Un mec qui écrit des trucs.
Bon sang ce que 2015 m'a l'air de défourailler comme il faut woulalalah. Niveau année qui démarre sur les chapeaux de roues on avait pas vu mieux depuis 2013 (bon euh dit comme ça...), vu à quel point 2014 a au final juste été un florilège de "hey regarde tous tes groupes de Death préférés sortir un album chiant à tour de rôle leeeeel". Là, non. Cette fois c'est l'orgie. On peut carrément faire un parallèle avec le cinéma. Dès janvier 2015 je me prends "Whiplash" dans la gueule et me dis que je tiens direct le film de l'année. Puis en février mon Top en prend déjà plein la tronche avec "Birdman" et Mars en remet une couche en dégainant "Chappie". Tenir un Top 3 d'une année dont on est presque sûr rien qu'avec ses trois premiers mois c'est aussi ridicule que jouissif parce que ça fixe d'entrée les standards dans lesquels on va jouer. Ben en musique c'est pareil, le dernier Napalm Death m'en a mis une sacré couche en pleine gueule, mais Sarpanitum a débarqué de nulle part ou presque et flanqué une raclée mémorable. Et au vu du prochain Pavillon Rouge, le classement des meilleurs albums de l'année prend déjà bien bien cher. En seulement trois mois quoi. Et je me plaindrais pas si ça continue à ce rythme jusqu'à décembre d'un côté vu la rentabilisation de chaque découverte.
Alors, pour ceux qui ne connaissent pas Sarpanitum, et je pense qu'il y en a quand même un paquet en ces pages, il s'agit d'un groupe de Brutal Death aux touches épiques bien vénère et mélodique existant depuis un paquet d'années et ayant balancé un "Despoilment of Origin" en 2007 plutôt carrément vachement bien dans une veine Death polonais avant de marquer une pause. Et revenir en 2011 avec un line-up réduit à son noyau nous envoyer une énorme claque avec le court EP "Fidelium" que je vous ordonne d'aller écouter maintenant parce qu'il arrache tout mais que j'ai une flemme monumentale de lui consacrer un papier, c'est pas long, vous en avez pour moins de 20 min de perfection en son genre alors voilà. Et donc, sur cette mouture guerrière concoctée à partir d'un Brutal Death blastant ta race tout en ayant d'énormes accents mélodiques dans le sens FUCKING EPIC et de grosses touches plus sombre revendiquées comme Black Metal, ça faisait mouche sur une courte durée. Donc on était plus qu'impatient de savoir comment ça allait se concrétiser sur quelque chose de plus consistant. Et là, puce à l'oreille qui fera jouir les connaisseurs : nos deux têtes pensantes que sont Tom Hyde et Tom Innocenti ont désormais à leur côté rien de moins que Leon Macey, l'homme de Mithras, ou l'un des plus gros titans du genre cette décennie. Et purée, ça le fait.
On met de côté les relents les plus oppressants de l'EP précédent, l'adjectif Blackened va se faire foutre, ici on fonce tête baissée en faisant ruisseler les guitares et en serrant le poing. La musique de Sarpanitum a beau être impitoyable, arracher la gueule et violer le kit de batterie jusqu'à ce que la caisse claire nous appelle maman, on garde sans cesse une accroche mélodique et des leads mémorables voir beaux à en chialer au détour de chaque riff. Et c'est OUF. Le mot est lâché. Bordel. On a sous nos yeux une des performances les plus intenses qu'on ait jamais vu, avec une batterie ultra musclée qui ne prend jamais de pauses et cogne la gueule avec une vitesse soutenue qui donne le tournis, nous rappelant qui est le papa se traînant derrière et bien mise en valeur par la prod (réalisée par ce même Leon Macey donc encore heureux d'un côté). Et à côté ça dégage une chaleur iridescente, une ambiance... La pochette splendide car originale pour la musique jouée, les thématiques, les trois interludes, tout respire une classe antique, une rage contenue, et c'est on ne peut plus à l'image de ce qui est joué. Comme si Mithras (comparaison inévitable) s'appropriait les couleurs de The Monolith Deathcult en en virant tous les aspects trololol pour ne garder que le noyau. Style donc imbattable en son genre, sorte de Morbid Angel au cube privé de son occultisme, se le voyant remplacé par un retour dans une époque archaïque de barbarie sertie de joyaux, boosté aussi bien à l'atmosphérique et la mélodie étincelante qu'à la pure vélocité, et qui nous expédie donc au final sept des morceaux les plus ultimes que le Brutal Death Technique Mélodique ne nous ait jamais fournis.
Rien à jeter. Rien. Pas un seul plan. Pas un seul titre en dessous. Attaquez "By Virtuous Reclamation", l'entame la plus parfaite qui soit. Dès les premières secondes on est déjà en larmes devant la puissance et l'impact de ces guitares scintillantes qui nous envoient certaines des mélodies les plus poignantes jamais entendues avant de partir tabasser en apnée avec la grosse voix qui va bien et les muscles bandés de partout. La classe à l'italienne, le meilleur d'un Hour of Penance en mode naturel s'étant soudainement vu pousser de l'inspiration, une pertinence mélodique et un sens de la compo. Mais venant d'Angleterre. Et puis bon... On ramasse notre gueule continuellement mais avec panache, on se fait balader par la nostalgie émanant d'une œuvre comme "Glorification Upon the Powdered Bones of the Sundered Dead" (ben voyons), le tube "I Defy for I Am Free" mêlant avec brio des mélodies sorties d'un Black Atmo pur et des raclages typiques, et roh merde quoi, c'est pas la peine de réécrire le titre de chaque morceau juste pour gagner de la place, vous avez compris le délire. Chaque titre nous en fout plein le fion de prouesse technique et de violence, MAIS il s'articule avant tout sur des mélodies qui tuent, des déferlements de notes qui nous font juste regarder en arrière avant de foncer en avant, touchant droit dans le cœur, et c'est ce qui compte. Allier de la sorte la mélodie ultime à la brutalité bestiale la plus pure, c'est le rêve de tout fan du style au fond, non ?
De l'ultra violence façon Brutal Terminator 300 bpm non-stop bardé de mélodies de guitares belles à chialer entre souffle épique et mélancolie. Du Death Metal d'une pureté éclatante qui se sert d'un niveau technique inhumain pour nous prendre aux tripes en combinant ruissellements de cordes et matraquage de fûts. Non mais voilà. Moi qui commençait à me lasser du Brutal Death Technique, devenant toujours plus plastique ou simplement bourrin ces derniers temps, voyant les groupes phares se vautrer et céder à la modernité casse-couille, regrettant cette période dorée du genre s'étendant de 2002 à 2010, me voilà tout simplement sur le cul. Là, je vois juste pas ce que je peux redire. Depuis le temps qu'on m'avait pas foutu la tête dans les étoiles comme ça, ça mérite bien une note maximale. Déjà parce que c'est un putain d'opus parfait que je suis sûr de pouvoir coller sous le pif à mes petits enfants pour leur montrer comment que c'est qu'on faisait de la musique à mon époque, mais également juste pour en faire un simple indicateur de plaisir pris à l'écoute. Bref. A votre tour.
Tracklist :
1 – Komenos
2 – By Virtuous Reclamation
3 – Truth
4 – Glorification Upon the Powdered Bones of the Sundered Dead
5 – Immortalised as Golden Spires
6 – Thy Sermons Lies Forever Tarnished
7 – I Defy For I Am Free
8 – Homeland
9 – Malek al-Inkitar
10 – Blessed Be My Brothers