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dimanche 12 mars 2017

Magma @ Lyon

Transbordeur - Lyon

Sleap

Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).

Sleap : Il y a exactement un an, j’embarquais pour une semaine Magma à Paris + enchainement Netherlands Deathfest. C’est aujourd’hui le scénario inverse qui se produit (Netherlands Deathfest puis Magma à Lyon), et une fois encore l’intensité et l’émotion sont de mise.

Le temps d’arriver sur Lyon après plus de 4 heures de bus, de grignoter quelque chose, de passer voir les quelques occasions niveau CDs, et j’arrive au Transbordeur peu avant le début du concert. À ma grande joie, l’organisation a finalement opté pour une fosse debout plutôt que de remplir la salle de places assises. Un détail qui a son importance tant les réactions et les comportements peuvent différer d’une personne à l’autre pendant un show de Magma. Pour ma part, je me faufile jusqu’au second rang, parfaitement placé entre les micros des deux vocalistes féminines et l’imposant kit de batterie de Christian Vander. Une version instrumentale de Welcome to the Machine passe en boucle en fond sonore le temps que la salle se remplisse. Je suis tout d’abord surpris du peu de monde en fosse debout (par rapport aux gradins qui, eux, sont bondés), mais un bref coup d’œil avant que les lumières ne s’éteignent suffit à me rassurer : la salle est pleine !

C’est l’ovation lorsqu’arrivent les 8 musiciens sur scène, puis le rituel commence sur une incantation d’Hervé aux sonorités orientales. D’habitude, le kobaïen – langue créée de toutes pièces par Vander pour presque toutes les paroles du groupe – a des consonances plutôt germaniques, mais ce n’est pas le cas pour ce tout début de concert. Stella et Isabelle, les deux vocalistes féminines, poursuivent avec des envolées très aigues ponctuées de coups de ‘‘gongs’’ (ride) sentencieux. Un premier morceau assez singulier qui s’enchaine sans transition avec l’ultime Hhaï ! C’est la première fois que j’entends ce titre – l’un de mes favoris – en live, et dès les premières secondes d’incantations kobaïennes de Christian, je suis aux anges. On oublie bien trop souvent les qualités vocales du mythique batteur, et ce magnifique passage est l’occasion de nous les rappeler. Je me laisse emporter par ce tourbillon de sensations qui se poursuit, là encore sans transition, avec Zombies et sa ligne de basse si groovie. Décidément, quel enchainement ! Le jeune guitariste, qui remplace toujours James McGaw (si je ne m’abuse), se débrouille extrêmement bien et a l’air de prendre autant son pied que le reste de la troupe.

Après une courte reprise de souffle pour tout le monde – public compris – le concert reprend sur le classique absolu, j’ai nommé Theusz Hamtaahk. Bien qu’il soit interprété à quasiment tous les concerts du groupe, il n’en demeure pas moins mon titre favori. Et au vu des réactions de la salle lorsque débute cette pièce, je ne suis certainement pas seul. La diversité d’émotions procurée par ce morceau de près de 40 minutes est toujours aussi impressionnante à chaque prestation. C’est peut-être pour cela que ce fameux titre, composé au tout début des années 70, n’a toujours pas bénéficié d’un enregistrement studio. L’entendre en live est chaque fois une expérience unique. Des passages saccadés très rapides aux moments de plénitude claviers / voix, en passant par les parties de caisse claire complètement hypnotiques… Theusz Hamtaahk n’en finit définitivement pas de me fasciner. Je me surprends d’ailleurs à chanter les paroles avec quelques autres fans, et ce alors que je ne les comprends toujours pas. Mais c’est aussi cela la force de Magma. En plus d’une pléthore de vocaux différents – tous d’une qualité incroyable – les textes en kobaïen nous offrent des sonorités et des consonances que ne peuvent pas nous proposer le français ou même l’anglais. L’ingénieur lumière, que l’on pensait absent, se réveille d’ailleurs enfin lors de ce morceau pour nous concocter des ambiances tantôt rouges tantôt bleutées qui apportent une atmosphère visuelle fort bienvenue (même si, comme le dit Isabelle en milieu de set, Magma brille naturellement) !

Alors que je peine encore à redescendre de mon nuage, le groupe revient pour un rappel sur le monument Kobaïa. Vais-je seulement survivre à un concert pareil ?! Dès l’intro basse / batterie si caractéristique, c’est la liesse générale. Et lorsque le clavier, la guitare et les envolées vocales viennent compléter cette ouverture pleine de groove, l’extase est totale ! En plus d’une qualité d’exécution remarquable, ce titre éponyme du tout premier album possède un aspect ‘‘tubesque’’ que n’ont pas les autres chansons du groupe. Mais en plus de ce coté catchy, cette pièce n’en reste pas moins extraordinaire à entendre en live. Mention spéciale à la magnifique impro de xylophone en milieu de morceau. J’aurais bien voulu réentendre l’immense Mekanïk Destruktïw Kommandöh en entier, mais nous arrivons déjà à la fin de ce show sensationnel. Et quelle fin… !!!
Avant de nous quitter, Magma nous réserve en effet une surprise de taille. Suite à des réclamations dans la fosse (je cite « Christian ! On veut t’entendre chanter !!! »), le groupe nous propose un final sur une reprise de Offering. Il s’agit d’un side-project de certains membres de Magma durant les années 80 qui a la particularité de se centrer spécialement autour des vocaux. Christian Vander se place donc à l’avant de la scène au coté de ses trois collègues vocalistes pour nous interpréter un Ehn Deïss de toute beauté. L’aspect extrêmement mélancolique de ce titre, mêlé à la mélodie aux claviers arrive presque à me tirer une larme. Quelle magnifique fin de concert !

Cela se termine évidemment par une standing ovation de plusieurs minutes ponctuée par des « On vous aime ! » ou encore « Merci d’exister » hurlés par certains fans. Certain(e)s laissent échapper quelques larmes, d’autres ont un sourire jusqu’aux oreilles, d’autres encore sont tout simplement abasourdis par tant de maitrise, de feeling, d’ambiance et j’en passe… Pour ma part, c’est un peu un mélange de tout ça. Même après presque 50 ans de carrière, le groupe parvient encore à mettre tout le monde à genoux. J’ai beau être fan de musiques extrêmes, Magma reste pour moi le plus grand groupe français de tous les temps, et assurément l’une des formations les plus uniques de l’histoire de la musique. Ceux qui ont déjà vécu une prestation live du groupe savent à quel point je pèse mes mots. S’il y a bien une expérience musicale que je souhaite à tout le monde de tenter une fois dans sa vie, c’est bien celle-ci. Merci Magma !