"On est tous le boomer de quelqu'un d'autre."
Voilà un retour qui était attendu. Six ans que l’excellent Blasphemers’ Maledictions est sorti et nous étions impatients de voir si Azarath se chauffe toujours du même bois. Le groupe de Brutal Death polonais le plus authentique, qui n’a jamais sacrifié l’esprit de l’underground polonais même s’il est devenu très gros dans le milieu, et qui n’a jamais cédé à certaines sirènes. La puissance de frappe très crue des débuts a certes laissé place à quelque chose de plus fignolé, mais Azarath est resté Azarath, tout en faisait quelque peu évoluer son son. Certes, Praise The Beast (2009), le dernier album avec Bruno au chant, avait vu Azarath quelque peu tempérer sa furie, mais l’arrivée de Necrosodom (Deus Mortem, ex-Thunderbolt) pour Blasphemers’ Maledictions a fait bouger les lignes dans un autre registre. Tout aussi brutal mais plus réfléchi qu’un Diabolic Impious Evil (2006), cet album nous présentait un Azarath tout à fait complet, capable en outre de pondre de vraies tueries ("Firebreath of Blasphemy and Scorn", "Holy Possession", l’exceptionnel "Harvester of Flames"…), en plus d’un aspect visuel plus chiadé que par le passé. Azarath a grandi et évolué, mais est resté fidèle à lui-même, et aux labels du pays (passé par Pagan Records puis Witching Hour, le voilà maintenant chez Agonia). Avec le même line-up que Blasphemers’ Maledictions (dont l’inévitable Inferno derrière les fûts et le guitariste Bart présent depuis 2000), voilà enfin la nouvelle offrande de ces polonais ravageurs, même si le temps que je me décide à écrire cette chronique nous avons appris que In Extremis serait le second et dernier album avec Necrosodom au chant, qui a mis les voiles il y a quelques semaines tout juste…
Même line-up que Blasphemers’ Maledictions pour In Extremis donc, ce qui fait que même après 6 ans de void, la musique d’Azarath ne va pas vraiment bouger d’un pouce, que ça soit sur le fond ou sur la forme (même si cette fois-ci les studios Hertz ne sont pas de la partie). Nous avons donc toujours affaire à un Azarath brut de décoffrage, avec un chant un peu plus grave que par le passé de la part de Necrosodom. Rien ne change donc, mais passer après le très travaillé et inspiré Blasphemers’ Maledictions sera difficile. Azarath revient donc un peu à sa fureur primale, même si l’on égale pas encore la violence d’un Diabolic Impious Evil. In Extremis s’adonne parfois à quelques passages plus lourds, un peu pour "Let My Blood Become His Flesh" et surtout "The Slain God", mais on ne se retrouve pas dans l’esprit d’un Praise The Beast non plus. Non, Azarath ratatine avec un Death-Metal blastant, et on le remarque bien dès "The Triumph of Ascending Majesty" qui tabasse sec d’entrée, sans laisser le temps à l’auditeur de se préparer à la déferlante. On se fait d’ailleurs accueillir direct par un solo bien déglingué, histoire de bien montrer qu’Azarath n’est pas là pour niaiser. En 39 minutes, In Extremis aura donc l’occasion de proposer quelques brûlots, comme "At the Gates of Understanding" et ses riffs bien efficaces, l’hyper violent "Sign of Apophis" ou encore l’excellent "Venoumous Tears (Mourn of the Unholy Father)" avec son côté sombre et ses riffs massifs. Avec In Extremis, qui porte bien son nom en un sens, nous avons affaire à un Azarath bien motivé, qui nous livre 10 nouvelles compositions de Brutal Death polonais sans compromis, retrouvant les particularités et les efforts de Blasphemers’ Maledictions mais appuyant son versant le plus direct et bourrin.
Bourrin certes, mais succéder aux subtilités de Blasphemers’ Maledictions était comme je l’ai dit difficile, et In Extremis aura tout de même un peu moins de classe. Azarath paraît parfois en roue libre et nous aurons droit à quelques morceaux un peu plus anecdotiques (le très blastant "Annihilation (Smite All the Illusions)", "Parasu Blade", "Into the Nameless Night"), certes bien bourrins donc, mais un peu creux. In Extremis est donc plutôt à prendre comme un bloc en pleine poire, ce qui fonctionne tout de même, mais Blasphemers’ Maledictions est au-dessus en termes de qualité des compositions, c’est indéniable. On le constate encore avec le final "Death", certes intéressant car plus dark mais bien loin de l’énormissime "Harvester of Flames" et ses riffs ultimes. Le seul crime de In Extremis est donc d’être inférieur à ses prédécesseurs (je ne risque pas à le comparer à un Diabolic Impious Evil car ce n’est plus tout à fait la même chose), pour le reste Azarath continue à être diaboliquement efficace, à se poser comme le groupe de Death polonais le plus violent et blastant du marché, et c’est l’essentiel. Six ans pour ça certes, mais ce retour fait plaisir et fait du bien par où il passe, se posant comme la parfaite dose de violence polonaise. Pour des compos plus chiadées et des morceaux plus mémorables comme sur Blasphemers’ Maledictions, on repassera ou on se le repassera (il reste le meilleur disque du groupe quoi qu’il en soit), reste à voir ce que va maintenant devenir le groupe sans Necrosodom qui avait quand même amené sa propre patte issue de Thunderbolt et Deus Mortem. Mais on peut compter sur le génial Inferno et un Bart en pleine bourre pour nous concocter bien vite un autre skeud bien brutal de Death polonais qui dépote, comme ils le font depuis presque 20 ans…
Tracklist de In Extremis :
1. The Triumph of Ascending Majesty (5:00)
2. Let My Blood Become His Flesh (3:21)
3. Annihilation (Smite All the Illusions) (3:25)
4. The Slain God (4:44)
5. At the Gates of Understanding (4:12)
6. Parasu Blade (3:44)
7. Sign of Apophis (3:02)
8. Into the Nameless Night (4:46)
9. Venomous Tears (Mourn of the Unholy Mother) (2:58)
10. Death (4:17)