Behexen + Horna + Fen + Temple of Baal + Kult + Mahlkebre + Deathrow + Dux
CCO - Lyon
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Fort d’une cuvée 2013 globalement réussie, Wintermoon Productions remet le couvert cette année avec la troisième édition du Black Arts Ceremony, un rendez-vous qui devient progressivement incontournable dans la région, avec une affiche de plus en plus alléchante au fil des ans, offrant une visibilité à la scène française tout en parvenant à attirer des pointures de calibre international. L’annonce d’un Horna & Behexen (et Fen) en aura convaincu plus d’un à se rendre au CCO en ce samedi 4 octobre.
Il ne fallait pas arriver en retard pour assister à l’ouverture du rituel dès 15h30, assurée par les français de Dux. Le trio lyonnais est le side-project de membres d’Orthanc et le style pratiqué est quelque peu différent. Ils nous ont offert ici un Black Metal assez rock’n’roll et couillu, tant dans la musique que dans l’esprit, avec des individus plutôt décontractés et manifestement contents de se produire sur scène cet après-midi. Les morceaux sont rapides et agrémentés de nombreux solos aux influences Thrash. Au final, Dux nous a joué six titres extraits de l’ensemble de leur discographie (la démo Ezoterik, l’album Vintras et l’EP Lanleff). Sans être transcendant, ça passe plutôt bien.
Setlist : Carapace // Black metal is dead // Bienheureux les simples d'esprit // La chair marque l'esprit // Magie du Vril // Je n'ai plus que les os.
Sans tarder, ce sont les italiens de Deathrow qui embrayent. A sa tête, Gionata Potenti, alias Thorns, membre d’une impressionnante liste de groupes dont il prête (ou a prêté) ses compétences de batteur, parmi lesquels Kult, Frostmoon Eclipse, Acherontas, Ad Hominem, Glorior Belli…etc. On le retrouve ici en tant que vocaliste-guitariste, accompagné de trois musiciens de session live. Le quatuor pratique un Black Metal direct et revanchard. Néanmoins, j’ai eu un peu de mal à suivre leur set avec cette sensation de linéarité. Des titres qu’on écoute mais qu’on ne retient pas forcément…
Setlist : Neverending Rain // When Trumpets Of Death Sound Triumphant // He, The Destroyer // One By One // The Silent Stranger // The Sentinel
Viennent ensuite les français de Malhkebre. On pourra dire qu’ils n’auront pas laissé le public indifférent, mais sans doute pas pour les raisons espérées. Déjà la mise en scène interpelle, étendards aux revendications de « Fuck Humanism, Fuck Socialism, Satanic Resistance ». Certes. Ensuite, le leader se pointe avec une bouteille de Whisky, s’abreuve et asperge le public. Pourquoi pas après tout. Mais ce sont surtout les discours primaires entre les morceaux qui laissent perplexes, à la gloire de l’ « antisystème », de « Satan » et du fait que « le Black Metal n’est pas une musique de chambre », ni destinée aux poseurs (pour ce dernier point, des poseurs, il y en avait quelques-uns dans le public, mais bref, passons). J’ai beau eu essayé mais non, je n’ai pas réussi à rentrer dans leur atmosphère. Il faut dire que je partais avec un a priori avec ce groupe que beaucoup encensent, mais que personnellement je n’accroche pas du tout à leurs productions. Au suivant s’il vous plaît !
Setlist : AMDG // The Truth must be doubted for Victory // Fidèles Serviteurs // To Become or Die // IHSV
C’est en effet au tour des italiens de Kult de fouler les planches du CCO et là je n’avais pas le moindre doute sur leur performance, les ayant vu déjà deux fois en un an, à Grenoble et au Throne Fest. Le quatuor nous balance à la figure leur Black Metal survitaminé, animant la fosse en réponse aux riffs et rythmes inspirés. Quarante minutes prenantes qui n’auront que (re)confirmé tout le bien que je pense de cette formation en live.
Setlist : Winds of war // Guerriero di un perduto // Exercitus mortorum // Malicious metamorphosis // Seven blades of the reaper // Raging curse upon man // Senza pace
Aux vétérans de Temple of Baal et leur quinze ans d’expérience de monter sur l’autel. Pour dire vrai, je pars avec le même a priori que pour Malhkebre ; ils ont beau être respectés dans la scène hexagonale, je n’ai jamais vraiment été captivé par leurs productions, à part peut-être Servants to the Beast… J’espérais secrètement que la prestation live allait me faire changer d’avis mais je me résigne à constater que non, je me suis ennuyé à mourir. Certes leur musique est jouée avec précision et énergie, mais j’ai trouvé cela désespérément sans âme. Huit morceaux tirés de leurs différentes époques ne m’auront donc pas marqué, dommage.
Setlist : Intro // Traitors to Mankind // Angstgeist // ? // Wings of Azazel // ? // Flames of Baal // Walls of Fire
Nous voilà enfin sur les fameuses formations de calibre international avec l’entrée en scène des anglais de Fen. Leur présence peut paraître inopportune dans toute cette flopée de groupes sataniques et occultes quand on connaît le style pratiqué par les britanniques, à savoir un Black Metal atmosphérique voire progressif. On s’attend donc à une relative forme de douceur pour leur set, ce qui fut bel et bien le cas. Les amateurs de violence en ont d’ailleurs profité pour déserter la fosse, laissant les passionnés du groupe profiter de leur musique oscillant entre mélodies contemplatives et instants plus rentre-dedans. C’est joué avec les tripes, le cœur et la passion. Le trio est venu nous interpréter six morceaux extraits de leurs trois albums en date, dont un titre à paraître sur leur nouvel opus Carrion Skies en novembre prochain. N’en déplaisent à certains, la prestation de Fen a donné une bouffée de fraîcheur fort bienvenue avant les rouleaux compresseurs finlandais.
Setlist : Hands of dust // Of wilderness and ruin // Menhir – supplicant // Consequence // Exile's journey
On range les pensées positives et la méditation, Horna s’installe et n’a nullement l’intention de faire dans la dentelle. Le quintet scandinave vient semer la mort dans l’antre du CCO, au sens propre comme au sens figuré. Une excellente odeur nauséabonde se répand dans la salle, mélange de vieux sang et de crasse (ou de raclette, selon les plus savoyards de l’assemblée). L’olfactif, l’auditif et le visuel ne font qu’un, au service du Mal, avec leur musique pernicieuse de bout en bout. L’imagerie est bien rôdée, les colosses aux guitares sont tels des macchabées, sanguinolents ; Spellgoth, pour la partie vocale, a revêtu ses habits monastiques et capte l’attention des spectateurs avec ses rituels. Près d’une heure de déferlement sonore, un public visiblement conquis. Mention spéciale au morceau Baphometin Siunaus qui, à titre personnel, s’est révélé totalement hypnotique en version live avec ses riffs incantatoires… Hail Horna !
Setlist : Sanojesi Äärelle // Aamutähden Pyhimys // Noidanloitsu // Kunnia Herralle Kuninkaalle // Verilehto // Black Metal Sodomy // Baphometin Siunaus // Kuoleva Lupaus // Örkkivuorilta
Dernier groupe de la soirée et pas des moindres : Behexen. Shatraug quant à lui reste sur scène, officiant dans les deux formations scandinaves, ce qui lui fera assurer deux heures de prestation à la guitare, tout de même. On remarquera au passage qu’une fille occupe le poste de bassiste et je retrouve ce cher Hoath Torog à la partie vocale, qui m’avait fait forte impression pour sa venue à Saint-Etienne avec Sargeist. On le retrouve donc ici avec ses mêmes « inexpressions », le regard possédé. Behexen est venu ce soir nous délivrer neuf titres issus de leurs quatre albums studio (Rituale Satanum, By the Blessing of Satan, My Soul for His Glory, Nightside Emanations) et de leur split avec Satanic Warmaster. Et ils n’ont pas déçu. Dans la droite lignée de ce qu’a entrepris Horna juste avant, les cinq individus poursuivent dans l’établissement d’une atmosphère haineuse et vicieuse avec quelques-uns de leurs hymnes, notamment Under the eye of the Lord, jubilatoire, ainsi que l’incontournable Mouth of Leviathan. Behexen a répondu aux attentes du public en délivrant un show impeccable, on regrettera néanmoins leur non-retour au moment du rappel en fin de concert.
Setlist : Wrathful Dragon Hau-Hra // Under the eye of the Lord // Sota valon jumalaa vastaan // Temple of the Silent Curses // By the Blessing of Satan // Mouth of Leviathan // Celebration of Christ's Fall // My soul for his glory // Death's Black Light
Au final, ce Black Arts III est une réussite sur de nombreux plans. Tout d’abord au niveau de l’organisation qui fut au poil, en particulier concernant le timing, quand on se souvient du couac du dernier Vormela Fest avec l’interruption du show d’Aeternus. Au niveau de la prestation des différents groupes également, pour leur implication et leurs caractères et enfin au public qui est venu massivement soutenir la scène, parfois de loin. Toutes les conditions sont réunies pour une nouvelle édition en 2015. Paraît-il que les organisateurs ont des ambitions encore supérieures…voilà qui s’annonce d’ores et déjà alléchant.
Merci à tous les acteurs pour cette soirée.