On est en 2015, le monde est toujours aussi fou et les albums les plus intéressants restent ceux de fin 90/début 2000. A l'heure où les jeunes - comprenez « êtres sans véritable culture » - se pignolent en pensant que Rings of Saturn est le groupe le plus technique qui existe («regarde, je sweep plus vite que je me branle !») ou que le slam death représente le summum de la brutalité, revenons un peu dans l'air du temps et parlons à nouveau de Centurian.
En effet, quelques temps après la sortie de Chroronzonic Chaos Gods, nos jeunes hollandais décrochent un deal avec le label français Listenable. Dans le même temps, Seth Van de Loo et Patrick Boleij quittent le groupe pour aller chez leurs comparses de Severe Torture. Ils sont alors remplacés par Jerry Brouwer au poste de bassiste/vocaliste et Oskar van Paradijs à celui de second guitariste.
Alors que les précédentes pochettes du combo étaient toutes réalisées par le guitariste/leader Rob Oorthuis, il laisse sa place au polonais Jacek Wiśniewski, créateur, entre autres, de pochettes pour Krisiun ou encore Sinister. Peut être que notre bon Rob avait peur de faire une hémorragie, lui qui avait peint le précédent opus avec son sang. Bon la pochette reste moche quand même, mais moins qu'avant.
Pour cet album, Centurian voit les choses en grand et s'affuble enfin d'une production qui lui sied parfaitement. Claire, précise et naturelle, elle donne enfin au combo la puissance de feu nécessaire pour tout ravager sur son chemin.
Le nouveau vocaliste a une voix plus gutturale que son prédécesseur, plus proche encore de Glen Benton, le coté « phrasé incompréhensible » compris.
La triplette qui ouvre l'album donne le ton d'entrée de jeu. On retrouve ce riffing typique, mélange de tremolos et de powerchords, tapant plus dans les mediums et les aigus que les graves. Les blasts fusent tandis que la double ne se calme que rarement. La basse quant à elle s'entend enfin, joie !
Centurian nous avait habitué à des gimmicks, reprenant par exemple un titre d'Inquisitor -leur ancien nom- sur leur démo ou encore utilisant le riff de clôture de cette même démo comme intro de Chroronzonic Chaos Gods. C'est toujours le cas sur Liber Zarzax avec Hell at Last, titre qui introduisait Of Purest Fire. On pourrait qualifier les hollandais d'opportunistes en panne d'inspiration, voire même clamer que ce titre fait figure de remplissage. Que nenni mes amis, il n'en est rien ! Le titre a enfin l'intensité qu'il méritait et prend une tout autre dimension.
L'album est divisé en deux parties dont l'instrumentale, Feeding Flesh to The Vortex , sert d'interlude. Il est amusant de noter que parmi les onze titres de l'album, seule cette courte intermède peut se targuer de l'influence notable de Morbid. Ce relent de lourdeur, cette viscosité, tout dans ce titre rappelle les passages les plus lourds de God of Emptiness et Where the Slime Live engendrés par la bande d'Azagthoth. L'album repart de plus belle avec Conjuration for Choronzon pour exploser sur la black/death Dead Black Nucleus en passant par la folle furieuse Commited to Hell.
Centurian réussi à rentrer au panthéon des plus grands, malgré le peu d'attention qu'aura suscité l'album. En effet , à l'instar de son grand frère, Liber Zarzax aura le malheur de tomber en plein milieu du renouveau death metal. Il n'est cependant jamais trop tard et il est enfin temps de redorer le blason de ce disque injustement boudé. Liber Zarzax est un must-have, un album que tout deatheux se doit d'avoir dans sa discographie. Car c'est bien avec cet opus que Centurian a parfaitement comprit comment exploiter l'essence même du death metal.
- The Reading (Zarzax Unto Zax)
- Heading For Holocaust
- Colosseum Of Blood
- Hell At Last
- Ritually Slaughtered For Satan
- Feeding Flesh To The Vortex
- Conjuration For Choronzon
- Speech Of The Serpent
- Committed To Hell
- Fornicating The Nazarene
- Dead Black Nucleus