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Album

02 septembre 2018 - Nostalmaniac

Merzbow & Nordvargr

Partikel

LabelCold Spring
styleDark Ambient/Noise/Experimental
formatAlbum
paysJapon/Suède
sortieaoût 2004
La note de
Nostalmaniac
9/10


Nostalmaniac

Le Max de l'ombre. 29 ans. Rédacteur en chef de Horns Up (2015-2020) / Fondateur de Heavy / Thrash Nostalmania (2013)

Mes explorations musicales m'emmènent ces derniers temps vers des territoires musicaux plus inhabituels que jamais, plus méconnus aussi. Comme à la recherche de mes premiers frissons mais aussi d’une autre forme d’extrémisme musical. Pas la simple recherche d’une surenchère ou de l’extrémisme pour l’extrémisme mais d’une vision différente. “Celui qui cherche trouve”, et je tombe en effet rapidement sur de nombreux trésors insoupçonnés. Parmi eux une étrange collaboration nippo-suédoise...  

Publié en août 2004, « Partikel » est la première collaboration entre Merzbow et Nordvargr. D’un côté Masami Akita, le parrain incontestable de la Noise, et de l’autre Henrik Björkk, pape du Dark ambient et de l’indus sombre que l’on retrouve, en plus de son projet solo, à la tête de nombreux projets dont les plus connus sont surement Mz.412 et Toroidh. Comme vous l’aurez compris, ce sont de véritables stakhanovistes de la musique expérimentale dans ses aspects les moins confortables qui sont ici réunis au sein d’un même projet fascinant au premier abord. 

Car ceux comme moi qui sont assez curieux (ou inconscients) pour s’être frottés à la colossale discographie de Merzbow (plus 200 albums sans parler des autres formats...) savent qu’il y a plusieurs niveaux de difficulté dans l’écoute, et ce même pour un amateur de metal extrême chevronné qui aura plus de facilité à aborder le coté ambient de Nordvargr, lui qui a travaillé à travers ses projets avec de nombreuses formations de Black Metal comme Forgotten Tomb, Marduk ou encore Naer Mataron qu'il avait intégré de 2004 à 2014. C’est aussi ce lien ce qui m’a poussé à parler de cette collaboration dans ces colonnes. 

Malgré le fait qu’elle soit estampillée d’un versus induisant l’idée d’un affrontement, je parlerais plutôt d’une symbiose. “Tardyon Storm” nous y entraîne progressivement dans ses dix premières minutes avec cette ambiance aussi oppressante que mystérieuse et ce loop qui s'accélère, déchiré par des craquements et des glitchs sonores de plus en plus inquiétants mais aussi captivants. Ils laissent au fur et à mesure du morceau de plus en plus de place à la noise abrasive de Merzbow avant de retomber en pression quand on replonge dans quelque chose de plus ambient et drone donnant une sensation de désolation immense. “Kyoufu-0” est bien plus difficile d’accès, plus fidèle à Merzbow aussi, avec ce beat pulsatif qui sert de colonne vertébrale à cette pièce centrale sur laquelle se déverse de manière chaotique des bruits de plus en plus incommodants et des hurlements sonores. Un sorte de capharnaüm mais aussi quelque chose de très abstrait pendant plus de 25 minutes qui tiennent en haleine. L'apport de Nordvargr ajoute beaucoup de profondeur de par ses ambiances en arrière-fond et c'est la force de cette oeuvre. Qu'on ne s'y trompe pas, c'est exigeant avec l’auditeur qui serait bien sot d’écouter ça au casque ou avec le son d’un PC. Il faut vraiment un minimum, niveau équipement sonore, au risque de passer totalement à côté de l’expérience. Car oui, aussi prétentieux que cela peut sonner et sans être un expert du genre, c’est une véritable expérience sonore qui démontre comment ce genre de musique peut être organique. Tout comme le premier morceau, “Tachyon Paradox” laisse Nordvargr reprendre un peu plus la main et revenir vers quelque chose de plus mystérieux à l’image de la vallée de la pochette : intrigante mais ô combien hostile.

Ce « Partikel » est un objet musical à la fois chaotique et cohérent qui ne peut pas faire l’unanimité bien que je trouve que cette collaboration arrive à créer des paysages sonores abrupts mais tellement passionnants si on fait l’effort de s’y plonger. Par contre, c'est sans doute un premier contact trompeur avec la musique de Merzbow mais il peut servir de déclic pour creuser plus loin (à vos risques et périls bien entendu). Cette collaboration donne surtout l’ampleur de deux entités qui maîtrisent parfaitement leur genre. A noter que cette collaboration ne sera pas sans suite avec « Partikel II » (2007)  et « Partikel III » (2013), moins excitants mais pas dénués d’intérêt. 

 

Tracklist:

1. Tardyon Storm
2. Kyoufu-0
3. Tachyon Paradox