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La Pologne est plus réputée pour ses groupes de Death Metal comme Vader, Behemoth et Decapitated (R.I.P VITEK) ou de Black tels Vesania ou Graveland que par ses frasques en matière de Progressif. Pourtant, c’est de cette contrée d’où nous viennent les talentueux musiciens de Riverside, fiers de leur troisième album (Que le temps passe vite) Rapid Eye Movement : La dernière pièce du triptyque Reality Dream et ses deux premiers albums (Out Of Myself et Second Life Syndrome) que je ne saurais trop vous conseiller.
D’emblée, Riverside a corrigé ses quelques soucis qui avaient jonché sa carrière : les influences, allant d’Anathema à Dream Theater en passant par Porcupine Tree (que des pointures), trop palpables qui diminuent au fur et à mesure des albums même si par exemple la guitare acoustique de la très belle « Through The Other Side » fait penser à du Opeth. Ici, le groupe forge encore un peu plus son style. Une atmosphère sombre et froide, des soli (peu nombreux ici) tout plein de feeling (dans la plus grande tradition Progressive des années 70), des orgues, une voix qui n’est pas sans rappeler celle de Vincent Cavanagh (ce qui ne va pas sans dire que j’aime beaucoup son chant). Que demande le peuple ?
Il demande de l’émotion comme les Polonais nous y avaient habitués ! Le concept de la différenciation rêve/réalité (en plus poétique dans la pratique, bien entendu) ne s’y prêtant sans doute plus. Ainsi l’ambiance noire prend le pas sur la mélancolie de Second Life Syndrome de part la diminution du nombre de soli (Il faut bien chercher pour les trouver alors que sur les deux premiers albums, ils étaient légions) mais également de part la voix de Mariusz moins sensible (c’est tout de même relatif !), qui ne partage plus autant d’émotion avec l’auditeur, mais va de pair avec le coté direct des compositions. Il utilise cependant très peu (une ou deux fois à tout casser) sa voix gueulée.
On passe donc du rêve au cauchemar pour grossir le trait.
J’en viens, alors, au single « 02 Panic Room » (Mon dieu que la basse sur ce morceau est énorme), excellent dans son genre et qui va à l’essentiel sans tergiverser. C’est le cas pour les autres compositions relativement courtes dans l’ensemble. Sans aucun doute l’album le plus facile pour rentrer dans la discographie de Riverside qui commence à être fournie, mais qui n’est cependant pas tout à fait à l’image de ce qu’a fait le groupe auparavant. Les Polonais sont en perpétuelles évolutions, n’oublient pas leurs racines mais ne se répètent pas.
Ce qui me chagrine aussi, c’est l’inégalité de l’album. On passe d’un morceau formidable (« Beyond The Eyelids », « Embryonic ») à un morceau banal (« Rainbow Box », « Cybernetic Pillow ») en un claquement de doigt. Les chansons plus calmes et deux des trois plus longues (« Ultimate Trip » est très sympa mais manque de magie) éclipsent le reste qui rentre par une oreille et ressort presque aussitôt par l’autre. « Parasomnia » est sacrément belle et ses mélodies de guitares me font chavirer à chaque fois.
Cependant, Rapid Eye Movement n’est pas une erreur de parcours et encore moins un mauvais album. Il répond au besoin du concept, est très bien construit, fluide, dispose d’une production encore une fois énorme et plaira à un grand nombre des fans mais il ne correspond tout simplement pas à ce que j’attendais de Riverside. Toutefois, il est clair que la note aurait été bien plus élevée si Second Life Syndrome n’avait pas existé.
1. Beyond The Eyelids
2. Rainbow Box
3. 02 Panic Room
4. Schizophrenic Prayer
5. Parasomnia
6. Through The Other Side
7. Embryonic
8. Cybernetic Pillow
9. Ultimate Trip