U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
La crise a encore frappé. Récession économique, inflation et baisse du pouvoir d’achat, Wall Street et les petits porteurs chancelants à l’approche des derniers chiffres de la bourse et toujours cette odeur de souffre dans les caisses de nos banques. Le salut national et d’envergure musicale émanera très probablement de nos chers membres de Misery Index, véritables chiens de gardes et visionnaires de la situation mondiale. Des musiciens de terrain, solidement accrochés à leurs racines (Brutal Truth, Terrorizer, Disrupt …), toujours prêts à éructer sur les coups-bas et les malversations de notre monde actuel, voir à sauver la veuve et l’orphelin comme sur le très efficace Discordia, daté de 2006.
Et autant vous dire qu’en cette période de repli économique, l’indice de misère n’a jamais autant bien tenu le choc. Grands de ce monde et petits larcins en prennent largement pour leur grade, dans ce nouveau Traitors, troisième LP du groupe, formalisé et institutionnalisé en réponse à tous les abus politiques, religieux et financiers de notre planète. Beaucoup de gentils discours, vous l’aurez compris laissant la place à un Death/Grind des plus tempétueux et désaltérant.
Ce nouvel opus de Misery Index a le grand mérite de ne pas céder à la tentation de la facilité et de la langue de bois. Commodités que la formation aurait très bien pu arborer avec sa rapide ascension aux côtés de Napalm Death, Suffocation et autres cadors de la discipline. Toujours bien amené par la langue fourchue de Jason Netherthon et les poignets d'amours de Sparkly Voices et de Mark Kloeppel (débarqué en 2005), les compositions du groupe restent dans la pure lignée d’un style tapageur et tumultueux façonné par le groupe à l’aube de leur Retaliate. (« Ghost of Catalonia » ; « Occupation »).
Plus précisément, Traitors est à ce jour l’album le plus entreprenant des Américains et le plus incisif dans sa manière d’aborder ses compositions, tant dans ses textes que dans ses structures musicales, fondus dans l’acier trempé. Au regard des tous premiers morceaux de l’album, Misery Index remet les pendules à l’heure sur l’horloge du Death acoquiné d’avec le Grind en incorporant ses blasts si caractéristiques et la puissance de feu amené par l’énorme Adam Jarvis. Certes, celui-ci ne tient pas encore tête à Kevin Taley, mais force est de constater que le bougre se positionne sereinement sur son tabouret, arrivant à supporter la quasi-intégralité de l’album. Hyperactif sur le titre éponyme, en référence à la surenchère de rythmes exposés, bien en jambes sur les courses folles et autres puissances outrancières de « Partisans of Grief », Adam se montre à la fois régulateur de troupe et métronome incandescent de la plupart des titres d’un album arrivant à marier robustesse avec un groove péchu et étonnamment raffiné . Bien loin d’adopter l’attitude d’un éléphant débarquant dans une manufacture de fayence, Misery Index soigne ses riffs et ses accords (tantôt Thrash, tantôt Death), à l’image de leur comptine « The American Idolatry » ou du règlement de compte baptisé « Ruling ».
Davantage regrettable, la posture de Jason Netherthon ayant choisi de se consacrer sur cet album uniquement sur son chant. Dommage pour un bassiste-chanteur, ayant parfois laissé de côté son instrument au mépris de quelques titres qui auraient pu élever directement cet album au rang d’incontournable de cette année. Malgré sa position indolente sur quelques plans et notamment sur les morceaux de fin de l’album qui évoluent dans la même direction, Traitors reste un album phare et fort dans la discographie de Misery Index.
C’est avec un certain plaisir que l’on se fraye un chemin entre les coups de massues et autres abattoirs assénés par le passage d’un groupe sans foi ni loi, mais toujours en perpétuelle recherche de vibrations et d’émancipation par rapport à ses pairs. Aidé d’une section rythmique en footing continu et d’une production rétroactive, Misery Index réussit là un beau tour de force auquel il convient d’assister et de constater les bienfaits sur l’organisme. Ils n’arrêteront certes pas la corruption et la traîtrise, mais auront au moins l’occasion de botter le postérieur d’un beau paquet de monde.
01. We Never Come In Peace
02. Theocracy
03. Partisans Of Grief
04. Traitors
05. Ghosts Of Catalonia
06. Occupation
07. Ruling Class Cancelled
08. The Arbiter
09. American Idolatry
10. Thrown Into The Sun
11. Black Sites