Party San Open Air 2016 - Jour 2
- Schlotheim
Live reporter et chroniqueur occasionnel dans divers genres (principalement extrême).
Sleap : Le schéma du Party San est simple. Après une première journée assez light en terme de groupes, le programme passe aux choses sérieuses dès le deuxième jour. Débutant tous les ans à midi par un groupe de GoreGrind, cette seconde journée (tout comme la troisième) s'avère en général assez éprouvante. On alterne les concerts entre la Main Stage et la Tent Stage sans aucune pause puisque cette année, les sets se chevauchent tous de quasiment 5 minutes. Fort dommage pour un festival avec seulement deux scènes. Heureusement, les quelques groupes qui ne nous intéressent pas sont une occasion pour parcourir les nombreux stands de merch (et de bouffe / boisson !) tout autour du site. Récit d'une seconde journée quasiment parfaite en terme de concerts, du moins me concernant...
Wolfbrigade
Sleap : Je ne suis toujours pas fan de ce que les adeptes appellent le « Crust Deluxe » (musique mélangeant assise Crust Punk et riffing mélodique presque Heavy Metal), mais force est de constater qu'en live le cocktail est détonnant. C'est ainsi que je me retrouve à prendre mon pied devant les Suédois de Wolfbrigade pour la troisième fois sans aucune forme de lassitude. Le son de guitare n'est toujours pas au beau fixe et les leads sont donc moins perceptibles qu'à l'accoutumée, mais ce n'est pas pour me déplaire. La rythmique Crust et le chant de Micke n'en sont que plus accentués et cela fonctionne très bien. Toujours une majorité de titres de la période Wolfpack, mais j'aurai tout de même aimé un petit Peace of Mind extrait du dernier Wolfbrigade. Quoi qu'il en soit, le groupe reste une valeur sure en live (et également en studio pour ceux qui accrochent). Très bonne entrée en matière pour cette seconde journée en ce qui me concerne !
AngelCorpse
Sleap : Ceux qui me connaissent savent à quel point je vénère AngelCorpse. Et cette deuxième occasion de les voir en live est l'une des nombreuses raisons de mon retour au Party San cette année. Je suis en revanche extrêmement surpris du nombre de personnes qui retournent au camping alors que le show s'apprête à débuter. Ont-ils seulement prêté attention au running order ? Bref...
Comme au Netherlands Deathfest, c'est un simple « Angeeeeeel Coooooorpse » que nous hurle Pete Helmkamp de sa voix la plus typique avant que ne déferle sur nous le premier morceau. Et la foule est déjà complètement hystérique dès les premiers coups de Stormgods Unbound, cette fois-ci joué en ouverture. La setlist sera identique à celle du reste de la tournée, mais les morceaux ne seront heureusement pas joués dans le même ordre. Et comme pour beaucoup de groupes sur la Main Stage ce week-end, le son est ma foi tout juste correct. Je chipote mais le PSOA nous a quand même habitué à de bien meilleures conditions sonores au fil des années...
Quoi qu'il en soit, le concert est encore une fois couronné de succès. Lord of the Funeral Pyre, Black Solstice, Sons of Vengeance et bien sur Wolflust en final... Le tout accompagné d'un Pete Helmkamp tout sourire et d'un public déchainé. Quelle violence ! Malheureusement, les 45 minutes de show sont encore une fois bien trop courtes pour un groupe de ce calibre, et certains titres manquent cruellement à l'appel (Qui a dit Christhammer ?). Mais trêve de remarques de chroniqueur blasé à deux francs six sous, le concert est une tuerie intersidérale, et j'ai déjà hâte de me prendre la troisième couche à Paris en octobre prochain. Merci AngelCorpse d'être enfin de retour sur les planches ! Merci merci merci !!!
Implore
Sleap : Après les avoir vu en salle en début d'année avec ACxDC, j'étais impatient de revoir les Allemands de Implore sur scène. Leur musique se situe au croisement du Grind et du Crust mais possède un son HM-2 typiquement Death suédois. Et avec la sonorisation tout bonnement excellente de la seconde scène c'est un carton plein ! Forts d'un full-length et de deux EPs, les Allemands disposent d'un arsenal assez conséquent pour les 30 petites minutes qui leurs sont accordées. La part belle est faite à leur album Depopulation, mais j'exulte surtout sur les imparables morceaux de Black Knell comme l'über entrainant Segregate. Le petit public présent est complètement fou à l'écoute des morceaux aussi courts que surpuissants du groupe, et on a d'ailleurs droit à l'une des fosses les plus mouvementées du week-end. Il n'y a pourtant pas grand monde sous la tente pour accueillir le trio de Hambourg, mais qu'importe, il s'agit ni plus ni moins que l'une des claques du week-end ! Bien que plus court, j'ai même préféré ce set au précédent en salle il y a quelques mois. Quelle intensité !
Deströyer 666
Sleap : Il y a des formations que je ne me lasserai jamais de voir en live malgré la fréquence de leurs tournées. Et Deströyer 666 en fait partie. Mais le show d'aujourd'hui va prendre une dimension toute particulière car, oui, pour la première fois, D666 vont bénéficier d'un vrai son en live ! C'est possible !
Les concerts des deux scènes se chevauchant de quelques minutes, je rate malheureusement Australian and Antichrist (!!!) joué en début de set. Mais c'est un plaisir de découvrir en live les morceaux du nouvel album. La violence omniprésente du Black Thrash des ''Australiens'' est souvent complétée par des refrains scandés qui font mouche en live. Pour la première fois en je ne sais combien de shows, nous n'avons pas droit à I am the Wargod (qui je l'avoue était un peu redondant à la longue). En revanche, le groupe nous réserve deux surprises pour la fin de set. La première est une reprise, non pas de Black Magic (Slayer) comme à l'accoutumée, mais de Iron Fist (Motörhead), qui surprend agréablement les spectateurs les plus sceptiques. La seconde est l'arrivée de deux guests sur scène (dont Okoi Jones de Bölzer à la guitare) pour interpréter avec le groupe le nouveau titre Tamam Shud en hommage à Selim Lemouchi (The Devil's Blood) et Jon Nödtveidt (Dissection). Et n'ayant pas encore jeté une oreille sur le nouvel album, ce morceau d'une rare beauté est certainement mon moment préféré du concert, je vais m'empresser d'aller écouter ça en rentrant.
C'est donc au final l'un des meilleurs concerts de D666 qu'il m'ait été donné de voir. Avec un temps de jeu un peu plus long, nous aurions peut-être eu droit à un Trialed by Fire ou même à un Lone Wolf Winter, qui sait ? Mais avec un son et un show pareil, je ne boude certainement pas mon plaisir. Chapeau !
Dying Fetus
Sleap : L'un de mes autres groupes favoris fait également partie du line up de ce Party San 2016. Et le souvenir de mon premier concert du trio américain ici-même il y a trois ans refait surface alors que les lumières s'éteignent. Cette fois-ci, je ne suis pas au premier rang mais en plein milieu de la fosse, car c'est sans nul doute la meilleure place possible pour assister à un show de Dying Fetus.
La machine de guerre du Maryland entre en scène sur le terrible Schematics. Et dès les premières notes je perds absolument tout contrôle de moi-même, à l'instar de beaucoup d'autres fans au vu de la fosse. Celle-ci est déjà en effervescence alors que le show n'a débuté que depuis quelques secondes, et cela ne faiblira pas de tout le set. Rares sont les groupes à mettre autant de monde d'accord ! Pour les rares inconscients qui ne connaitraient pas encore Dying Fetus, la musique du groupe mêle un Death Metal brutal et technique à un Hardcore US lourd et dansant. Il en résulte des morceaux assez variés, alternants entre sweeps TechDeath d'une précision chirurgicale et gros breaks Hardcore, le tout agrémenté d'échanges vocaux tantôt gras et porcins (John Gallagher), tantôt puissants et arrachés (Sean Beasley). Et à seulement trois sur scène, leur son et leur interprétation sont 99% du temps irréprochables. Toujours hyper entrainante, la musique de Fetus ravit donc autant les fans de Death que les fans de Hardcore, et c'est un plaisir de voir tout ce beau monde se mettre sur la gueule dans le pit.
Pour ma part, c'est typiquement le genre de concerts où je prends un nombre incalculable de patates... et où j'en redemande ! Des premiers aux derniers albums, les titres joués ce soir sont tous aussi surpuissants les uns que les autres : Grotesque Impalement (morceau le plus dansant de l'histoire de la musique), Praise the Lord, Your Treachery... ou encore le final sur Killing on Adrenaline... Le nouveau morceau est lui aussi extrêmement efficace en live, mais je suis cependant sceptique concernant le break de fin (un peu trop simpliste à mon goût). D'autre part, les 45 petites minutes accordées au trio ne nous permettent pas d'entendre tous les classiques du groupe. Ainsi, des incontournables comme One Shot One Kill, Homicidal Retribution ou Kill your Mother... ne sont pas interprétés ce soir.
Quoi qu'il en soit, soyez assurés qu'avec n'importe quelle setlist, le groupe mettra une mandale même aux plus sceptiques d'entre vous. En ce qui me concerne, je resterai incapable de trouver un show de Fetus meilleur qu'un autre tant la claque est absolument toujours la même, mais ce que je certifie c'est qu'il s'agit certainement, une fois encore, de mon concert préféré du Party San. Je suis déjà en manque...
Exodus
Sleap : Qu'il est difficile de passer après Dying Fetus, même lorsqu'on est un groupe de Thrash US aussi expérimenté et renommé qu'Exodus... Et cette circonstance additionnée au fait que je n'apprécie véritablement que le premier album du groupe va certainement influencer mon avis ce soir.
Après une énième rasade de Cuba Libre, je me place tranquillement dans le fond de la zone pour assister au set des géants californiens, tout courbaturé que je suis par le show précédent. Et, comme je m'y attendais, la prestation me laisse presque de marbre... Malgré un son très correct et une bonne énergie sur scène, les morceaux joués n'ont vraiment plus le même feeling qu'auparavant. Hormis un sympathique Bonded by Blood et un final sur Strike of the Beast, je ne remue pas de la tête plus que ça. Pas de Exodus, pas de Piranha, pas de Lesson in Violence... Non, je confirme, ce n'est clairement pas le meilleur show d'Exodus auquel j'aie pu assister. Une autre fois peut-être...
Carcass
Sleap : À mon grand étonnement, je m'aperçois ce soir que c'est déjà la 8ème fois que je vois Carcass en concert. Et, même si je suis toujours à fond à chacune de leur prestation, ce show va s'avérer être légèrement au dessus de la moyenne.
D'une part pour la sono. On retrouve enfin la clarté et la précision du son de la Main Stage, qui ne sont pas toujours au rendez-vous cette année, il faut le dire. Et d'autre part pour la performance. La setlist a beau être quasiment la même depuis la sortie du nouvel album, l'exécution des morceaux est toujours d'une qualité exemplaire. S'entremêlent des titres de Surgical Steel, Heartwork ou Necroticism sans aucune forme de transition. Les morceaux s'enchainent à une vitesse impressionnante sans laisser un seul moment de répit aux spectateurs. Les rares pauses permettent à Jeff Walker de déconner un brin avec le public comme il sait si bien le faire, avant que les hostilités ne reprennent de plus belle. « Back to the days when you barely knew what was Heavy Metal. We were playing it. » Et vlan !
Même les titres de Swansong que je ne trouve pas transcendants en studio (comme le satyrique Keep on Rotting in the Free World), sont d'une redoutable efficacité en live. Et, outre le classique final sur Corporal Jigsore Quandary / Heartwork, c'est l'excellent Reek of Putrefaction (extrait de l'atemporel Symphonies of Sickness) qui reste pour moi le point d'orgue du show. En revanche, l'album Reek of Putrefaction est toujours autant snobé par le groupe. Dommage.
Bref, malgré la redondance de la setlist, les fans seront toujours abasourdis par tant de maitrise et de classe. Comme si Carcass n'avait déjà pas assez révolutionné la musique extrême, il faut en plus que les prestations live soient toujours parfaites. Il y a décidément des groupes qui sont au dessus du lot. Et Carcass en fait partie, c'est irréfutable.