Plus c’est bête plus ça me parle, sauf des fois…
Mort (Nom féminin, du latin Mors/Mortis) : Perte définitive par une entité vivante (organe, individu, tissu ou cellule) des propriétés caractéristiques de la vie, entraînant sa destruction.
C’est en ces termes que le Larousse décrit la mort, et s'il y a bien un style qui est prépondérant dans la sphère metal c’est bel et bien cette bonne vielle faucheuse. L’idée d’en faire plusieurs albums là-dessus n’a donc rien de foncièrement original à première vue, et pourtant Death Karma après un Ep sympathique mais somme toute banal nous offre là une véritable ode au trépas. Bien plus original que la plupart des groupes qui se contentent de survoler le sujet sans vraiment y rentrer en profondeur, le duo tchécoslovaque lui va au travers de 6 titres nous amener au plus profond des rites sacrés de pays où la mort possède une image singulière et importante. Le discernement est tel qu’il me sera difficilement possible d’en parler comme une entièreté et c’est la raison pour laquelle chaque titre aura son propre paragraphe.
Slovakia – Journey Of The Soul : « Death is as young as humanity itself » c’est par ces premiers mots qu’Infernal Vlad (également guitariste de Cult Of Fire) décrit le concept qui se cache derrière Death Karma, et quoi de plus normal pour lui slovaque d’origine d’ouvrir son album sur un morceau traitant de son pays d’origine la Slovaquie. Si ce pays ne possède pourtant pas la même culture face à la mort que peuvent l’avoir d’autres pays présents sur l’album, ce titre n’en reste pas moins intéressant. Et qui dit Mort dit orgue, et c’est bel et bien sur cet instrument que s’ouvre l’album. Après un bref passage parlé en slovaque le morceau nous envoie directement au plus profond du pays, là où aujourd’hui encore des villageois parmi les plus pieux procèdent à des rites funèbres que certains qualifieront d’anciens. Le morceau lui fait la part belle à des mélodies qui ne seront pas étrangères à ceux et celle qui affectionnent Cult Of Fire. S'il y avait une chose à retenir de ce titre c’est probablement qu’il s’agit là du morceau le plus direct et le moins surprenant de l’album. Une très bonne ouverture pour un album qui n’a pourtant encore quasiment rien dévoilé de sa puissance.
Madagascar – Famadihana : Et c’est à ce moment précis que l’album devient intéressant, Non pas que le morceau sur la Slovaquie n’était pas intéressant, mais en étant originaire il était surement facile pour Vlad d’en décrire les us et coutumes, qu’en serait-il d’un pays qui selon toute vraisemblance lui est étranger ? Le Famadihana pour ceux qui l’ignorent c’est une pratique consistant lors de la mort d’une personne à déterrer les ossements des ancêtres pour les envelopper dans un linceul blanc, de manière a danser autour de la tombe avant de les enterrer à nouveau, de manière à ainsi corrompre complètement le corps. Le titre lui réussi à retranscrire parfaitement cette osmose entre le morbide et la joie, avec un « refrain » censé symbolisé cette fameuse danse nécessaire à la pureté de l’âme du défunt.
Mexico – Chichén Itzà : Des 6 pays représentés sur l’album le Mexique est sûrement celui qui possède la plus forte appartenance à tout ce qui est rituels macabres et funèbres, Chicén Itzà n’est ni plus ni moins qu’une ancienne ville maya aujourd’hui classée au patrimoine mondial de l’UNESCO. Mais la partie intéressante réside bel et bien dans son cénote qui lorsque qu’il fut découvert regorgeait d’ossements humains, sacrifices humains pour certains, simples prisonniers pour d’autres le mystère reste entier, mais ce qui fait de ce morceau le meilleur de l’album c’est tout simplement son introduction, rarement un morceau ne nous aura ramené au plus près de ce qu’il raconte, c’est tout bonnement comme si nous étions en train d’assister en temps réel à un sacrifice en l’honneur du dieu Chaahk dieu de la pluie chez les mayas et toltèques. Le chant en mexicain ne faisant que renforcer cette appartenance à une ethnie pour un duo qui rappelons-le est bel et bien slave.
Czech Republic - Úmrlcí Prkna : Tout logiquement le morceau qui sonne le plus comme un morceau de Cult Of Fire. Úmrlcí signifiant zombies en tchèque, ce titre nous emporte ici dans un lieu prévu afin que les morts puissent passer les longs et douloureux hivers tchèques afin que la terre puissent accepter leur corps le printemps venu. Partant du terme « Úmrlcí » ce morceau est tout naturellement l’un des plus lents de l’album. Si comme précisé précédemment ce morceau nous rappelle énormément Cult Of Fire de part ses mélodies le morceau n’en possède pas moins sa propre identité notamment en ce qui concerne ces riffs lancinants entendus à partir d’une minute 37. Réussir à se détacher tout en gardant ses origines et son identité voila là la véritable force de cet album.
India – Towers Of Silence : Une piste instrumentale, en voila un exercice casse-gueule, d’autant plus lorsqu’il s’agit de retranscrire une ambiance, sans parler du fait qu’il s’agit là de l’Inde, un pays qui de par sa culture et son image semble avoir marqué Vlad puisque le dernier album de Cult Of Fire ainsi qu’un bonne partie du visuel du groupe y est consacré. Ce morceau était donc d’ores et déjà attendu comme un gros morceau. Inutile de dire que la réussite est de mise, réussissant à faire la BO parfaite pour conter l’histoire des Dakhma utilisé par les Parsis en premier lieu. Les perses considérant les corps comme des objets impurs ne pouvant être enterrés, brûlés ou noyés, de peur de souiller l’un de ces trois éléments, les corps étaient enduits de cire pour y être ensuite dévorés par les vautours, les ossements étant par la suite rassemblés dans un ossuaire y regroupant les différents squelettes et os. Le groupe s'il n’y rassemblera pas d’instruments typiquement indiens tel que le sitar comme sur le dernier album de Cult Of Fire réussira tout de même encore un fois à insuffler un ambiance particulièrement proche du récit qui y est conté, sans parler de ce final tout bonnement parfait.
China – Hanging Coffins : Suspendre des cercueils en pleine montagne permettrait d’après d’anciennes légendes chinoises de voir les morts y trouver le repos éternel et ainsi ne plus être déranger depuis l’au-delà. Si la véracité de ces récits reste à prouver, l’idée de complaisance dans le silence et le néant est tout à fait intéressante, d’autant plus dès lors qu’il s’agit d’un pays aussi surpeuplé que la Chine. Si le morceau en lui-même ne retranscrit pas exactement la Chine, il arrive d’un tout autre coté à retransmettre cette ascension risquée afin d’y placer les morts en toute sérénité. Achevant là le morceau et du même coup l’album par un son de carillon tout droit sorti d’un temple typiquement chinois Death Karma réussit parfaitement son premier essai de son tour du monde des rites funèbres.
Alors bien évidemment oui cette chronique ne parle peut être pas autant de la musique que certains l’auraient voulu, mais avec un sujet aussi riche et aussi varié que celui-ci difficile d’en faire autrement. Death Karma a réussi là l’une des meilleures retranscriptions de ces dernières années à mes oreilles, prouesse d’autant plus forte qu’à l’exception de 2 ou 3 trois guests (paroles, orgue, orchestration…) tout a été l’effort d’un seul homme (bien aidé par un Tom Coroner en pleine forme à la batterie il faut le reconnaitre). Et on a d’ores et déjà hâte de savoir ce que la ou les prochaines parties nous réservent. Un mot également sur l’excellent travail qu’a fourni David Glomba aux niveaux des illustrations, chaque morceau ayant sa propre peinture censée illustrer le morceau, et croyez-moi ça en vaut vraiment le coup.
Un excellent travail de recherches, de création et de mise en forme qui prouvera (notamment sur le morceau de l’Inde) aux sceptiques que tout le concept de Cult Of Fire sur son dernier album n’était pas une simple lubie mais bel et bien une réelle passion de cette culture.
« Death reveals to man what he really is… »