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Versus, ou la cohésion retrouvée. Versus, comme l’accouplement forcé de la grâce, du mal et de l’affliction. Exit les chemins de traverses boueux et exiguës empruntés par la toujours bonne (The Haunted oblige !) mais douloureuse période de The Dead Eye, aire glaciaire attenante au combo suédois, empreinte d’un certain manque de lucidité et de clairvoyance. Terminé également les mélos sirupeux et la production pachydermique d’un F. Nordström sur rEVOLVER, album au demeurant jubilatoire. The Haunted semblent avoir mis de l’eau dans son vin, reprenant à la racine les éléments ayant fait son succès (rythmes chapardeurs à l’instar de l’adulé éponyme) ou encore la noirceur de ses débuts lorsque Peter Dolving exultait sa rage à la terre entière. Le groupe sur ce nouvel et 7ème album, semblent avoir affiner son sens de l’exécutif et fait un trait sur la rapidité à n’importe quel prix. Allumeurs de véritable feu de forêts ou encore ramoneurs des temps modernes, The Haunted démontre une nouvelle fois que le renouveau du thrash ne se fera pas sans leur adresser un carton d’invitation.
La sincérité et la modestie retrouvées - nouvelles valeurs tangibles de ce Versus, le groupe plus que soudé et réuni, démontre que rien ne sert de courir, voir de s’épuiser à la longue de riffs, maintes et maintes fois répétés (aka. The Dead Eye). Il faut partir à point !
Point de départ, un « Moronic Collossus » effectué entre la chaîne de l’Himalaya et les grandes plaines de l’Amérique. Agilité d’un Peter sur tous les fronts, guitares à l’exécution punitive (« Ceremony) et une batterie retrouvé sautant de lianes en lianes à travers les différents morceaux passant à toute vitesse dans les alcôves bénites de vos enceintes. La première partie de l’album passant d’ailleurs comme un colis chez UPS. Alternative virulence avec un « Little Cage » bétonné à souhait ou encore le plus malsain « Pieces ». Car là réside la nouvelle facette des Suédois : la noirceur et la nébulosité des nouvelles compositions. Alors qu’au micro, on en veut à peu près tout le monde, les nouveaux destriers de l’enfer, généreusement nommés les frères surgissent Björler nous assènent une quantité de riffs plus sombres et résolument plus adaptés à la nouvelle mécanique du groupe. Le blafard et lent « Rivers Sun » est un petit bijou malicieux et tendancieux, alors que « Trenches » découpe à la scie nos esgourdes déjà pourtant bien affûtées.
Versus, c’est également l’alternance savamment dosée des morceaux à la platitude affirmée et des titres plus violents. Et là, où rEVOLVER s’était quelque peu embourbé, ce nouvel opus remet au goût du jour les deux facettes antagonistes du groupe. Même si le résultat s’avère bancal au milieu de l’album - « Skuld » et « Crusher » n’étant pas des exemples frappant de ce discours tenu, avec cette fâcheuse manie de regarder inexorablement derrière soi, le reste de l’album est truffé de pépites que bien des ruées vers l’or ont eu dû mal à vaincre. « Iron Masks », « Faultline » ou encore la lente agonie de « Rivers Run » fait état d’un second souffle pour le combo. Retour d’At The Gates à la face cachée du monde ? Les deux frères, accompagnant dans leur ronde Patrick Jensen, font preuve d’une grande imagination poussant au cul la batterie de Per Möller Jensen (histoire de famille quand tu nous tiens), toujours un peu en reste, mais retrouvant ici des élans de grâce. La production de Tue Madsen aidant, The Haunted retrouve sur ce Versus, mi-figue mi-raisin des accents de bonté sonore indéniable, la chaleur des Fjords en plus.
The Haunted nous délivre un très bon album dans la lignée de ses prédécesseurs, marqué par le retour d’un Peter en rogne et la grandiloquence des guitares de la fratrie conspiratrice et ingénieuse Bjöler. Malgré deux titres très peu digne du nouveau rayon de soleil ayant frappé les carreaux du groupe, l’album reste une fabuleuse démonstration de force pour des musiciens n’ayant pourtant plus rien à prouver. Sur une des plus hautes marches du podium, dont certains évoqueront l’éponyme comme éternel gagnant, Versus marque le renouveau et la reprise en main d’un groupe talentueux qui n’a finalement pas encore terminé de nous tenir la main.
1. Moronic Colossus
2. Pieces
3. Little Cage
4. Trenches
5. Ceremony
6. Skuld
7. Crusher
8. Rivers Run
9. Iron Mask
10. Faultline
11. Imperial Death March