Il y en a qui se prennent la tête pour rien. Rob Oorthuis par exemple, fondateur d'Inquisitor, décide de changer de patronyme pour Centurian. Quelques enregistrements et un bon paquet de changements de line-up plus tard, Oorthuis décide de tout arrêter et de fonder Nox avec d'anciens membres de Centurian. Il prend donc Niels Adams au chant, qui sera par la suite remplacé par Seth van de Loo, officiant dans Severe Torture et premier chanteur de Centurian. Après la sortie d'Ixaxaar. Seth s'en va et est de nouveau remplacé par Niels Adams. Nox sort l'ep Blood, Bones and Ritual Death puis change à nouveau de nom et se renomme donc Centurian. Dans le même temps Bob Dussel, batteur chez Nox, laisse sa place à Seth van de Loo. Le metal, c'est quand même sacrément consanguin.
Alors que Nox fricotait parfois avec le Black (arpèges, trémoli, ambiance générale), Centurian revient ici à ses premiers amours, le Death de bûcheron.
Le problème quand on revient à ses débuts, c'est qu'en général on se plante. Et Centurian de sonner comme un groupe commun et basique. Oh, il y a bien Adversus placé en fin d'album, qui tente tant bien que mal de rappeler la grande époque. Malheureusement le morceau est surtout redondant, lent et ennuyant.
Si la production et le mix ont le mérite d'essayer de sonner old school, le bassiste a dû, comme 90% de ses confrères de la sphère metal, aller acheter des croissants durant les sessions studios, vu à quel point il est peu audible et n'apporte rien à la musique. « M'enfin » me direz-vous, « dans Centurian ce n'est pas la basse le plus important, mais le riffing ». Hélas le jeu d'Oorthuis en lui même a quelque peu changé, il reste toujours dans les mediums et les aigus, mais beaucoup moins qu'avant. Sa patte est reconnaissable mais le guitariste tape (trop) souvent dans les graves et sonne malheureusement presque générique pour les aficionados du brutal death.
Ce manque de personnalité se ressent aussi au niveau du songwriting. Moins de breaks inattendus et plus de linéarité et de mollesse. Et ce n'est pas le tempo qui va me contredire, presque toutes les compos sont dans les 240 Bpm, là ou Ixaxaar tapait dans le 260 facile. Bon, il y a bien Judas Among Twleve qui remonte (un peu) le niveau, mais c'est peu.
Au revoir les grandes envolées mélodieuses et les moments mémorables voire épiques ! Ici, tout semble atteint par le syndrome de la facilité. Le tout sonne mainstream et déjà vu pour qui connaît l’œuvre des Hollandais. Les nouveaux venus auront, quant à eux, un album de qualité mais qui finira par prendre la poussière.
Comprenez que ce Contra Rationem n'est pas un mauvais album en soi. C'est le fait qu'un groupe de la trempe de Centurian nous ponde ça qui déçoit grandement. Espérons que le prochain album remonte le niveau et replace Centurian en haut du podium, là où Contra Rationem ne lui permet d'obtenir qu'une simple médaille de bronze. Un retour par la petite porte donc.
Tracklist:
1. Thou Shallt Bleed for the Lord Thy God
2. Crown of Bones
3. Feat of the Cross
4. Judas Among Twelve
5. Antinomian
6. The Will of the Torch
7. Sin Upon Man
8. Damnatio Memoriae
9. Adversus