Regarde Les Hommes Tomber
A. (guitare) T. (chant)
Dans l'équipe car il était là avant.
Alors que son deuxième album, Exile, venait tout juste de sortir, Regarde Les hommes Tomber a effectué une série de trois concerts qui s'est conclue à L'Aeronef de Lille dans une salle comble. Une très bonne occasion pour discuter avec A. (guitare) et T. (chant) en taxant leurs Kit-Kat.
1/ Salut A., salut T., comment ça se passe pour vous en ce moment avec Regarde Les Hommes Tomber ?
A : Très bien! Pour l’instant, c’est cool, on est hyper content de reprendre les concerts après une pause de quasiment 9 mois. On a travaillé un nouveau set, abattu pas mal de boulot et là, c’est la quatrième date ce soir.
T : Ouais c’est ça, il y a 15 jours c’était la release party et ce soir c’est la troisième date de suite. On était à Paris avant-hier, Orléans hier et ce soir Lille. Donc vraiment content de refaire des concerts, ça fait du bien.
2/ Vous venez juste de sortir Exile, votre deuxième album, comment sont les retours pour l’instant ?
A : Que des bons retours, même si en terme de promo ça commence juste à se faire petit à petit. Pas mal via des petits webzines, des gens qui font ça pour la passion, dans des genres de blogs (Ndlr : Interview réalisée début octobre). Donc pour l’instant plein de bons retours, mais le truc qui nous fait plaisir c’est que les gens ont compris vers où on voulait aller. C’est à dire que l’on gardait un peu la même recette que sur le premier album, mais en extrémisant ça, en allant vers quelque chose de plus black, qui nous correspondait mieux. Le groupe a évolué au fur et à mesure des années, le premier album, c’était vraiment la marque du groupe à l’instant T, le tout départ. A force de faire des concerts, on est devenu plus extrême, on a joué plus vite et cet album-là marque vraiment ce changement au niveau du son. Ensuite, c’est le premier album avec T, ça s’est hyper bien passé, on est super content de sa voix, on regrette rien du tout.
3/ Vous avez réussit à taper très fort dès le premier album, presse et public unanime, premières parties prestigieuses, présence au Hellfest, Motocultor, Roadburn… le mec de Trivium qui se promène avec vos T-shirts que vous avez vendu par palettes. Vous ne vous êtes pas dit à un moment que ça allait trop vite ?
Ok, là pour le coup, je peux rentrer dans les détails, car on ne m’a jamais vraiment posé de question la-dessus. Si tu veux il y a deux choses, déjà au départ, il y avait la musique qui était faite, car on a tous eu des groupes avant, mais on faisait des concerts sans rien préparer, on jouait alors que l’on n'avait pas de CD à vendre, on avait rien. Là, on s’est dit, la musique est super cool, on travaille quelque chose, on ne va rien dire à personne, bosser pendant 6 mois que là-dessus et quand on sera prêts, on fera un concert et advienne que pourra... Ensuite, la chance que l’on a eue, c’est qu’au premier concert, il y avait Gerard, des Acteurs de L’Ombre, qui a vraiment adoré. Je pense qu’à l’époque, le label était plus petit, ce qui fait qu’à la sortie de l’album en 2013, on était, je pense le seul groupe du label à faire des concerts. T’avais The Great Old Ones, mais ils n’avaient pas d’album à sortir. Du coup, ils ont mis le paquet sur nous, on a eu de la chance niveau promo, et après je ne sais pas comment dire... Ça a plu... Ça a plu... Tu fais ton truc de ton côté, tu bosses la musique, tu bosses le concept, nous les visuels, c’est un truc auquel on a attaché énormément d’importance dès le départ. C’est à dire que Regarde les Hommes Tomber, c’est un concept entier. Un groupe comme Cult Of Fire, s'ils n’avaient pas toute leur esthétique propre, les bougies… Bah ça marcherait sûrement moins bien ! La musique est géniale, mais il manquerait surement quelque chose ! Donc pour nous, c’était fondamental
4/ Et du coup ça va être quoi l’objectif avec Exile ?
C’est un peu plus stressant car pour Exile c’était plus compliqué. On a beaucoup joué, on avait du mal à boucler les morceaux, vraiment, au contraire du premier qui a été composé rapidement… Donc les objectifs, déjà arriver à faire pareil que pour le premier, car il s’est passé tellement de chose folles dès le départ que là, ça devient un peu compliqué... Mais aller plus loin, jouer à l’étranger. On a déjà eu la chance de jouer au Roadburn, il y a un truc en mai qui est en préparation pour une tournée européenne… On va essayer de jouer autant que possible et surtout faire en sorte que les gens écoutent l’album, qu’ils nous kiffent et qu’ils comprennent un peu mieux là ou on veut aller.
5/ Au niveau de la composition, si je ne me trompe pas, le premier album avait été entièrement réalisé par J.J (guitare) sans même la conception de groupe en tête...
En fait, il avait composé 5 morceaux, on a gardé les deux premiers. Ces deux-là, on les a explorés et c'est ce qui a donné l’univers du groupe. Lui à la base, il avait effectivement composé ça tout seul, avec une seule guitare. Nous, on se connaissait tous et quand j’ai découvert ça, j’ai dit “Putain les gars, je veux absolument jouer avec vous !”. Après on a bossé, on a répété, répété, répété… Donc il a composé l’architecture du premier album, nous, on a tous donné nos idées, mais vraiment, c’est lui à la base des compos.
Après moi quand je jouais, ça m’évoquait beaucoup de choses, c’était un truc assez ésotérique. Puis le nom, Regarde Les Hommes Tomber, à partir du moment où on l’a eu, ça c'est débloqué C’est moi qui ai eu l’idée, mais au début personne dans le groupe ne semblait convaincu. Ils trouvaient ça long, compliqué, mais au final on s'en fout, le nom défonce ! Et à partir de là, on avait Regarde Les Hommes Tomber, la musique, il restait à créer l’univers. L’univers, c’est ce que j’avais imaginé en jouant les morceaux. Il fallait quelque chose qui soit ancien, qui rappelle… Si tu veux un des premiers groupes de black metal que j’ai écouté, c’était Emperor, tout leur délire graphique me plaisait et Regarde les Hommes Tomber, même si ce n’est pas la même chose, me rappelait un peu ça. On s’est donc dit que ce serait trop cool de réussir à mélanger tous ces trucs-là. Puis j’ai découvert Fortifem qui ont fait un boulot de taré pour nous.
Et du coup qu’en est-il du processus de composition pour ce deuxième album ?
Pour le deuxième album, c’était un travail plus collégial. J.J. a composé beaucoup de morceaux, on en a gardé quelques uns et ensuite on a plus travaillé entre nous. C’est à dire qu’un morceau comme Embrace The Flames par exemple, n’a quasiment pas bougé par rapport à la preprod. Après on a arrangé des choses en studio, mais les riffs n’ont pas bougé, ce sont ceux que J.J. a composé. Pour d’autres morceaux, par exemple The Incandescent March, j’ai composé la structure puis après il a rajouté les mélodies. Un autre morceau, c’est notre batteur qui l’a composé et derrière on a rajouté nos idées, etc etc … Si tu veux ça s’est fait plus en repet’ et pour nous, c’est toujours pareil : si ça sonne en repet, on s’en fout des preprods ! Les preprods on les fait pour nous servir de support, mais si elles ne sonnent pas en repet, c’est pourri. Mais à partir du moment où ça sonne, on est bon.
Pour finir sur la voix, le travail de composition et d’arrangement s'est vraiment affiné à partir du moment où T. a rejoint le groupe. On est hyper content de sa voix et il a apporté quelque chose en plus, il a été plus loin que ce que l’on espérait.
6/ On va rester sur T. justement, le principal changement entre ces deux albums, c’est le départ d’Ulrich et donc la venue de T., pouvez vous revenir sur cette modification de line-up et l’intégration de ce nouveau chanteur
À la base du groupe, on n'avait pas de chanteur, on s’était dit que l’un de nous aller chanter, on a fait des essais et c’était complétement naze haha ! En fait, au début, on ne voulait pas d’un chanteur en avant, même si maintenant, c’est le contraire. On a vu que nous, ça ne le faisait pas donc on a cherché un chanteur. Le premier concert s’est fait sans, puis Ulrich nous a contactés deux jours avant que l’on teste un premier chanteur, et ce premier chanteur, c’était… T. ! Il a donc répété avec nous, c’était génial, et à la fin, on lui a dit “Bah écoute mec, ta voix, elle défonce, mais y a le mec d’Otargos qui nous a contactés…” Et là T. nous a dit “Prenez-le !”
T : C’est bien normal !
A : Ce qui fait que quand Ulrich est parti, les gars ont dit “Bah on recontacte T.”, mais est-ce qu’il va bien le prendre, ou ça va le faire chier … Mais il a fait le test.
T : Et ça l’a carrément fait ! Les premières repet’ se sont très bien passées, malgré une grosse masse de travail car j’avais toutes les paroles du premier album à apprendre assez rapidement. Puis le vrai test ça a été les trois dates que l’on a fait en novembre il y a un an, Poitier, Paris et Verdun. Et là autant scéniquement qu’humainement ça a été génial !
Vous vous connaissiez avant ?
A : Un petit peu.
T : Ouais, vite fait de loin.
A : Je connaissais vite fait T., mais je le voyais tous les matins quand j'allais à la fac.
Ok, car pour en revenir à Ulrich, en plus du fait qu’il est le leader d’Otargos, vous vous connaissiez tous avant, ce qui devait lui donner le sentiment d’être un peu une pièce rapportée. C’est quelque chose que vous pensez évincer avec Thomas ?
Effectivement, c’était un peu le cas avec Ulrich, oui, mais c’est une question de feeling aussi. Ulrich, c’est le leader d’Otargos et une fois qu’Alexxx s'est barré, il s’est retrouvé seul aux manettes du groupe. Quand il nous a rejoints, il n’avait pas composé la musique et les paroles, c’est un ami à nous qui les a écrites. D’ailleurs, on tient vraiment à ça, car on aime sa plume et c’est un travail commun. C’est hyper important et je tiens absolument à ce qu’il continue avec nous, car c’est une pièce maitresse de l’univers du groupe.
De plus, Ulrich n’avait pas non plus composé les lignes de chants, avec le bassiste, on a fait une sorte de maquette avec la voix et on lui a demandé de les faire comme telles, avec quelques arrangements bien sûr. Ce qui fait que oui, c’était un peu une pièce rapportée, c’est vrai. Après il a apporté quelque chose, c’était les lumières, le fait que sur scène, ce soit lui qui gère les spots. Ce que T. a pu reprendre ensuite.
Par contre quand il est parti, on s’est dit : “Bon, il part, OK, faut qu’on trouve une solution” Et c’était génial que l’on reprenne T., qui faisait partie du processus initial. Quand il est arrivé en repet', c’était du délire ! J’étais en train de jouer, j’ai juste entendu et j’ai pensé "ouais ok, la voix niquel”, il connaissait toutes les paroles, parfait ! On a fait le premier concert, il apportait quelque chose que je trouvais visuellement encore mieux qu’Ulrich, enfin diffèrent, mais que je préfère !
7/ Vous avez cette fois décidé d’enregistrer chez Francis Caste au Studio Sainte-Marthe
qui a sorti entre autres Kickback, Necroblaspheme, Arkhon Infaustus, pourquoi ce choix ?
On voulait tester ce que c’était d’enregistrer dans un grand studio et Francis Caste, comme tu dis, a des premiers albums prestigieux, donc c’était un kiff d'aller chez lui. Même notre ingé-son nous disait “putain les gars, si vous voulez allez dans un studio, allez chez Francis Caste ! “ On adorait le son de batterie hyper naturel de ses productions, même si moi, je trouvais que sur certaines, la guitare manquait un peu d’impact, mais on a pu travailler ça avec lui. En outre, on est bien branchés avec les gars de Svart Crown, qui sont des potes maintenant et qui nous ont dit “Les gars, Francis, c’est un magicien, allez chez lui !” et ouais, c’était génial !
T : Ce qui est intéressant avec Francis, c’est qu’il produit un son qui a un impact vraiment maximal, mais où l’on sent un côté très organique, un son très naturel sur tous les instruments et c’est ce qui justement se prête au mieux à notre musique. Ce n’est pas clinique, c’est chaud.
A : Après même le mix est assez froid au final, mais si tu veux le son de batterie par exemple est hallucinant, on était fous, il est terrible ! Mais ce que les gens ne savent pas, c’est que le studio est dans Belleville, un quartier à l’ouest de Paris très particulier et c’est une ambiance de fou ! Que Necroblaspheme aient appelé leur album Belleville, c’est directement lié à ça !
Justement, en temps que non-parisien, j’ai juste une idée très vague de cet endroit...
Francis a un groupe de pop qui s’appelle Belvil, Necroblaspheme a appelé leur album Belleville… Y a un truc ! Belleville c’est la jungle, c’est tout pété, quartier asiatique, y a des putes dans la rue tout le temps, c’est tout cassé ! C’est vraiment la jungle, c’est un endroit particulier pour enregistrer un album.
8/ Pour les paroles, encore une fois, c’est Henoch qui est crédité, il avait une totale carte blanche ou vous avez un droit de regard dessus ?
A : On voulait continuer sur quelque chose d’inspiration biblique, continuer à explorer ça, le côté un peu mythologique, ésotérique et trouver le concept pour l’album. On a donc travaillé à nouveau avec lui là-dessus et on s’est orientés sur tous ceux qui furent rejetés, maudits par Dieu. Après T. était plus en contact avec Henoch et ils ont pu travailler ensemble sur l’architecture des paroles
T : On reste sur le même thème que le premier, c’est le reniement absolu.
D'ailleurs quand on voit l’artwork, on sent une continuité avec cet album.
A : Comme pour le premier, chaque morceau a un sujet, à un personnage principal, excepté pour Lilith qui a droit à deux morceaux. À chaque fois, c’est un épisode, une idée que l’on veut exprimer, un thème général. Sur la pochette par contre, l’idée nous est vraiment venue à la fin, on s’est fait plaisir parce que l’on s’est dit que ça pourrait être génial de faire la suite. C’est moi qui ai trouvé le titre Exile un peu par hasard, via quelque chose qui n’a vraiment rien à voir et on s’est dit que ça collait parfaitement ! Avant ça on a pensé à appeler l’album "Les Maudits" ou un truc du genre...
T : Ouais il y a eu pas mal de suggestions plus ou moins intéressantes lors d’un brainstorming (rire)
A : J'ai dit “Exile, les gars ?” - “Ouais ok”
9/ Pour rester sur les paroles, sont-elles créées après la musique, l’inverse ou les deux sont totalement différents ?
A : On lui a envoyé les musiques, puis il a travaillé avec T.
T : Ils composent, puis Henoch m’envoie les lyrics en temps que tels. Mon taff, c’est de les coller rythmiquement au morceau.
10/ Les paroles sont inspirées des thèmes bibliques, c’est un sujet que vous connaissez ou travaillez beaucoup ? Genre Lilith et Cain, moi, je n'ai pas appris ça au catéchisme, ni même quand j’ai fait la genèse au collège...
A : La religion, c’est quelque chose qui me passionne, je creuse vraiment ça en ce moment et sur toutes les religions, sans être moi-même quelqu’un de religieux. Mais je vois la musique comme quelque chose de religieux et chaque concert, c’est un peu quelque chose qui, si on ne rentre pas vraiment en transe, reste mystique et c’est une chose que je voulais garder pour l’album. Pour les paroles, il y a tellement de choses à explorer à ce niveau-là… Ce n’est pas une critique, mais sur la pochette, tu vois le peuple qui est exilé et va vers Lilith, qui elle a été rejetée par Dieu et se trouve en enfer. Nous, on rejette la notion patriarcale du divin suprême, c’est hors de question. D’ailleurs certains avaient cru qu’on était un groupe chrétien et nous avaient bien fait rire, ils n’avaient pas dû assez lire les paroles. Donc rien de tout cela, mais après, c’est quelque chose qui nous inspire et pour l’instant, on va rester sur ce thème-là, car Henoch écrit très bien là-dessus, mais on va creuser d’autres choses à l’avenir.
11/ Vous avez sorti une lyrics vidéo, c’est justement pour pouvoir mettre les paroles sur le devant et permettre d’explorer un peu plus cette facette, ou juste parce que c’est à la mode ?
T : C’est simple en fait, on pense que c’est un excellent moyen de communication finalement et que ça se prêtait bien. Ça permet à la fois une mise en avant des paroles et les visuels et c’est pour cela qu’on a penché vers ce type de média.
A : Notre label nous mettait un peu la pression pour un clip etc… Or nous, on a bossé comme des tarés pour l’album, on s’est dit que si c’est pour faire un clip et qu’au final, c’est pourri, jamais ! On est assez nazis là-dessus, hors de question de sortir un truc nul ! On s’est donc dit pourquoi pas une lyrics video. Sauf que je détestais ça ! Pour moi, les lyrics vidéo, c’était plus deathcore, avec les paroles en gros. Jusqu’à ce que je voie que certains groupes faisaient des trucs bien. Là, je me suis dit que, putain, on pouvait aller dans cette voie-là ! On a donc travaillé avec un ami qui s’appelle Hugo et que je connais depuis que je suis en seconde, qui fait de la vidéo dont des lyrics video justement, mais qui ne me plaisaient pas. Je lui ai dit qu’on aller essayer de travailler d’une autre manière avec lui. C’était un peu long au départ puis il a capté le truc. Il a bossé ça avec T. qui a corrigé toutes les fautes.
T : Scrupuleusement !
A : Et au final, on a un très bon résultat et je suis très content de son accueil ! Par exemple, l’avis de mon frère compte énormément pour moi, on est un peu pareil, il m’a dit que c’était cool, donc à partir de là, c’était bon !
12/ Vous avez beaucoup tourné depuis ce premier album, c’est déjà la troisième fois que l’on vous voit à Lille. Or là, vous avez entamé la tournée pour promouvoir Exile avec un enchaînement de 3 dates dont deux en ouverture d’Amenra, comment ça s’est passé ?
Et bien écoute, la release party de Nantes, c’était un peu la date du label et ça s’est super bien passé. On sortait de résidence, on était super chaud et c’était génial ! J’ai des amis proches, que j’estime beaucoup, qui m’ont fait des retours super positifs. Ce qui m’a rassuré car c’était dur. Pour les dates avec Amenra, on a joué d’abord au Divan du Monde, c’était très compliqué, car les gars avaient fait la route toute la journée…
T : On est arrivé assez fatigués sur place, car on s’est tapés pas mal de route. Du coup, on est arrivé pour les balances un peu à la bourre, ce qui fait que ce n’était pas simple pour nous de se mettre dans le bain directement. Et Amenra à balancé derrière un set de très haute volée, de grande qualité donc on a fait ce qu’on savait faire, mais c’est vrai qu’après ce n'était clairement pas notre meilleur concert.
A : Ensuite on a joué à Orléans et là, ça s’est hyper bien passé, avec un public de folie, ça n’avait rien à voir ! Donc on était un peu dégoûtés de pas avoir été complétement dedans sur une date qui était sold out depuis trois semaines… Mais on viendra prendre notre revanche ! Hahaha
13/ Vous passez d’un concert dans un bar et un autre dans un sous-sol à 1H du mat à un concert à l’Aeronef, une des meilleurs salles de la région, avec ses conditions et votre nouvel album, donc une nouvelle ère, peut-on s’attendre à quelque chose de différent ?
On travaille là-dessus. On ne peut pas venir avec que des nouveautés d’un coup, ce n’est pas possible, il faut prendre son temps. On n'est pas un produit marketing, pour nous la musique, c’est hyper important, alors on prend du temps pour faire évoluer les choses, il faut que ça vienne naturellement. On a des idées, pas mal de pistes, puis T. a agrémenté le jeu des lights et on est en constante recherche. Donc je pense que d’ici un an et demi, il y aura une certaine évolution.
14/ Votre nom est tiré du film d'Audiard et colle parfaitement avec l’atmosphère du groupe, mais ça vous a tout de suite paru comme une évidence ? Car sur le film en lui-même, il n’y a aucun rapport…
L’histoire est très simple, j’avais vu le film "Un Prophète" d’Audiard, que j’avais adoré. Quand j’aime quelque chose, j’aime bien le creuser et sur wikipedia, j’étais tombé, simplement, sur la liste de ses films. J’ai vu la phrase “Regarde les Hommes Tomber” et ça m’a complétement époustouflé ! La phrase est magnifique, c’est un octosyllabe, ça sonne comme une punchline ! Je me disais merde, j’aimerais bien avoir un groupe avec ce nom-là, mais en anglais. Or en anglais, c’était pourri, dans l’ordre des mots ça sonnait hyper mal. Quand j’ai intégré le groupe et que l’on a commencé à répéter avec les gars, dans le noir, éclairés à la bougie au fond du jardin de J.J, un truc assez particulier, je voyais ça ! J’avais ce nom-là, je voulais en faire quelque chose, je me suis lancé : les gars, ça vous dirait qu’on colle tout ça et après tout a découlé de ça… Par contre, le film, je ne l’ai jamais vu ! Tu l’as vu toi ?
T : Non…
A : Je crois qu’aucun de nous l'a vu…
Bah bravo !
T : J’avoue ça pue…
A : Mais c’est pour ça que le nom n’a rien à voir !
Ouais, c’est vraiment la phrase !
A : Voilà ! Ça aurait pu être n’importe quoi, que ce soit un film, je m’en fous ! Ça aurait pu être pris n’importe où, d’un spectacle, d’une pièce de théâtre… C’est vraiment juste la phrase.
T : Et ça reste une synthèse assez évocatrice de l’univers du groupe comme tu l’as souligné.
15/ D’ailleurs, ce nom, ils ne galèrent pas trop à le sortir les non-francophones ?
Bah justement, c’est marrant ce que tu dis, hier avec T, on était comme des gamins ! Des mecs, des Néerlandais, qui sont venus voir Amenra à Paris. Ils sont arrivés dès le mercredi pour le concert de CHVE, le projet du chanteur d’Amenra et ils avaient nos T-shirt, achetés sur internet. Ils étaient aussi au Divan du monde, se sont pointés à Orléans où on a pu discuter un peu avec eux.
T : Total respect !
A : Ouais si on fait ça, c’est pour des types comme eux ! On a commencé à discuter, on leur faisait des prix, car ils achetaient tout et pour rebondir sur ce que tu disais, un des Néerlandais m’a raconté qu’un de ses potes, qui nous avait vus au Roadburn, avait adoré. Il lui a donc parlé de nous, sauf qu’il a dit un truc genre “wegarde les hommes…” Et le reste, il a oublié. Puis une fois sur youtube, il écoutait le side project d’un mec d’Amenra et on est apparus en recommandation. Il a écouté, il a kiffé et voilà, c'est internet quoi ! Après on ne s’est pas encore vraiment exportés, c’est un peu l’objectif sur le long terme comme je te disais.
16/ Dans une précédente interview sur Horns up, tu disais ne pas pouvoir réellement mettre un nom sur le style de Regarde Les Hommes Tomber, et que tu ne savais pas où vous vous situiez avec toute la scène post black et black metal, disant que tu verrais ça au deuxième album. Bon bah du coup qu’en est-il ?
Ha merde, j’ai dit ça ? Bah écoute, ceux qui me connaissent savent que j’aime bien classifier les styles, mais ouais, c’est toujours galère. C’est un peu compliqué de se revendiquer totalement black metal, car j’ai un énorme respect pour cette scène. C’est un peu black ce que l’on fait, mais qu’est-ce que le Black Metal ? On peut en parler des heures, mais notre style ce n’est pas que ça. D’un autre côté, on dit sludge, mais entre nous, on a rien de sludge. Enfin le terme sludge n’a rien à voir avec ça initialement, mais on a repris les passage lourds et dit que c’était sludge. Pour le post-black metal, perso, je fuis les groupes avec cette étiquette… T. dis ce que t’en penses haha !
T : Bah c’est une question de lexique, on est une espèce de mixture entre pas mal de choses. C’est un carrefour, il faut le voir comme ça.
A : Par contre sur cet album, on a plus creusé quelque chose de Black Metal, c’est plus incisif, ça va plus vite, il y a plus de blast, on a voulu avoir un son de guitare plus crados... La production, Francis Caste disait que c’était la vallée, quand on écoutait des trucs, on était projetés dans une sorte de panorama ! Je suis un immense fan de black metal donc ouais, on voulait quelque chose de ce genre, une sorte de tourbillon. Comme disait A., le but était d’avoir un rendu quasiment visuel, presque comme une fresque sonore, quelque chose de très panoramique, de très ample et large.
17/ Sur votre artwork, on peut lire à l'intérieur un “no keyboard”. Bon, on l’avait entendu ça, alors pourquoi le préciser ? Vous avez quelque chose contre cet instrument ou vous êtes fan de Tsjuder ?
A : Ça me faisait rire, c’est un peu un clin d’oeil à toute cette scène. Il y a un autre clin d’œil sur le premier, qu’on a repris ici et dont j’attends que quelqu’un me le sorte. Mais le truc, c’est que quand on était en studio, on a mis beaucoup de guitares en clair. Ça ne s’entend pas trop sur l’album, mais c’était pour rendre plus claires certaines parties. On trouvait ça hyper beau et quand on écoutait les pistes de guitares seules, on a tellement mis de couches qu’on avait l’impression d’entendre des nappes de clavier. Du coup, on a mis ce clin d’œil pour dire que rien n’avait été utilisé.
18/ C’est la fin de l’interview, si vous avez un dernier mot à balancer…
T : Bah on espère que ça va bien se passer ce soir, c’est bien parti pour en tout cas ! On a été bien contents de faire ces trois dates-là et on espère que les gens aimeront les prochains concerts et surtout qu’ils aimeront l’album.
A : Ce que je voudrais rajouter, c’est que tout ce qu’on fait avec le groupe depuis le début, on y fout nos tripes, surtout avec Exile, c’est beaucoup de boulot. Les gens s’en foutent que ça soit beaucoup de boulot, mais on a fait ça avec passion, détermination et on en a besoin. Si ça vous intéresse, écoutez et venez nous voir, on essayera d’aller le plus loin possible.
Un grand merci à A., T. et tout Regarde Les Hommes Tomber pour leur temps, ainsi qu'à l'équipe de l'Aeronef.