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Album

01 septembre 2015 - Ëmgalaï

Magma

Šlaǧ Tanƶ

LabelJazz Village / Seventh Records
styleZeuhl
formatAlbum
paysFrance
sortiejanvier 2015
La note de
Ëmgalaï
9/10


Ëmgalaï

Chroniqueur et Live reporter Stoner, Doom, Sludge, Funeral Doom, Black, Experimental, Avant garde & Progressive rock/metal.

Le logo de Magma, ça vous dit quelque chose ? La griffe d'un extraterrestre écrasant la race humaine, la réveillant de sa somnolence.

Cette métaphore utilisée par Christian Vander pour désigner sa vision de la musique a pris tout son sens en 1969, année où il fonda Magma, complètement à l'écart des modes et sans aucune concession commerciale. Le groupe a marqué au fer rouge l'histoire de la musique à tout jamais, ceci n'est un secret pour personne, à condition de s'intéresser un minimum à ce qui se fait en terme de musique barrée dans notre hexagone.

Mais ce qui est moins connu, c'est que le groupe a perduré jusqu'à aujourd'hui tout en évoluant et surtout en se bonifiant ! Un peu comme un bon vin en cave.
Le dernier album en est l'exemple parfait. Et oui, toute cette introduction pour en arriver là : « Šlaǧ Tanƶ » est une petite merveille. A la fois strident, dissonant et mélodieux, métallique et doux. Bon, Magma nous a habitués au fil des années à des compositions riches et très variées rythmiquement, avec des montées, des descentes, des passages agressifs et mélancoliques qui s'enchaînent très subtilement...
Mais aussi et surtout des morceaux LONGS ! Vander disait lui-même qu'il était limité par la durée du vinyle et que si il pouvait il ne se gênerait pas à faire des mouvements de plusieurs heures ! Or, cette fois-ci, l'album ne dure que 20 minutes à peine.

Tout comme son prédécesseur « Félicité Thösz », il dénote de ce fait des mouvements les plus connus et sans doute les moins accessibles et prenants lors de la première écoute du groupe, comme « Theusz Hamtaahk » ou « Köhntarkösz ».

En plus d'être court, cet album commence d'un coup sec ! Un coup de cymbale et c'est parti. On est immédiatement plongé dans une nébuleuse étrange, menée par une ligne de basse frissonnante qui très vite est accentuée par le chant. Cependant, la batterie de Vander reste calme, elle prend son temps. C'est à partir de « Šlaǧ », juste après que l'« alerte » ait retentie, qu'elle se montre. C'est sur ce chapitre qu'on passe à une phase violente, avec la voix du chanteur, appuyée par la ligne de basse grondante. Cette phase qui se répète plusieurs fois dans l'album contraste avec d'autres, plus calmes comme le début de « Dümb » avec les voix féminines accompagnées d'un air de guitare réconfortant, et le suivant, « Vers la nuit », où cette fois, toutes les voix se mettent ensemble à raconter l'épopée étrange. A ce même instant, on remarque des chants en français. Ceux-ci ne sont pas majoritaires dans l'album mais quand même de plus en plus utilisés par le groupe dans ses compositions les plus récentes et cela s’équilibre bien avec le kobaïen, plus dur et guttural. A partir de « Zü Zaïn ! », les instruments se calment. On entend la ligne de basse qui murmure mais la musique prend une tournure plus progressiste, enchainant sur le chapitre éponyme « Šlaǧ Tanƶ ». Celui-ci prend également son temps pour exploser à la fin avec le retour de la première mélodie stridente du début jouée par le vibraphone et la guitare, enveloppée par les voix qui se chevauchent. La boucle est bouclée. On reconnaît immédiatement le capharnaüm déstructuré qui file la chair de poule et qui se retrouve sur quasiment tous les plus grands mouvements de Magma.

Quoi qu'il en soit, les chapitres les plus marquants qui composent « Šlaǧ Tanƶ », sont les plus sombres, le noir de la pochette ne m'a d'ailleurs pas du tout étonné à l'achat du disque. Ce n'est pas non plus la spécificité de cet opus (je pense notamment à « De Futura » ou le morceau « Stöah » sur l’album « Kobaïa ») mais tout de même, ça faisais longtemps ! Ce n'est d'ailleurs pas pour rien qu'il plaît beaucoup à un public plutôt jeune. Je me souviens même de 2 personnes durant des concerts, me demandant comment s'appelle ce morceau en particulier. A la fin, voyant que je bougeais pas mal au rythme de la musique ils en déduisaient que je devais bien la connaitre. Ces personne faisait partie des quelques moins de 30 ans qui étaient présents. Bon, vous me direz sans doute que c'est tout simplement parce que l'album venait de sortir, mais non ! Malgré sa sortie récente, le morceau est joué sur scène depuis 6 ans.

Enfin je n'ai pas choisi de parler de cet album uniquement du fait de l'actualité. J'ai toujours croisé au Hellfest ou dans certains concerts metal beaucoup de fans. Il est évident que cette musique plait dans beaucoup de scènes actuelles de musiques extrêmes. Si j'ai jugé intéressant de parler de Magma dans un webzine de metal ce n'est pas pour rien. Je trouve qu'il démontre bien que le public du groupe se renouvelle, justement car celui-ci ne reste pas figé sur un climat, un son, un style. J'ai également remarqué que sur l'étiquette rouge du label, sur le vinyle, était écrit «Šlaǧ Tanƶ , A Jazz Metal Symphony ». Bien que l'étiquette (là je ne parle pas de l'autocollant) « Zeuhl » soit utilisé par Vander pour décrire sa musique, je pense qu'elle suffit à elle-même, mais bon j'ai quand même trouvé ça marrant de le noter.

De plus, le groupe a joué l'an dernier au fameux festival Roadburn et au festival Night of the Prog en 2013 avec Steven Wilson et Opeth (le chanteur étant d'ailleurs un grand fan du groupe).

Si on suit cette logique... A quand Magma au Hellfest sous la Vallée ? 

Tracklist :

1. Imëhntösz - Alerte !
2. Šlaǧ
3. Dümb
4. Vers la nuit
5. Dümblaë - Le silence des mondes
6. Zü Zaïn !
7. Šlaǧ Tanƶ
8. Wohldünt