
6- Get Clown (feat. Merka & Le Saint)
7- Fashion Metal
8- Shake Ta Boulimie
9- Back In Da Wood
10- HxClown
11- Clown Soldier
12- Boogalion' Mafia
13- Where Is My Ball !?
14- Batte dans l'Cul