Non.
J'aurais aimé que cet EP soit décevant, rien que pour le plaisir de débuter ma chronique par une petite référence à une version fameuse de Klaus Nomi : "Ding dong, the Witch is dead!". Et, en écrivant cela, je me dis qu'Acid Witch seraient capables de nous pondre une magnifique reprise de ce tube, tant les deux univers sont comparables en quelques points. Au lieu de cela, le quatuor nous propose quatre autres reprises pour constituer cet EP. Après nous avoir laissés sur un DVD Healls Headbangers et leur split avec Nunslaughter, il faudra se contenter de ces quatre morceaux, faible compensation quand leur dernier album, "Stoned", a maintenant cinq ans.
Acid Witch reprend ici des symboles, certes un peu occultes et peu connus ici en France, du kitsch en choisissant exclusivement des titres sortis de BO de film, d'où le titre de l'EP "Midnight Movies". Le terme renvoie à des productions à petit budget, qui passaient assez tard dans la soirée, dans les Etats-Unis des années 50. Par extension, on a fini par l'utiliser comme synonyme de film de série B (à tort ou à raison selon les cas), concernant ces films étranges des années 70 et 80, grotesques, kitsch, de mauvais goût, tout simplement hors des productions hollywoodiennes, mais parfois devenus cultes.
Pour cet EP, Acid Witch a choisi quatre titres de ces fameux midnight movies, dont deux qu'on peut qualifier de "Metalsploitation", ou des films qui mêlent le milieu du Metal et du Hard Rock au genre horrifique. En ce sens, cette sortie est assez déroutante puisqu'on se retrouve avec quatre titres très Rock'n'roll qui sortent tout à fait du petit cocon sécurisant où Acid Witch s'est développé. A cela s'ajoutent tout plein de samples des films cités, servant d'intro, d'interludes, qui créent réellement l'atmosphère générale de "Midnight Movies" et forment un ensemble cohérent et homogène.
Le premier titre, "I'm Back", est une reprise du groupe de Hard Rock californien Sorcery, utilisé pour la BO de Rocktober Blood. Si Sorcery fait admirablement bien le taff, il faut admettre qu'Acid Witch aurait certainement eu sa place dans la BO du film à l'époque. Le temps a simplement bien fait les choses, on aurait mal imaginé Sorcery avec un chant type Slasher Dave ou un son de guitare aussi gras, des éléments qui permettent d'amplifier le caractère horrifique. Le principe reste simple, à partir d'un Hard Rock assez convenu, on se retrouve avec une sorte de Doom gras toujours très rock'n'roll.
La reprise de Fastway reprend tout à fait le même schéma puisqu'Acid Witch s'attaque encore une fois à un groupe de Hard Rock, britannique cette fois, mais tout à fait banal et efficace. Le titre choisi sort de la BO du film Trick Or Treat, que le groupe Fastway a composée. La reprise introduit pour la première fois dans l'EP ces choeurs chantés de manière tout à fait fausse, qu'on retrouvera sur "Party Time". Ok, cela donne un style spontané, qui correspond au côté musique de film teenage & fun mais il faut avouer que cela peut se révéler gênant à force d'écoutes, ces refrains scandés à côté de la plaque, même s'il s'agit vraiment ici d'un détail.
"Soldiers Of The Night" reprend un morceau de la BO de Black Roses, du nom du groupe de Rock qu'on suit à travers le film. Ce titre propose un peu d'originalité, puisqu'il est un peu plus varié et intéressant que les précédents, selon mes goûts. Plus concrètement, on a ici un titre carrément épique (en même temps, voyez le titre, ça donne des envies de périples nocturnes). L'ajout de claviers rend pourtant le morceau tout à fait kitsch, une petite aura nouvelle qu'on n'a pas sur le titre original. C'est également l'occasion de proposer un chant clair qu'on n'entend pas très souvent chez Acid Witch mais qui permet de jouer le jeu jusqu'au bout. En fait, il y a un côté presque Glam à ces titres très exagérés, volontairement, toujours théâtraux et qui poussent la chose à l'extrême. "Soldiers Of The Night" me fait énormément penser à W.A.S.P. finalement. Acid Witch semble jouer un rôle, porter un nouveau masque, juste pour le plaisir.
On sent la volonté des musiciens de chercher à s'éclater avant tout, en sortant cette petite curiosité, à part dans leur discographie. C'est un peu leur quart d'heure de folie, un hommage rendu, à leur manière, à un cinéma qu'ils apprécient et que les fans peuvent connaître également tant les univers sont proches. C'est ce qui explique principalement le choix du quatrième titre, "Party Time". Acid Witch semble chercher un titre taillé pour le live (et pour parler en connaissance de cause, c'est un morceau qui fonctionne à merveille en concert). Malgré cela, il est étonnant de les voir reprendre 45 Grave, un groupe de Deathrock bien que ce titre en particulier sonne indéniablement plus Hard Rock que le reste. On a cependant le paramètre commun des textes horrifiques, tout de même. Le sample ainsi que le titre original sortent tout droit de The Return Of The Living Dead, de quoi terminer l'EP en beauté. Simple et efficace, cela nous rappelle ou nous confirme qu'Acid Witch est loin d'être un groupe qui se prend réellement au sérieux.
Finalement, on ne saurait dire si les membres apprécient réellement les groupes qui ont composé ces titres. Ils semblent bien plus être choisis pour le symbole qu'ils représentent, de cette frange un peu obscure mais culte du cinéma américain. En tout cas, cet EP-hommage renforce encore une fois le lien omniprésent entre les sorties du groupe et leurs compositions ancrées dans un univers audiovisuel plus ancien qu'eux. Difficile de réellement critiquer les titres qui ne sont que des ré-interprétations pour le fun, qu'on ne saurait réellement compter comme une sortie sérieuse du groupe. Malgré cela, ces presque vingt minutes de fraîcheur horrifique sont tout à fait agréables, et s'adaptent très bien lors du passage au live : que demander de plus ?
« How about you Casey, you like sex with death ?
- Yeah so fuck off and die ! »
1. I'm Back (Sorcery cover)
2. After Midnight (Fastway cover)
3. Soldiers Of The Night (Black Roses cover)
4. Partytime (45 Grave cover)