Ghost + Dead Soul
La Belle Electrique - Grenoble
En ce début février, c’est en quelque sorte une séance de rattrapage, ou une prolongation du plaisir, c’est selon. En effet, après être venus le 24 novembre dernier à Lyon, les Suédois de Ghost remettent le couvert en proposant pas moins de 8 dates françaises, dont Grenoble, ce 8 février. N’ayant pas pu les voir il y a trois mois, c’est du pain béni.
Ce qui l’est moins, c’est le parcours du combattant pour se rendre à la salle, en plein centre-ville, sans parking dédié. Entre les bouchons de la fin de journée et la rareté des places à proximité, il m’a fallu plus d’une heure pour arriver devant l’autel de cérémonie, la Belle Electrique. C’est d’ailleurs la première fois que j’entre dans cette nouvelle salle de concert, qui vient de souffler sa première bougie. C’est sans réelle surprise que les festivités vont se dérouler à guichet fermé, tant la tête d’affiche déchaîne les passions.
Dead Soul
En attendant, nous avons le droit en guise de mise en bouche aux scandinaves de Dead Soul, dont j’ignorais le nom et le musique jusqu’à ce jour. Il s’agit d’une formation composée de trois membres : un chanteur et deux guitaristes, accompagnés d’une boite à rythme et de samples pour soutenir leurs compositions. Ils produisent un mélange de rock/blues plutôt gentillet, avec une tendance doomy. Bon, sans leur faire injure, je ne vais pas m’étendre davantage à leur sujet, n’ayant guère pu m’immerger pleinement dans leur court set d’une demi-heure. Comme on dit : "ça passe, mais sans plus".
Setlist :
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Ghost
Si pour la formation précédente la salle était à moitié pleine, elle ne va pas tarder à densément se remplir pour accueillir les artistes suivants. Plus qu’un groupe, Ghost est devenu LE phénomène de la scène rock/metal en l’espace de quelques années, à tel point qu’avec seulement trois albums studio sortis à ce jour, ils paradent en tête d’affiche des plus grands festivals, en étant souvent devant des formations beaucoup plus anciennes et renommées, ce qui a tendance à faire grincer des dents certains puristes. Mais pourquoi un tel engouement ? Déjà le concept religieux et le marketing bien huilé jouent en leur faveur, avec leurs visages masqués et l’accoutrement papal du frontman. Mais évidemment, cela n’explique pas tout, leur succès ne serait rien sans la qualité de leurs compositions, s’inscrivant dans un registre metal voire rock, avec des mélodies et plans percutants, que l’on retient et fredonne facilement. Moi qui suis pourtant hermétique aux effets de mode et tout ce qui est étiqueté “mainstream”, je concède volontiers mon admiration pour ce projet. Un bémol toutefois, leur dernier opus -Meliora- (pourtant nominé aux Grammy Awards, si si) est loin de m’avoir convaincu, alors que les deux premiers (Opus Eponymus et Infestissumam) font figure de référence. Bref, je m’égare dans cette introduction sans fin.
Alors que la salle est plongée dans l’obscurité, l’assemblée exulte lorsque retentissent les premières notes de l’introduction religieuse, point de départ d’une cérémonie qui va durer pas moins d’1h45. Au programme, une bonne quinzaine de morceaux extraits de leur répertoire, notamment leurs plus emblématiques et attendus, je pense en particulier au chevaleresque “Con Clavi Con Dio”, au solennel “Per Aspera ad Inferi”, le tubesque “He Is” et surtout mes deux préférés du set : l’entêtant refrain de “Ghuleh/Zombie Queen” et le débonnaire “Monstrance Clock”. N’ayant jamais vu Ghost en live, je m’attendais à une prestation froide et ritualistique sans échange avec le public, à l’image de leur mise en scène. Si ce fut effectivement le cas dès les premiers titres, ce préjugé va vite être effacé au fur et à mesure du show, Papa Emeritus étant finalement très bavard, que ce soit lors des interludes voire au sein même des morceaux comme sur la reprise acoustique de “If you have Ghost” où il présente chacun des Nameless Ghouls, ses anonymes acolytes.
La scénographie est loin d’être négligée ; outre les costumes de différents musiciens -le coeur du concept- le décorum est assez classe avec cette projection façon vitrail de cathédrale en arrière-plan, quelques encens et chandeliers, ou encore l’intervention de nonnes sur “Body and Blood”, distribuant des hosties au premier rang. Mais surtout, c’est l’enceinte même de la Belle Electrique qui met à l’honneur le groupe avec non seulement un jeu de lumière parfait, mais également une qualité sonore excellente, offrant une grande clarté et audibilité à chacun des instruments.
En véritable showman et dans un registre complètement théâtral, Papa Emeritus ne va guère avoir de mal à convaincre un public acquis à la cause du groupe, du début à la fin du spectacle.
N’en déplaise aux détracteurs, la réputation grandissante de Ghost n’est en rien due au hasard et ce soir, les Suédois ont répondu présent en fournissant un set impeccable et sans fausse note, devant une salle archi comble.
Setlist :
Intro
Spirit
From the Pinnacle to the Pit
Stand by Him
Con Clavi Con Dio
Per Aspera ad Inferi
Body and Blood
Devil Church
Cirice
Year Zero
Spöksonat
He Is
Absolution
Mummy Dust
If You Have Ghosts (Roky Erickson cover)
Ghuleh/Zombie Queen
Ritual
Monstrance Clock
Merci à tous les acteurs de cet événement !