Un mec qui écrit des trucs.
C'est quand même un genre rigolo le Slam. Là maintenant en 2015, on en est tellement arrivés au point de non-retour qu'on pourrait faire une thèse de musicologie alternative dessus.
Un bon bout de chemin a été parcouru depuis le dynamitage de l'underground par "Molesting The Decapitated". De la fureur, de la lourdeur, de la crasse en veux-tu en voilà à l'époque, une vraie révolution sourde et brutale. Et depuis, tout s'est normalisé. De la même manière que le cinéma d'horreur, là où un Massacre à la Tronçonneuse traumatisait tout le monde en son temps, les modes ont changé et ça ne fait désormais ni chaud ni froid à ces putain de teenagers qui jurent que par des merdes comme Saw ou Hostel et attendent une débauche de gore et d'effets visuels pour prendre leur pied. Maintenant le genre a perdu sa substance et son éclat pour devenir un collectif possédant quelques milliers de groupes à l'abattage mathématique. Faire du Slam, dans les années 2010, c'est juste une équation. (Séquences Blastées + Séquences Slam + quelques trucs originaux occasionnellement + quelques riffs pour faire genre + des samples)² / ordre aléatoire = on va bien voir si ça passe. La simple notion de composition n'existe plus. C'est assez dingue.
Dans le genre, on cherche même pas à faire des morceaux. Juste enchaîner les plans, en foutant les trucs côte à côte pour les mettre au mieux en valeur. Les riffs blastés et les Slam parts, on va pas se leurrer, c'est quasi les mêmes pour tout le monde. Techniquement il semble désormais tellement facile de trouver dans la rue un clodo qui blaste à 300bpm que c'est même plus impressionnant. Le pire groupe du trou du cul du monde aura une brute qui fracasse sa double. Et une pochette photoshoppée atroce. Alors le seul truc qui importe c'est : est-ce que je suis celui qui arrive le mieux à amener ses grosses accélérations pour scotcher tout le monde au plafond ? Ma grosse Slam est-elle encore plus lourde que celle de mon voisin ? On veut juste faire monter et descendre la pression, varier les sensations chez l'auditeur, sans même tenter d'accrocher ni rien. Si Bob Sinclar faisait du Death Metal, ce serait du Slam. Mais du coup, à force égale, qu'est ce qui différencie le bon du mauvais ? Pourquoi Extermination Dismemberment et Abominable Putridity sont-ils meilleurs en studio que Kraanium ou Ezophagotomia ?
Déjà, c'est une question de dosage (bon équilibre entre attaque et lourdeur, ceux qui sont incapables d'appuyer sur l'accélérateur efficacement genre Cerebral Incubation ou Cephalotripsy me font incroyablement chier) mais surtout d'ingé son. Celui qui aura le plus gros mur de gratte qui dégouline de Saindoux aura le meilleur album. Parce que globalement on est à niveau égal dans toutes les formations de merde, c'est uniquement à celui qui fera le plus de dégât au moment de faire péter la sono en coupant des bûches. Voilà. Le Slam Death ou la Dubstep du Death Metal.
Et donc, pour parler de Slamentation. Déjà bravo pour le nom les mecs, super, pareil que les groupes de Ska de ton lycée. Je vais de ce pas fonder un groupe appelé SLAMANTIN ça va être bien vous allez voir. Et ensuite, bah que dire, c'est du Slam tout à fait slambda (mdr). Oh, y'a bien quelques petits machins bricolés partout, mais honnêtement, est-ce que vous pensez qu'il y aura un seul moment dans l'existence de l'univers où un fanboy éclairé à la slampe de poche (lel) dira "putain faut absolument que t'écoutes Slamentation, c'est un méga groupe trop original parce qu'il y a un passage un peu atmo pendant 10sec sur la 3e piste de leur album" ? Nan. On s'en branle. Le groupe s'appelle Slamentation. Ce qu'on veut, c'est qu'il nous Slamme la gueule et qu'il en remette une couche en martyrisant la caisse claire par dessus. Et ma foi, ces petits gars le font ici très bien. Quand ça part dans les typiques gros riffs mécaniques, on a envie de secouer la main de haut en bas en cadence. Et après ça accélère à nouveau, avec même des fois des trucs qui pourraient être Black Metal si y'avait pas cette prod atomique et du gros vokill guttural en bonus. Un peu moins glop par contre les passages où ça enfile la casquette et le baggy pour des séquences Beatdown Trisomie 21 infâmes juste bonne pour les abjects Waking the Cadaver, mais heureusement c'est assez dispatché et de courte durée.
Voilà, j'aurais fait un paragraphe sur la musique et une intro trop introspective analyse sociale mémoire de Master en Philo qui prend la moitié de la chronique. En même temps, vous voulez savoir quoi ? Le groupe s'appelle Slamentation. C'est du Slam. Une chronique de Slam ça peut se résumer par "quand je l'écoute j'ai envie de faire des circle pits en coupant du jambon donc c'est bien 9/10" ou alors "quand je l'écoute je me fais chier 2/10" et c'est plié. Là en l'état, ça tabasse bien. C'est le haut du panier d'un genre nul où y'a pas besoin d'avoir de talent, avec des gros viandages et des accélérations affûtées comme des slames de rasoir (lol). Du coup ça vaut le coup d'être écouté si on est amateur du genre et ça réconfortera personne qui l'est pas déjà.
Alors la notation va se faire par logique.
Au dessus de la moyenne donc 6/10. +1 pour le nom rigolo, -0,5 parce que la pochette est quand même sacrément moche, ça nous fait un 6,5 bien tassé dont au final on se cogne, et on retourne s'en découper une tranche.
Slampadaire : Bah c'est du Slam pas mauvais, voilà, zob.
Et n'oubliez pas de manger 5 fruits et légumes par jour pour une Slalimentation saine et... Bon oki j'arrête.
Tracklist:
01 Necrotic Visions
02 It Came From Above
03 Hilltop Funeral
04 Meatcleaver Dismemberment
05 Compulsive Sadistic Affinity
06 Crawling Through The Morgue
07 10'000 Victims
08 ...And Then They Were Dead
09 Disembowelment Of The Deceased
10 Slithered Through The Autopsy Room
11 Passionated Necropsy
12 I Need More Dead Bodies