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Album

08 février 2018 - Pamalach

Morbid Angel

Kingdoms Disdained

LabelSilver Lining Music
styleDeath Metal
formatAlbum
paysUSA
sortiedécembre 2017
La note de
Pamalach
6.5/10


Pamalach

"Les vrais savent, les vrais font".

Pendant de nombreuses années, Morbid Angel fut le papa du Death Metal. Si on pratiquait un test de paternité, on trouverait à n'en pas douter, de multiples géniteurs au Death. Mais dans le rôle du Daron avec un grand D, celui qui distribue les torgnoles d'une main caleuse et lourde et dont personne ne conteste l'autorité, c'est Morbid Angel qui s'est le plus longtemps collé à la garde du marmot. Sans minimiser  en rien les impacts des incontournables et respectés DeathPossessedPestilenceObituaryBlasphemy ou Cannibal Corpse (car il ne faut pas non plus tomber dans l'idolâtrie aveugle d'un groupe au demeurant absolument incroyable et fascinant) on ne peut le nier, avec Morbid Angel, il y a quelque chose de spécial.

Pendant une majeure partie de son existence, Morbid Angel fut un groupe unique, portant à bout de bras son Death Metal, chargé de mysticisme, de brutalité et de fureur. Au milieu des années 80, les précurseurs du Death Metal dépassaient le Thrash en lui donnant des colorations nouvelles et en l'accélérant toujours plus. En 1989, Morbid Angel sortait "Altars of Madness", mettait d'accord tout l'underground planétaire et donnait naissance au Death Metal sous sa forme que nous connaissons actuellement. Plus que n'importe quel autre groupe extrême, Morbid Angel était entouré d'une aura de mystère inquiétante, auréolant le combo maléfique d'une âme noire et intimidante. En clair, je n'écoutais pas Morbid Angel comme j'écoutais Cannibal Corpse. L'ange dégoûtant semblait porter un "je ne sais quoi" de plus inquiétant et diabolique. Un peu comme si leurs litanies ouvraient les portes d'un monde interdit fort inhospitalier. Au début des 90's, Morbid Angel faisait peur. Sandoval était considéré comme le meilleur batteur de Death Metal de la planète, Azagthoth comme un génie créatif et Vincent... un leader charismatique et inquiétant qui aimait provoquer la controverse autant que vociférer des agressions anti cléricales au micro.

Groupe légendaire s'il en est, Morbid Angel a marqué plusieurs générations d'auditeurs au fer rouge et laisse plusieurs albums faisant office de classiques dans le Metal en général. De la brutalité, de la haine et de la violence... mais avec toujours cette impression que la musique était habitée par quelque chose de plus grand que les chansons elles-mêmes. Et si il y avait un architecte derrière les plans de cette église si particulière, il ne semblait pas nous vouloir du bien. Oui enfin tout ça ç'était avant....

Car il n'y a pas besoin d'être un grand analyste pour comprendre que "Kingdoms Disdained" bénéficie du "luxe" d'arriver après le détesté "Illud Divinum Insanus". Cet album est tellement haï par les fans que pour pas mal d'entre eux, l'effet "retour aux sources" de "Kingdoms Disdained" apparaît comme une réjouissante cure de jeunesse où Morbid Angel revient à ses premiers amours et sonne à nouveau comme un démon de l'enfer de la mort. Mais il suffit pourtant de mettre ce dernier opus en face de "Altars of Madness", "Blessed are the Sick" ou même "Gateways of Annihilation" pour bien sentir qu'il y a un gros décalage et qu'il n'est absolument pas à la hauteur de ses aînés. Et c'est pas genre il est un peu moins bien hein, c'est carrément un autre monde. Bon ok, c'est peut être un album de bon Death Metal... mais un album digne du grand Morbid Angel ? On dirait qu'après avoir voulu aller loin dans l'expérimentation, le groupe est revenu à une forme de sobriété sans folie aucune.

Ce qui me déçoit le plus dans "Kingdoms Disdained" c'est que Morbid Angel se contente de montrer ses muscles. Ça joue vite, c'est dur et violent et ça donne pas envie de rire. Mais où est la magie, l’âme et le panache du groupe ? Les outrances et l'envie ? Oui, l'envie bordel, celle qui avait fait que Morbid Angel avait proposé "Illud Divinum Insanus" envers et contre tous, se mettant quasi l'intégralité de sa fanbase à dos. Quand en Live certains jeunes "rigolos" faisaient des doigts au groupe, regrettant une époque "bénie" qu'ils n'avaient même pas connue... tout ça pour ça ? Un coup de frein à main et un retour à la boîte à gifles ?
Je me suis tapé des trips musicaux avec Morbid Angel que je n'aurais pas pu faire avec d'autres groupes. Alors les voir proposer quelque chose d'aussi attendu me rend un peu amer... un peu comme s'ils donnaient ce que le public semble vouloir. On sent par moments qu'il y a de l'idée, que la bête est toujours tapie dans l'ombre... mais hélas dès qu'elle sort et se découvre, l'illusion fait long feu et le subterfuge ne prend pas.

Alors après, évidement, si on se détache de l'idée que Morbid Angel fut le monstre qu'il a été, on peut souligner les bons aspects de cet album. Et pourquoi pas après tout ? Le riff principal de "D.E.A.D" rappelle les tournures biscornues des mélodies géniales d'Azagthoth, "For No Master" est sacrément burné et "The Fall of Idols" montre que le combo peut encore décocher quelques flèches sacrément bien placées. Rien à redire sur le niveau technique, la qualité d'exécution des musiciens ou même cette envie d'en découdre qu'on sent pointer sur tout l'album. J'ai beaucoup écouté cet album et je mentirais si je disais que je n'en retiens rien. Il y a de bonnes choses, c'est indéniable. J'ai aussi écouté dans le même temps "Covenant", "Domination" et "Formulas Fatal to the Flesh"... et je peinais à me dire que dans quelques années, je classerai "Kingdoms Disdained" au même niveau.

J'aurais aimé exprimer un autre point de vue que celui que je viens d'écrire car j'aime beaucoup Morbid Angel. Que reste-t-il d'ailleurs de ce groupe que je chéris tant ? Peu d'artistes peuvent se targuer d'avoir proposé autant de musique d'excellente facture, vivante et novatrice. Peut être devrais-je juste apprécier le fait que la bête est encore là et que même si elle a perdu de sa superbe, elle reste la représentante d'une espèce qui malheureusement tend peu à peu à disparaître.

 

Tracklist :

1 - Piles of Little Arms
2 - D.E.A.D.
3 - Garden of Disdain
4 - The Righteous Voice
5 - Architect and Iconoclast
6 - Paradigms Warped
7 - The Pillars Crumbling
8 - For No Master
9 - Declaring New Law (Secret Hell)
10 - From the Hand of Kings
11 - The Fall of Idols

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