U-zine.org, webzine musical metal actif entre 2004 et 2015. Fermé en 2015 suite à sa fusion avec 2Guys1TV, ses articles (chroniques, live-report, interview, dossiers, ...) sont désormais disponibles directement sur Horns Up via ce compte !
Du haut de notre vigie, implacablement tournée vers le monde du métal et de ses dignes rejetons, il nous arrive souvent de tendre l’oreille sur de jeunes espoirs, où encore de prendre la température auprès de notre chère scène métal française.
Thermomètre en avant et bistouri à la main, nous nous sommes employés aujourd’hui à aller fourrer notre nez du coté des descendants et fins homologues français de Meshuggah. Entendez Oestre, un jeune groupe prometteur, fraîchement débarqué du Limousin et qui, entre terres fertiles et vaches laitières se permettent de raviver la flamme d’un métal organique et orgasmique emprunté au plus dissident des groupes suédois.
Et si le groupe se déploie aujourd’hui sur notre table d’opération, ce n’est que pour les besoins de leur tout premier album, La piste des larmes, qui espérons le, rejoindra tôt ou tard le chemin des étoiles.
La dissection en règle de ce premier effort est d’abord marquée par le caractère volontairement rentre-dedans de la formation. L’organisation et le classement de chaque riff, de chaque martèlement font la part belle à une musique administrée avec minutie. Sonorités et arrangements sont francs, directs, tout en rappelant l’attachement entretenu avec le groupe Meshuggah et son album Catch 33. Pas de portes de sortie, et encore moins d’échappatoire, tant notre ego est pris au piège par le biais d’une rythmique écervelée et hautement fouillée.
Il faut dire que le groupe a mis son cœur à l’ouvrage peaufinant chaque changement de rythme à l’image du titre « Les autres ». Une piste adroite faisant avaler la pilule d’un album sans grands moments d’anthologie.
Car avouons-le, devant la montagne de riffs identiques, la formation ne fait pas état de grande novation. Tout est constamment lisse et vient à manquer ce brin de folie et d’excentricité que l’on aurait aimé voir intégré sur quelques pistes. Des morceaux, comme « Pardonne nous » ou « Illusion », sans être mauvais, finissent par ennuyer et accentue notre caractère zappeur face à l’ensemble de l’album.
On ne s’arrête finalement peu sur un morceau en particulier et les quelques coups de cœur vont intuitivement vers les parties de clôture de l’album. Là, où la formation semble être davantage en accord avec elle-même et surtout plus « sûre » de ses choix.
Non pas qu’elle se cherchait avant, mais bien en raison d’un ajout plus convenable de sonorités, d’ambiances et d’émotions. La plénitude de ces commodités s’invite sur les morceaux « Chacun son tour » et « le mal est fait », pour finalement conclure un album, dont le début était uniforme et sans saveur.
Si la fougue, la précipitation et l’empressement étaient décelables dès l’ouverture du disque et tout particulièrement sur « le bal des fous », nous retrouvons la formation mûrie quelque 45 minutes plus tard, à la sortie d’un périple enrichi aux ambiances cliniques et davantage scénarisé. L’album, fracturé et scindé en deux, finissant par apporter donc deux sentiments palpables.
D’un coté, la vision d’un groupe nature, sans attaches, au chant rocailleux et à la rythmique (trop) prenante. Et de l’autre, un coté post-hardcore pas forcément révolutionnaire mais plaisant à l’écoute où les plans sonores atteignent leurs objectifs et viennent s’imbriquer généreusement.
Le diagnostic finit par tomber et l’on peut se dire que nous n’avons pas perdu tout notre temps avec cet album, malgré quelques bâillements et soupirs. Certes, nous sommes bien loin d’un chef d’œuvre pour une jeune formation, mais l’album se permet de marquer le territoire et l’identité du groupe formé en 2003.
Finalement, à trop vouloir en faire, on finit peut-être par s’y perdre. Je vous donne à réfléchir sur cette prise de position finale et je laisserais le soin à Oestre de s’exprimer sur le sujet dans ses prochaines livraisons sonores.
1. Le Bal des Fous
2. Danse Macabre
3. Pardonne Nous
4. Illusion
5. Nature Morte
6. Hors du Temple
7. Chacun son Tour
8. Les Autres
9. Le Mal est Fait